Extraits

La colère mène à la tombe.

Nihal vit son père s'effondrer sur le sol comme un sac vide.

Elle vit son sang se répandre sur le pavé de la boutique.

Elle vit le démon arracher son épée du corps sans vie.

Elle ne ressentit rien. Elle regarda simplement la scène, les yeux écarquillés et les membres paralysés.

Tu a peur de vivre! Chaque fois que tu te rends sur le champs de batailles, tu espères inconsciemment recevoir un coup d'épée qui te dėlivrera de tes responsabilité de ta vie.

Qu'est-ce que tu crois, qu'il vaut du courage pour mourir? Mourir est facile. C'est vivre qui demande du courage.

Tu es lâche Nihal.

Cette morne journée ne fut que la première d'une longue suite, toutes placées sous le signe de la solitude et de la grisaille de l'hiver qui descendait sur la Terre du Soleil.

Par la suite, on tenta à plusieurs reprises de la faire sorti, et cela finissait toujours de la même manière : un coup d'épée, et le garde s'en allait, piteux et désarmé.

Ce fut pour Nihal une période fatigua te, mais fascinante, au cours de laquelle elle apprit peu à peu à apprécier la magie. Chaque nouveau sortilège lui donnait la sensation d'appartenir davantage à la vie qui palpitait en chaque chose, celle qu'avaient sentie dans la carrière

Certes, quelques-uns appelaient au calme; d'autres essayaient de rassembler ceux qui savaient se battre pour organiser la résistance. Mais la vérité qu'il n'existait aucune échappatoire. Il n'y avait rien à tenter, aucun moyen de se défendre. D'Ariel avait mis son armee au service du Tyran plusieurs années auparavant; et que pouvait bien faire les habitants de Salazar, qui étaient pour la plupart des réfugiés de guerre d'autre Terres? Mourir avec honneur, peut être, en essayant de résister? Et pourquoi, si de toute façon il fallait mourir?

« Alors elle commença à voyager sur les ailes du vent, chevauchant des nuages aux formes multiples.

Elle survola des terres où les forêts n’avaient pas de limites, et où tout était d’un vert éblouissant. Et il lui sembla être herbe et fleur, et étendre ses délicats pétales sous les rayons de soleil. Et puis elle fut arbre, et elle sentit ses branches s’élever vers le ciel et ses feuilles se balancer au souffle du vent. Elle fut le fruit et l’oiseau, le poisson et l’animal. Et pour finir, elle fut la terre nue dont chaque grain reçoit la vie et dont proviennent tous les êtres.

En un instant, elle crut saisir le sens de l’existence.

Elle se sentit vieille de mille ans, et sage. Elle éprouva qu’elle était née, qu’elle avait vécu, et qu’elle était morte des milliards de fois dans la multitude des êtres qui avaient foulé le sol du Monde Émergé.

Elle sentit que la vie ne finirait jamais. »

« Aussitôt, les fammins se ruèrent sur cette proie facile.

« Ai-je peur ? »

La question traversa l’esprit de Nihal dans un éclair, et les paroles d’Ido lui revinrent en mémoire : « La peur est une amie dangereuse : tu dois apprendre à la contrôler et à écouter ce qu’elle te dit. Si tu y réussis, elle t’aidera à accomplir ton devoir. Si tu la laisses te dominer, elle te conduira à la tombe. »

Non, elle n’avait pas peur.

Toujours à genoux, elle continua à bouger mécaniquement, esquivant les coups.

Un coup de tête

« Je vais mourir », pensa-t-elle.

Et elle ne ressentit rien, sauf un léger picotement à sa jambe blessée ; »

« Je veux être un guerrier pour vivre sans fin des aventures. Je veux faire le tour du monde et rencontrer toujours des peuples différents. Et puis, j’aime me battre : quand j’ai une arme à la main, je me sens forte et à l’abri de tout ; j’ai l’impression d’être légère comme l’air. Et libre. Je ne sais pas encore pour qui je combattrai, mais puisque la paix est une belle chose qui profite à tout le monde, peut-être que je combattrai pour la paix. Et aussi, je veux devenir un guerrier pour Livon. Il est mon père, ma mère, mon frère… »