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Extrait

Extrait ajouté par evaman10 2015-02-26T15:16:53+01:00

Chapitre 1

Vous dire mon nom me parait bien futile, car, depuis le temps que j’erre dans les landes désolées et ravagées de ce que les autochtones appellent l’Après-Monde, on m’a désignée de bien des façons différentes. La Marcheuse, l’Étrangère, l’Ombre Furtive et l’Errante sont quelques-uns des sobriquets dont on m’a affublée au fil des ans et des villes. Néanmoins, puisque la politesse est l’une des rares choses que ma mère ait pu me transmettre avant de disparaître, il convient de vous apprendre mon nom. À ma naissance, mes parents m’avaient baptisée Casca. Je n’avais pas douze ans quand ils sont morts, tout comme le reste de ma famille, mes amis et la totalité des gens de mon entourage.

À cette époque, d’aussi loin que je me souvienne, j’avais toujours vécu dans ce labyrinthe de couloirs et de pièces étroites, ce dédale souterrain censé me protéger de je ne savais quel danger invisible et j’avais tellement arpenté ses corridors bétonnés, remplis de tubulures métalliques, éclairés par une multitude de guirlandes clignotantes, que j’avais l’impression que cet enchevêtrement de niveaux superposés était devenu une extension de moi-même. Je pouvais l’entendre respirer à travers les tuyaux du système d’aération, je savais quand il grondait de colère, et je comprenais même ses envies de plus en plus pressantes de se reposer.

Cette maison souterraine, enfouie des dizaines de mètres sous la surface du monde foulé autrefois par les hommes, s’appelait l’abri 101-42-1, et c’était le seul endroit que je connaissais. C’était mon chez-moi. Petite, j’aurais tout donné pour m’en extraire afin de partir à l’aventure. Je me sentais l’âme d’une exploratrice.

Stupide rêve de fillette ignorante.

Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait à l’extérieur. Pour tout vous dire, j’étais née à l’intérieur de l’abri, à l’instar de mon père, ma mère, mes grands-parents et leurs ancêtres avant eux. Eux non plus n’avaient jamais vu la lumière du soleil. À ce qu’on racontait, elle n’avait rien à voir avec l’éclairage froidement artificiel de nos corridors. Je rêvais de la voir, un jour. Plût à Dieu qu’il n’en fût jamais ainsi.

Ma vie d’alors se résumait à apprendre quantité de choses que je considérais comme inutiles – comme je me trompais ! – en compagnie d’autres enfants. Notre école se limitait à une unique pièce carrée de dix mètres sur dix, remplie d’une vingtaine de bancs disposés en rangs d’oignons face à un tableau tactile, lui-même connecté à la tablette individuelle que possédait chacun des élèves par le biais du réseau informatique. Notre professeur s’appelait Herbet Varrick. Monsieur Varrick était malingre, petit, chauve et se tenait légèrement vouté. Sa longue veste bleue trop grande pour lui, du même bleu que celui des travailleurs manuels, était éliminée aux endroits où elle touchait le sol. L’homme n’était pas agréable à regarder, mais il compensait son physique disgracieux par un intellect hors du commun et un dévouement de tous les instants. Je me souviens que lorsqu’il parlait, nous l’écoutions avec respect – et une pointe de crainte, il me faut l’avouer. C’est lui qui m’a appris les bases de ce que je sais aujourd’hui, et si je suis devenue telle que je suis c’est à lui que je le dois ; cet homme trop frêle pour se servir de ses mains a façonné mon esprit durant des années, lorsque j’avais de quatre à onze ans pour être précise. Et même après sa mort il aura continué à m’instruire, via les innombrables antiquités qu’il avait entassées dans sa chambre et qu’il appelait des livres.

Quand je n’étais pas à l’école, je passais le plus clair de mon temps à m’amuser avec les autres enfants. Les activités récréatives dans cette forteresse souterraine étaient, vous vous en doutez, fortement limitées. De fait, nous jouions souvent à cache-cache ou aux jeux de dés, mais ce que nous préférions était de loin les jeux de rôle. En effet, puisque nous ne pouvions pas voir le monde extérieur et que nous n’en connaissions que les informations contenues dans la banque de données, nous avions décidé de le recréer en interne. La salle de jeux fut ainsi repeinte par nos soins – je me chargeai moi-même, honneur suprême, de la représentation du soleil – tandis que les costumes furent confectionnés par nos mères. Souvent, nous nous amusions à reproduire des scènes de la vie quotidienne de nos ancêtres, comme faire les courses au supermarché ou s’occuper du jardin, mais parfois, nous nous montrions plus ambitieux en réduisant à l’échelle d’une pièce les derniers instants de la vie à la surface. Nous nous répartissions alors en deux groupes : l’Alliance Totale de l’Atlantique Nord, soit l’ATAN, et la Coalition Afro-Russe Asiatique, aussi appelée CARA. Il n’y avait ni gentils, ni méchants et puisque de toute façon, au final, tout le monde avait perdu, personne ne rechignait à appartenir à un camp ou à l’autre. Ensuite, nous jouions à la guerre, comme tous les enfants de notre âge. Au début, nous nous tapions dessus à l’aide d’objets en mousse et en mimant des armes à feu, mais petit à petit, à mesure que les lacunes dans nos connaissances se voyaient comblées et que nous grandissions, nous avons ajouté des éléments géostratégiques jusqu’à finir par ne plus nous battre que via des groupes de pions sur une carte du monde. Nous avions, en quelque sorte, créé un jeu de société.

À côté de ces divertissements puérils, j’accompagnais également, une fois par semaine, mes parents à leur travail : mon père dans la salle des machines, afin qu’il m’apprenne les rudiments de la mécanique, et ma mère dans son laboratoire de chimie. Cette dernière, à l’instar de la plupart de ses confrères, faisait des recherches sur un vaccin et essayait à chaque fois de me convaincre du caractère vital de ses expériences. Je la revois encore me dire Casca, un jour, je sauverai peut-être le monde. Il y avait un tel feu dans ses yeux, une telle passion. Mais moi, à la vérité, je n’aimais pas ces séances ; je ne comprenais rien au tableau de Mendeleïev et encore moins à la composition chimique des substances multicolores qui tapissaient les murs du labo. Par contre, j’attendais toujours avec impatience les cours particuliers de mon père. Technicien dans la salle des machines, il s’occupait de réparer les défaillances dues à l’âge antédiluvien des installations : fuites du système de refroidissement, trous dans les canalisations d’eau, ainsi que toute une série de rénovations mineures. J’adorais le voir se glisser sous les tuyaux, outils à la main, et transpirer pour le bien-être de ses camarades. Cela me parlait beaucoup plus, me semblait infiniment plus utile que les petites fioles de Maman. Je me trompais, bien sûr, mais vous savez comment sont les enfants à cet âge, certaines réalités leur échappent et je ne faisais pas exception à la règle.

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