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Ma philosophie tient en quelques mots : si personne n'essaie de me tuer, c'est une bonne journée. Autant vous le dire, ça ne va pas très fort, depuis quelque temps. Depuis que les faës ont envahis notre monde.

Au fait, je m'appelle MacKayla Lane, Mac pour les intimes. Je suis une sidhe-seer. La bonne nouvelle : nous sommes nombreux. La mauvaise : nous sommes le dernier rempart contre le chaos ...

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Un jour, j’écrirais un livre. Le titre en serait Comment manipuler un manipulateur, ou l’Art de survivre à Jéricho Barrons.

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Barrons avait déclenché la colère de Mallucé en l’appelant Junior, le même surnom qu’Alina m’avait donné. Je ne pouvais pas le salir en l’utilisant pour lui, mais j’avais une autre idée.

— C’est toi qui mérites la mort. Tu es une grossière erreur de la nature,Johnny.

— Ne m’appelle pas comme ça ! Je te l’interdis ! hurla-t-il.

J’avais mis le doigt sur un point sensible. Le vampire détestait encore plus ce surnom que celui de Junior. Parce que c’était le petit nom que sa mère lui donnait ? le diminutif un peu méprisant qu’utilisait son père ?

— Ce n’est pas moi qui ai fait de toi un monstre. C’est toi, Johnny.

J’avais si mal que j’en perdais presque l’esprit. Je ne sentais plus l’un de mes bras. Mon visage et mon cou ruisselaient de sang.

— Johnny, Johnny, Johnny ! chantonnai-je. Johnny, petit Johnny ! Tu ne seras jamais qu’un...

Le coup suivant atterrit sur ma pommette. Je tombai à genoux. L’Amulette glissa de ma main.

— Johnny, Johnny, continuai-je dans un murmure de supplication que j’entendais à peine. Tue-moi... Tue-moi tout de suite...

Un dernier uppercut m’envoya contre le mur du fond. J’entendis le craquement des os de mes jambes, puis plus rien. Je sombrai dans une bienheureuse inconscience.

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Tel un boxeur, je me mis à sautiller sur place autour de Barrons.

-Frappez-moi.

-Il n'en est pas question.

-Allez, Barrons, tapez !

-Ne soyez pas ridicule.

-Je vous dis de me...Aïe !

D'une brusque détente, il venait de me faire perdre l'équilibre. Ma tête partit en arrière dans une vibration sonore, avant de revenir en place aussi vite. Je la secouai. Pas la moindre douleur. J'éclatai de rire triomphant.

-C'est dingue ! m’écriai-je. Vous avez vu ça ? Je n'ai pratiquement rien senti !

Je dansai d'un pied sur l'autre tout en feignant de lui donner des coups de poing.

-Allez, demandai-je. Tapez-moi encore.

Un courant électrique courait dans mes veines ; mon corps tout entier était insensible à la douleur.

Barrons secoua la tête.

Je le frappai à la mâchoire. Sous l'impact, il rejeta la tête en arrière.

Lorsqu'elle retrouva sa position initiale, son regard semblait dire : « Je vous laisse en vie, mais n'insistez pas. »

-Satisfaite, maintenant ?

-Je vous ai fait mal ?

-Non.

-Je peux réessayer ?

-Achetez-vous un punching-ball.

-Battez-vous contre moi, Barrons. Je veux savoir à quel point je suis forte.

Il se massa la mâchoire.

-Vous êtes forte, répondit-il d'un ton sec.

J'éclatai de rire, ravie.

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Je glissai la clé dans ma poche.

- Qui êtes-vous ?

- La locataire de cet appartement. Et vous ?

- Vous ne pouvez pas habiter ici, c'est chez ma sœur ! En tout cas, jusqu'à ce soir, minuit.

- Impossible. J'ai signé le bail il y a trois jours et payé d'avance. Si cela vous pose un problème, débrouillez-vous avec le propriétaire.

- Vous avez vraiment appelé la police ?

Elle me jaugea d'un regard froid.

- Non, mais je n'hésiterai pas à le faire.

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- Si tu veux jurer, Dani, va le faire ailleurs.

- Va te faire voir, grommela-t-elle.

- Bel exemple de maturité, répliquai-je sans lever les yeux. Si tu t'imagines qu'il suffit d'être grossière pour passer pour une adulte... Vous êtes tous les mêmes, vous, les ados ! Si tu essayais d'être un peu plus originale que les autres ?

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jetant un coup d’œil rapide à l'Ombre, je frottai en hâte une nouvelle allumette. L'ectoplasme semblait me regarder plus intensément encore, si c'était possible.

- Eh bien, il vient, ce coup de main ? m'impatientai-je.

- Dois-je en déduire que tu acceptes mon présent ?

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Minuit avait sonné lorsque je m'endormis dans ma chambre soigneusement verrouillée, volets clos, lumières allumées.

Dès l'instant où j'ouvris les yeux, je compris qu'il se passait quelque chose d'anormal.

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- Pourquoi le Haut-Seigneur ne m'a-t-il pas encore retrouvée ? Cela fait déjà deux semaines !

Lorsque Barrons apparut le lundi soir, une heure plus tôt qu'à son habitude, je lançai à voix haute la question qui m'avait taraudée toute la journée.

(...)

- Je soupçonne, répondit Barrons en refermant la porte derrière lui, qu'on ne nous accorde ce répit que pour convenances personnelles. Notez-le "nous", au cas où il vous prendrait de nouveau la fantaisie de travailler en solo, mademoiselle Lane.

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Je passais le reste de la journée à lire et à surfer sur le Net, dans le vain espoir de rattraper vingt-deux années de mépris pour le paranormal.

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