Extraits

Sous son lit, à l’abri des regards, il cachait désormais tous les romans publiés à ce jour par cette fameuse lady dans un petit coffre fermé à clé.

Un secret qu’il n’était pas près de révéler. À quiconque.

— Tu as raison, dit son père avec un petit rire. Pardonne-moi, Jeremy. Je n’aurais pas dû imaginer que tu puisses connaître ces ouvrages indécents et grossiers.

— Inutile de vous excuser, père, répondit Jeremy en croisant les mains dans son dos et en serrant les poings.

— Cette… prose lamentable… continua son père, n’est qu’une succession d’images avilissantes et répréhensibles. Il n’y est question de rien d’autre que de fornication. Les fondements même de la moralité britannique sont menacés. Cette moralité que je défends si ardemment depuis des décennies. Notre cher roi George, la vertu et le droit incarnés, m’a remercié lui-même pour mes efforts en m’octroyant le titre de comte, ajouta-t-il en se rengorgeant.

— ... Connaîtrais-tu par hasard la… j’hésite à l’appeler auteure… la personne qui se fait appeler la lady de petite vertu ?

— Bien sûr que non, il ne la connaît pas ! intervint Allam avant que Jeremy ait eu le temps de répondre qu’en effet il avait entendu parler de ses écrits. Ton fils est pasteur, il ne lit pas de telles horreurs !

Jeremy ne répondit pas. Peu de temps auparavant, alors qu’il rendait visite à Cam pour lui proposer ses conseils, son cousin lui avait donné un exemplaire d’Irrésistible Bandit, le dernier opus érotique de la lady de petite vertu. C’était la première fois alors qu’il entendait parler de cette femme et de ses romans… et ça n’avait pas été la dernière.