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Extrait ajouté par Rodney 2013-05-24T14:24:49+02:00

D'une certaine façon, même si la victime est morte, raconter sa fin, c'est lui rendre une parcelle de vie.

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Extrait ajouté par elo660 2010-10-31T20:23:36+01:00

1

Le scarabée

Le bruit strident de la scie s'est enfin arrêté, ce qui rend plus intense encore le silence environnant. Des coups sourds font vibrer l'énorme masse dans laquelle je me débats. Puis il y a comme un craquement et un bruit de succion. Littéralement aspiré avec la masse gluante, je me maintiens tant bien que mal en surface dans un équilibre instable, prêt à basculer. L'atmosphère est envahie d'odeurs ammoniacales. Un stade évolué de la putréfaction. C'est d'ailleurs une odeur ambivalente. D'une part elle repousse la plupart des humains, d'autre part elle m'attire, comme la promesse d'un plaisir à venir : d'une certaine façon, comme beaucoup dans mon milieu, je suis un peu nécrophage sur les bords. Mais maintenant j'ai l'impression que je ne m'en sortirai jamais, avec ce cadavre. Tout est gluant, la masse en équilibre instable ne demande qu'à tomber en m'entraînant dans sa chute. Pire que les sables mouvants. Eux, au moins, ne puent pas ! J'imagine bien les gros titres : « Disparu dans une puanteur innommable » ou « Noyé dans la putréfaction ». La tête de mes confrères ! Ce terrain me colle décidément trop aux pattes. J'essaie de me libérer, mais rien à faire, je n'avance que très péniblement, les articulations engluées. L'obscurité ne m'aide pas, je suis incapable de me repérer. Vers où aller ? Comment me sortir de cette situation impossible ? Aucune aide à attendre. Faut-il être bête pour tomber comme cela dans un cadavre et y rester coincé !

Tout a commencé il y a quelques jours. Après un mois d'août pourri, depuis dix jours le soleil a repris le dessus. Quant à la chaleur, n'en parlons même pas. C'est l'ouverture de la chasse, une bénédiction pour un légiste. Il est rare que son champ d'action ne couvre pas une zone rurale, et à l'ouverture, c'est la fouille générale ! Même les fourrés les plus impénétrables n'y échappent pas. Car les chiens sont là, à renifler des odeurs inaccessibles aux humains. C'est comme cela que les chasseurs ont leur lot de découvertes. Or les Deux-Sèvres sont un département de chasseurs.

C'est la fin de la journée et la chasse traîne. La chaleur est torride et le copieux repas de midi n'incite pas à l'activité physique. Sans compter que, trompés par la fraîcheur du matin, beaucoup se sont trop couverts. À plusieurs kilomètres des voitures, c'est décidé, la chasse s'arrête là pour aujourd'hui. Mais c'est compter sans Alto, un jeune pointer pas encore très obéissant. D'autant moins que son plaisir est de cavaler dans les longues plaines, sans écouter les ordres de son maître. Alto joue encore une fois les filles de l'air. En réponse aux appels, quelques aboiements, mais le chien reste obstinément invisible. Jusqu'à ce que son maître se décide à aller le chercher et tombe, près de la maison en ruine, sur la fameuse odeur ammoniacale, et découvre le corps. Il semble que le criminel, en abandonnant le cadavre au coin d'une maison en ruine, a pensé pouvoir ainsi couler une vie tranquille, à l'abri des foudres de la justice. Il a pourtant bien fait les choses : un bon trou bien profond dans la terre encore meuble, le corps placé dans la fouille, la terre rabattue d'abord jusqu'au bassin. Que s'est-il passé ensuite ? À ce stade de l'histoire, impossible de le savoir. Est-ce la fatigue d'avoir tant creusé ? Ou d'être dérangé dans cette tâche macabre ? Toujours est-il que l'assassin est allé ensuite au plus simple et au plus pressé : recouvrir le reste du corps de paille et de débris végétaux. Une tombe incomplète, en quelque sorte. Restée ouverte : une situation bien dangereuse pour le promeneur, mais une aubaine pour les asticots, qui ont envahi par centaines et pour leur plus grand bonheur la dépouille, au moins jusqu'à la ceinture du pantalon. Au-delà la terre a fait son office et a protégé les membres inférieurs de la gourmandise des insectes. Mais thorax, abdomen, cou, tête ont pu enfler, gonfler, noircir, se liquéfier à loisir en cette masse ignoble et grouillante.

