Extraits

Le mal, c'est quelque chose de toujours possible. Et le bien, c'est quelque chose d'éternellement difficile.

Je ne peux pas mourir, je suis immortel et damné, comme les anges que Dieu a envoyés en enfer. Je suis un vampire.

«— La haine…, c’est aussi une passion, dit-il. Le désir de vengeance, cela peut faire revivre…

"_Je comprends, a-t-il acquiescé. Je vous ai vu dans le théâtre, j'ai perçu votre tourment, votre compassion pour cette fille. J'ai senti que vous souffriez pour Denis quand je vous l'ai offert; à chacun de vos meurtres vous mourez un peu, comme si vous estimiez le mériter aussi, vous ne vous épargnez rien. Mais pourquoi, avec cette passion et ce sens de la justice, souhaitez-vous vous faire appeler enfant de Satan?

«— Nous mourons tous, répondit-il. La seule chose que tu partages avec tous les humains, c’est la mort.

« Il embrassa du geste l’orchestre, les visages lointains du balcon, les loges.

«— Non..., protesta-t-elle, incrédule. Il me reste tant d’années, tant de…

« Sa voix était légère, mélodieuse, malgré sa frayeur. Cela la rendait irrésistible, tout autant que la palpitation de sa gorge nue, que cachait mal sa main tremblante.

«— Tant d’années ! rétorqua le maître vampire. Comment sais-tu qu’il te reste tant d’années à vivre ? La Mort se moque de l’âge de sa proie ! Il y a peut-être une maladie dans ton corps en ce moment même, qui te dévore déjà de l’intérieur. Ou bien, dehors, il y a peut-être un homme qui t’attend pour te tuer, simplement à cause de tes cheveux blonds !

Je tuais des animaux, j’y reviendrai dans un moment, mais Lestat tuait des humains sans cesse, parfois deux ou trois dans la nuit, quelquefois plus. Il buvait de l’un juste assez pour satisfaire une soif momentanée, puis continuait sur un autre. De meilleure qualité était l’animal, disait-il sur son mode vulgaire, et plus il appréciait la chose. Une fraîche jeune fille, c’était son hors-d’oeuvre favori ; mais le meurtre glorieux, pour lui, c’était celui d’un jeune homme.

Qu’aurait dû faire le Christ pour m’inciter à le suivre, comme Matthieu et Pierre ? Bien s’habiller, avoir une luxuriante chevelure, blonde et pomponnée…

«— Aussi sûr que cette chair est rose maintenant, elle deviendra grise, ridée avec l’âge, dit-il.

Les gens qui cessent de croire en Dieu ou en tout ce qui incarne le bien continuent de croire au diable. Je ne sais pas pourquoi. Non, vraiment, je ne vois pas pourquoi.

Je vivais en homme qui désire la mort mais n’a pas le courage de se la donner.