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Extrait ajouté par Da-2 2021-01-04T15:14:26+01:00

1er janvier 2001, 01 h 30

Villa de Karl Hicks, Seattle, Washington

Le repère de Karl Hicks était composé de plusieurs bâtiments éparpillés sur un vaste terrain en périphérie de la ville. Le principal, en plein milieu, rappelait la Villa-Ephrussi de Rotschild et les véhicules ne pouvaient y accéder que par une petite route de graviers à l’avant. De hauts arbres ceinturaient la propriété et bloquaient la visibilité depuis l’extérieur. Le gazon, les buissons et tous les éléments décoratifs étaient entretenus à la perfection. Le calme régnait dans les environs directs de la demeure, en raison de la désertion du voisinage. Tous faisaient la fête dans le centre.

Trois limousines aux vitres opaques stationnaient à proximité de l’entrée principale et de la grande baie vitrée, sur la droite. La faible lumière du dehors ricochait sur les murs blancs tachés de sang du salon et rendait visible la poussière en suspension. La pleine lune, à demi voilée par quelques bandes nuageuses, ajoutait encore à l’impression lugubre des lieux.

Un homme, le seul en uniforme sombre, était étendu sur le sol en marbre, face contre terre, baignant dans son sang. Çà et là gisaient d’autres cadavres, tous vêtus de costumes de grandes marques. Des armes et des débris de toutes sortes traînaient entre les corps ensanglantés.

Dans le couloir, un escalier accolé au mur menait à l’étage. Sur les dernières marches était affalé un second soldat. Son visage, en cours de dissolution, avait été aspergé d’acide. Ses lèvres, rongées, n’existaient déjà plus et ses orbites semblaient à présent trop spacieuses pour ses yeux, devenus blanc gris. Les extrémités de ses doigts avaient aussi subi l’action du produit. Enfin, on discernait deux blessures par balle sur sa poitrine et un trou plus grand figurait l’emplacement probable d’un écusson.

À mi-hauteur de l’escalier, un garde en smoking avait un couteau planté dans la trachée et une coulée de sang finissait sa course sur le tapis des marches. À l’étage, on pouvait distinguer ce que les policiers appelaient entre eux des routes : séries d’impacts dessinant des lignes sur les murs. Dans le couloir, quelques rais de lumières rendaient visible le brouillard de guerre persistant. Des éclaboussures éparses et des trainées pourpres ajoutaient encore au sentiment de massacre.

Dans l’entrée de la première pièce du haut, deux cadavres de soldats en noir, défigurés, étaient étendus entre les fauteuils renversés, des feuilles en vrac et un reste d’écran d’ordinateur. Au milieu, sur le grand bureau, un homme à la peau sombre était allongé, sans vie. Quatre impacts avaient percé sa chemise de soie grise. Près du bureau, en uniforme sans écusson, le visage boursouflé, mais en bien meilleure forme que celui des autres soldats, une jeune femme avait succombé. Son vêtement avait été découpé au couteau, lui aussi. Elle ne semblait pas blessée, malgré les nombreuses traces de sang dont elle était couverte. Exception faite de sa tête, son corps était en parfait état.

Plus loin, assis contre le mur, près d’une fenêtre brisée, un trou au milieu du front, un second au niveau du cœur, se trouvait Karl Hicks. Un mince filet courait le long de son arête nasale pour se précipiter dans sa bouche encore ouverte. Au-dessus de lui, une tache sombre sur la cloison matérialisait la fin de la trajectoire de la balle qu’il avait reçue en plein front. Des coulés de sang drainaient les morceaux de chair et d’os projetés par l’explosion de sa boîte crânienne.

Soudain, la jeune femme releva les paupières, comme réveillée en sursaut après un cauchemar. Par réflexe, elle jeta un coup d’œil à droite, puis à gauche avant de rouler sur le côté. Elle chercha à dégainer son arme, mais ne trouva que le vide en lieu et place de son Walther fétiche. Son corps répondait avec la même rapidité que d’habitude malgré une étrange sensation de vertige. Un genou au sol, elle scruta les alentours pour prendre connaissance de son environnement. Son cœur martelait sa cage thoracique comme jamais.

