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Le dimanche soir, Père a pris la voiture pour aller chercher la nouvelle prof à Kerry Canyon. En principe, elle aurait dû arriver la veille dans l’après-midi mais elle avait raté la correspondance. La route ne va pas plus loin que Kerry Canyon. Enfin, pour les Extérieurs. Après, il n’y a pour ainsi dire plus de voies praticables, et c’est aussi bien ainsi. Comme ça, les touristes ne viennent pas nous embêter. Nous, évidemment, cela ne nous empêche pas de nous balader où nous en avons envie mais c’est pour vous dire que Kerry Canyon est en quelque sorte le bout du monde, vu l’état des routes, et que nous sommes obligés d’aller chercher les gens et de les transbahuter
Afficher en entierJemmy en a vingt-quatre. (Mère fit la grimace). J’ai bien peur que tu ne sois obligé d’annuler son contrat. Si jamais il se produisait quelque chose… Je trouve, pour ma part, que tu n’as attendu que trop longtemps pour entrer au Conseil des Anciens et il serait déplorable que tu aies des complications dès la première année. – Je ne peux pas l’annuler. Elle est en route. L’école commence lundi prochain. (Père se passa la main dans les cheveux et les ramena sur son front comme il le fait quand il est contrarié). Bah ! Nous nous faisons probablement une montagne d’une taupinière
Afficher en entierLes maîtres d’école faisaient problème à Cougar Canyon. Une école à classe unique, isolée dans un trou perdu, n’avait aucun attrait pour les enseignants. Mais grâce à la fécondité de ceux du Peuple et à la régularité des naissances, notre Groupe, si petit qu’il fût, pouvait chaque année faire état d’une population scolaire d’au moins neuf élèves, chiffre-plancher requis pour que l’école ne soit pas fermée
Afficher en entierLes Anciens ont estimé qu’il serait bon de mettre notre Histoire en archives, depuis les origines jusqu’à aujourd’hui. C’est pour cela que vous êtes tous là. Chacun d’entre vous est dépositaire d’un fragment important de notre passé commun. Chacun d’entre vous a marqué de façon indélébile l’évolution de nos différents Groupes. Nous souhaitons que vous vous exprimiez. Il ne s’agit pas de réinterpréter le passé à la lumière de ce que vous savez maintenant. Ce que nous voulons sauvegarder ce sont les prémices originelles, les tâtonnements originels, les recherches originelles
Afficher en entierElle revint vers le lit qu’elle regarda quelques instants avant de le refaire. Vivement, elle tira les draps avec précision, remit l’oreiller d’aplomb. Et s’abîma dans la contemplation de ses mains étroitement nouées. Elle se laissa tomber à genoux devant le lit, se cacha le visage et, les yeux brûlants d’un âpre chagrin, murmura : « Oh ! mon Dieu ! Mon Dieu ! Etes-Vous vraiment là ? » Elle resta longtemps dans cette position. Elle avait l’impression d’être étouffée par la barrière qui l’emprisonnait et qui, sans doute du fait de Karen, était maintenant une chose inerte et impersonnelle, et non plus cette créature délibérément malveillante, agressivement frustrante qu’elle avait été si longtemps
Afficher en entierVoilà que ça recommence ! Nous pourrions jouer toute la journée au ping-pong avec les mots, nous ne serions pas plus avancées après. D’ailleurs, je n’ai pas le temps. Je dois partir, maintenant. (Les traits de Karen s’éclairèrent et elle virevolta avec grâce). Oh, Léa ! Léa ! Le petit déjeuner est servi dans l’autre pièce, enchaîna-t-elle précipitamment. Je vais t’enfermer. Je reviendrai plus tard et, alors… enfin, j’aurai trouvé quelque chose
Afficher en entierBonjour. (C’était Karen qui, perchée sur l’appui de la fenêtre, tendait la main, paume ouverte, au-dehors). Est-ce que tu sais comment faire pour que les oiseaux fassent attention à toi quand tu n’es pas une miette de pain ? Je me demande s’ils s’intéressent à quoi que ce soit en dehors des miettes et de leurs œufs. Leur arrive-t-il de respirer un bon coup rien que pour là joie de respirer ? Elle secoua les dernières miettes
Afficher en entierAttention ! (Karen émergea des ténèbres et la rattrapa). Il y a plein de cactus par ici. Tu es malade de peur d’être restée seule dans le noir pendant deux minutes et quatorze secondes, poursuivit-elle avec une patience exaspérée, et tu penses qu’être condamnée à cela pour l’éternité vaut mieux que de vivre ! Bien… J’ai parlé à Miriam. Elle croit pouvoir m’aider à venir à bout de toi. Alors, avance. La voilà, justement… Miriam, mérite-t-elle qu’on la sauve, à ton avis ? Léa recula en sursautant à la vue de la silhouette vague de Miriam qui se matérialisait. Cesse d’être aussi poison, Karen, dit l’ombre. Tu sais que même des chevaux sauvages ne pourraient plus t’arracher à elle, désormais. Elle a besoin qu’on la guérisse, pas qu’on lui crie après
Afficher en entierSecouée de sanglots sans larmes, Léa, que Karen entraînait à bout de bras, trébuchait pitoyablement en essayant d’éviter les cactus et les vulvaires fétides. Elle regrettait amèrement le néant compatissant où elle serait engloutie, maintenant, si Karen n’était pas intervenue. – Tu vas peut-être être surprise, répliqua celle-ci sur un ton âpre, mais Dieu sait et tu n’as pas pensé une seule fois à Lui depuis tout à l’heure. Si tu as tellement envie d’entrer dans Sa demeure sans y être invitée, tu ferais mieux de cesser de brailler et de chercher une excuse convaincante
Afficher en entierParce que si tu étais arrivée de jour, tu aurais vu que ce pont est un leurre, un faux-semblant. Il n’y a même pas assez d’eau en dessous pour qu’un moucheron s’y noie. On a construit un barrage en amont. Ici, ce n’est que du sable et des tamaris. Rien que du sable et des tamaris. N’importe comment, tu n’as pas envie de mourir. Surtout avec un aussi joli manteau. Il est presque neuf
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