Extraits

Shiro discutait longuement avec Mikio le soir, lorsque je prenais mon bain ou que j’étudiais. Ils s’entendaient mieux que je ne l’aurais pensé et une sorte d’admiration naissait chez Shiro, doublée d’une attirance qu’il refusait d’avouer. Leurs personnalités opposées formaient une alchimie étonnante. D’un côté le calme, de l’autre la tempête. Moi, j’étais le marin qui essayait de naviguer sur les eaux, tantôt douce, tantôt houleuse. 

« Le cœur est fait de l’extraordinaire matière qu’est l’amour. C’est quelque chose de merveilleux qui peut se décupler à l’infini, mais jamais être divisé. Dans mon cœur, il y a de la place pour Mikio et pour toi, Eiji. Et si j’avais un nouvel un enfant, il aurait autant de place que vous, car mon amour serait multiplié. Mais vous n’aurez pas moins de place, le cœur s’adapte, tout le monde est égal. »

Le sens du message que Mikio m’envoyait était plutôt clair. Pourtant, je n’étais pas certain d’y adhérer.

Les jours s’écoulaient. La vie continuait. Le monde ne s’arrêtait pas de tourner. Mais le mien s’était brisé. Et c’était chaque jour étrange et douloureux de le réaliser. Parce qu’au quotidien, rien ne changeait. Rien n’altérait la réalité dans laquelle j’évoluais. Il y avait seulement cette boule pesante et constante dans mon estomac, ce voile derrière mes yeux vitreux.