Indécise sur ce qu’elle devait faire, Venus de Witford appliqua le protocole à la lettre. Après une perte de conscience, le premier objectif était de se repérer. Se souvenir du lieu où l’on se trouvait, pour commencer.

— Seattle. Chez Karl Hicks, chuchota-t-elle, en remarquant le fusil à pompe, tout près.

Son bras se tendit, avec lenteur, comme si elle avait peur de réveiller quelqu’un. L’arme était chargée. Une inspection rapide de l’endroit lui confirma qu’il n’y avait pas de survivants ici et que la mission était un succès.

Deuxième point du protocole : prendre des nouvelles de son équipe. Sa radio avait disparu. Venus sortit de la pièce avec précaution. Elle n’avait aucune idée de qui avait pu survivre. Elle prêta l’oreille, bloqua sa respiration et attendit quelques secondes. Rien. Pas un bruit. Ni ami ni ennemi. Elle ressentait quelque chose d’étrange, mélange de nausée, de migraine et de fatigue musculaire. Si elle avait cru cela possible, elle aurait imaginé avoir de la fièvre.

Ce serait bien la première fois, pensa-t-elle en secouant la tête avec énergie pour tenter de reprendre ses esprits une fois pour toutes.

Ses réflexes prirent le dessus sur les questions et elle descendit les escaliers à pas feutrés. Toujours sur ses gardes. Son entraînement l’avait préparée à toutes sortes de situations ; pourtant, se retrouver seule sur les lieux d’une mission, après la retraite et sans repère temporel, était une première. La jeune femme arriva dans le salon. En retournant son collègue, elle découvrit son visage détruit par l’acide, un trou juste au-dessus de l’œil droit.

Soudain, elle réalisa et relâcha sa garde, son fusil toujours à la main. Le protocole de retraite spécifiait qu’il fallait « nettoyer » les partenaires tombés au feu. Aucune identification ne devait être possible au cas où le ménage ne pouvait être fait rapidement. Elle se précipita dans le couloir pour se poster devant un miroir fissuré. Il faisait très sombre et, même si elle y voyait mieux qu’elle ne l’aurait dû, elle prit à sa ceinture une lampe torche pour éclairer son visage. Dans la glace, elle le découvrit à moitié mangé par l’acide, lui aussi.

— Les cons ! Ils ont cru que j’étais morte, lâcha-t-elle à voix haute.

Venus de Witford n’était pas du genre à s’appesantir sur son allure, c’était un soldat. Pourtant, découvrir sa peau dans un tel état lui souleva le cœur. Elle s’observa un instant, sans comprendre. Ses coéquipiers avaient aspergé son visage d’acide, mais ses empreintes étaient intactes. Plus étrange encore : elle n’avait pas mal. Son épiderme n’était certes pas autant atteint que celui de ses deux compagnons, qui avait tout simplement disparu, mais elle aurait bien dû souffrir quelque peu. Son visage donnait l’impression d’avoir brûlé au soleil. Son teint n’avait rien de naturel et passait du blanc rosé habituel au noir calciné avec quelques plaques rouges. Après un instant, elle éteignit sa torche avec un frisson, puis la rangea à sa ceinture. Être en vie n’était qu’une maigre consolation face à l’état de sa figure. Venus commença à rebrousser chemin, mais s’arrêta aussitôt. Elle jeta un regard à sa cuisse : il y avait un trou dans son uniforme et du sang. Le sien sans doute. Elle déchira le pantalon avec précipitation. Sa jambe ne portait aucune trace de blessure. Constat identique pour son veston perforé. Il n’y avait pas la moindre lésion en dessous. Même avec son gilet, elle aurait dû au moins avoir des bleus. Et puis, elle se souvenait avec précision avoir reçu une balle au travers de la gorge. C’était comme ça qu’elle avait perdu connaissance ! Du moins, le croyait-elle…

Venus ferma les yeux un instant et se remémora les événements.

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