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- Puisque je vous dis que je ne fais pas dans le viol ! dit Dame Carasse. Et deux fumerolles agacées jaillirent de ses narines.
Le soldat fut désarçonné.
- Le viol ? Mais non, ce n'est pas ça du tout... Je veux juste un filtre d'amour ! Pour qu'elle m'aime, vous voyez ?
- Essayez la séduction. C'est largement assez efficace.
- Je n'ai aucune chance ! Elle a quinze ans, elle est sublime ! Ses yeux sont bleus comme des myrtilles, sa bouche est une cerise au cœur de l'été, sa peau est d'une douceur de pêche...
- Si vous voulez juste vous taper une salade de fruits, ça peut s'arranger.
Afficher en entier"Sérik Yemmour, pour avoir lentement brûlé jusqu'à l'agonie les trois enfants de la veuve Lochet, pour avoir énucléé et éviscéré les quatre couturières de la Maison Bauthier, enfin pour avoir violé à coups de dague jusqu'à ce que mort s'ensuive la fille du cordonnier Mouret, je vous condamne à la décapitation.
- Quoi ??
- Gardes. Placez monsieur en position.
- Qu'est-ce que vous foutez?! J'ai tué ces gens juste pour avoir ce putain de titre ! Le meurtre est pas illégal à Katharz ! C'est même le seul intérêt de cette ville de chiotte !
- Le meurtre n'est pas illégal, mais la torture, si. Vous en avez été informé comme tout nouvel arrivant à Katharz.
- Mais on s'en fout de comment je les ai tués ! Ils sont morts de toute façon, c'est ça qui compte, non ? Je proteste !
- Protestez à votre guise. Je suis une tyranne sanguinaire. Je n'ai besoin d'aucun prétexte pour vous exécuter, c'est le principe des dictatures.
Les gardes s'étaient mis à trois pour ceinturer le gars et l'allonger sur la planche de bois.
- Ah, la Princesse a ses limites ? Le meurtre ça va, mais la torture c'est trop sale pour elle, c'est ça ?
- Voilà.
- Sans déconner, c'est quoi cette hypocrisie ? Y a des meurtres qui font joli et d'autres qui font moche ? Et c'est vous qui décidez ?
- Oui, c'est moi qui décide. Mais si ça peut vous consoler, la règle a été instituée par mon trisaïeul quand il régnait sur Katharz.
- Et ça soulage votre conscience, espèce de **** ?
- Allons, vous devenez grossier.
Et sur ces mots, elle abaissa le levier.
Afficher en entierLe démon Sälbeth, qui estoit le dernier de sa race à cause de ce qu'il dormait pendant la Guerre Céleste, se leva et eut faim. Alors, il mit à feu et à sang la Terre d'Airain, dévorant sur son passage les hommes, les troupeaux et les petits enfants. Et il vit que cela était bel et bon, surtout les moutons.
Afficher en entier"Depuis tout jeunette, Grace avait travaillé à son ambition. Elle avait déjà rendu à son oncle bien des services, qui avaient souvent exigé des exploits d'alcôve alambiqués. Mais ce qui lui avait valu d'être remarquée sérieusement, c'était le titre de Grande Maîtresse qu'elle venait de décrocher dans une discipline aussi rare que controversée : le pilipulsus. Plus complexe encore que la rhétorique, la Trisalliance l'aurait volontiers rendu illégal si certains de ses dirigeants ne s'y étaient pas adonnés. Le pilipulsus était l'art de la persuasion par battements de cils. Combinaisons de paupières semi-baissées, écarquillement et battements plus ou moins accélérés permettaient d'influencer l'interlocuteur sans même que ce dernier ne soit conscient du phénomène. Tous les diplomates y étaient formés, à des niveaux plus ou moins élevés. Mais le grade de Grand Maître Khöl n'était atteint qu'une fois par décennie. Son passage se faisait dans le plus grand secret, car la pratique en restait occulte, et Grace se demandait comment son oncle avait pu en être informé.
Un matin, il lui avait envoyé des félicitations adjointes d'une convocation. Elle avait sauté de joie en apprenant l'avenir qu'il lui proposait. Princesse de Malicorne, rien que ça ! Et pour y parvenir, elle n'avait presque rien à faire. Entortiller un nigaud et déclencher une guerre, c'était tout. Une pécadille !"
Afficher en entier"Voilà ce qui arrive quand on se croit plus fort que l’administration. A nous, maintenant.
- Je suis citoyenne volontaire et j'exige de quitter Katharz ainsi que la loi m'y autorise.
- Oui, oui, oui. C'est ce qu'ils disent tous.
- Eustache, pas de ça avec moi.
- Donc, Dame Tarace, c'est bien cela ?
- Dame Carasse. Vous le savez pertinemment.
Le zombie sortit le registre et, de l'os de l'index, parcourut les noms les uns après les autres, très lentement.
- Alors, alors. Allons-y doucement, je ne voudrais pas vous rater. Citoyenne Adadou... citoyen Ajabu... citoyenne Aldebert...
- Eustache, je me présente à votre guichet par politesse et pour ne pas causer d'ennuis politiques à notre bien-aimée tyranne, mais je vous conseille de ne pas me fatiguer. Je vous rappelle que la dernière fois que j'ai franchi cette porte en force, vous avez dû lui câliner les crochets pendant une semaine pour la consoler. Alors magnez-vous le train.
Le zombie se fit boudeur.
- Oh, ça va ! Ca fait partie du job d'enquiquiner le peuple ! Y aurait plus de plaisir au boulot, avec des gens comme vous ! 'Fin bon. Pouvez y aller."
Afficher en entier— Houlala, il me fatigue à brailler comme ça ! murmura un sénateur ventripotent à l'autre bout de l'hémicycle.
— Et puis à son âge, il ne devrait pas s'énerver de la sorte. Surtout juste après le repas. Il va nous faire une apoplexie, concéda son voisin qui épluchait des cacahuètes.
— Si seulement ! Mais avec sa santé d'acier, il nous enterra tous. Faut croire que la haine, ça conserve. Qui lui a encore donné la parole ?
Afficher en entierSauf que l'ouvrage avait tout de même précipité la chute d'un État. Frances Respublicae, qui avait acquis sa renommée sous le surnom d'Administrator, était une haute fonctionnaire de la cité légendaire Gallica. Son génie était reconnu par-delà toute la Terre d'Airain, en ce qu'elle était capable de compliquer les lois les plus simples jusqu'à les rendre absurdes.Dans l'objectif de verrouiller les pulsions violentes de ses concitoyens, elle avait totalement figé la cité dans une sclérose administrative.
Afficher en entierLa Foire Obscure ne serait inaugurée que la semaine suivante, mais dans le parc situé au cœur de Katharz, on aménageait déjà les étals. Du moins, on faisait semblant d'aménager son étal, tout en coulant des regards vers celui de Dame Carasse qui se donnait en spectacle.
De fait, la nouvelle isba de la sorcière n'avait pas l'intention de se laisser faire. C'était une sauvageonne des landes, race réputée pour son sale caractère. On venait de la livrer sur une énorme charrette, ses pattes de poule ligaturées.
- Bon courage, commenta le livreur en ôtant la chaîne.
En remerciement, l'isba lui envoya un grand coup de volet dans les dents et l'acheva en lui expédiant trois tuiles sur la figure.
- C'est qu'elle a son petit tempérament ! s'exclama Dame Carasse, attendrie.
Afficher en entierDame Carasse aimait qu'on la croie vieille pour des histoires de respectabilité, mais elle n'aimait pas quand c'étaient ses articulations qui le lui disaient.
Afficher en entierCet apprenti était un con. [ligne 1]
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