Le temps de faire venir les gendarmes et la nuit est tombée. Une nuit sans lune et sans nuages. Une obscurité intense, loin de tout village, à l'origine de quelques difficultés pour retrouver la tombe improvisée... Enfin, pas pour tous ! Car pour moi, rien de plus facile que de chuter dans le trou pour retrouver l'origine de l'odeur. Voilà ce que c'est d'être attiré par les odeurs putrides comme les mouches par le miel.

Bref j'en suis là de mes pensées lorsqu'une lumière éblouissante troue l'obscurité. Des phares, des phares gigantesques m'éblouissent. Mais je vois enfin où j'ai mis les pieds : dans une masse visqueuse, gluante à souhait, blanchâtre, avec d'énormes grumeaux. Derrière les lumières je perçois une agitation. Je ne suis pas sûr que l'on m'ait vu : à force de faire des efforts pour me dégager, je suis couvert de cette bouillie infâme. Sauf les yeux qui ont évité le désastre, déjà bien suffisamment irrités par les vapeurs. Bref, je suis coincé. Je n'ai plus qu'à attendre qu'on me sorte de là. Soudain une tête surgit dans la lumière, à deux pas de moi. À contre-jour, elle me semble gigantesque. Effet d'optique. Je n'ose faire le moindre mouvement. Autour de moi le silence est absolu. La tête qui me fait face s'est brutalement immobilisée. La lumière tourne et éclaire le visage. Deux yeux me fixent intensément. Deux yeux gris-bleu. Le regard intense a un air très amusé. Pourtant, c'est sûr, si cette personne était à ma place, elle rigolerait moins. Une voix rompt enfin ce silence interminable. Tous ces efforts pour me retrouver, et pourtant la voix ne s'adresse pas à moi. Elle dit, sur un ton sarcastique :

— Approchez-vous, mais doucement. Faites attention, venez voir, c'est incroyable...

— Mais je ne vois rien, monsieur.

— Regardez mieux !

À ce moment-là, une deuxième tête apparaît, puis une troisième, à croire que je suis devenu un spectacle à moi tout seul, jusqu'au cou dans la mélasse...

— Je ne vois rien.

— Ah si, des yeux, on voit des yeux !

Content de le savoir. Je suis repéré ! Enfin !

— Mais qu'est-ce qu'il fait là ? C'est incroyable !

— Je vous l'avais dit, c'est incroyable. Une main gantée se tend vers moi. Le personnage qui m'extrait avec vigueur de ma gangue collante est équipé d'un masque chirurgical, d'une combinaison blanche de protection, de surbottes et d'un calot. Même s'il tombe dedans, lui au moins ne risque rien. Sa voix reprend, pour la cantonade :

— Je vous présente Humator. Un spécialiste de terrain...

Je perçois bien la nuance d'humour.

— Un adepte de la putréfaction ammoniacale. Il aime bien mettre les pieds dedans...

Éclat de rire général.

— Mais par où est-il entré ?

— Je ne sais pas, demandez-lui.

Ils parlent tous de moi à la troisième personne. Humour des gens habitués à la mort. Que puis-je répondre ? Par un grand trou ? Un petit trou ? Ce n'est pas ce qui manque, ici... Mais pas un qui prendrait de mes nouvelles.

Bref, une bonne toilette plus tard, je suis remis sur pattes. Mon sauveur se présente :

— Docteur Sapanet. Légiste. Vous êtes bien Necrophorus humator ? Scarabée spécialiste de la cinquième escouade ?

Si je pouvais parler, j'acquiescerais. À défaut, je cours de mes six pattes sur l'inox de la table d'autopsie, vers ce cerveau où l'on m'a surpris en plein déjeuner.

2

Légiste, pour de vrai

Les sorciers vaudous lisent l'avenir dans les tripes de poulet. Moi, je lis le passé - enfin, j'essaie - dans les entrailles de mes contemporains. Je suis médecin légiste. Un vrai. Pas comme ceux des séries américaines, dont je ne loupe pourtant aucun épisode. Je les admire tous, élégants spécialistes en nœud papillon dans des salles dignes de l'aventure spatiale, penchés sur les morts de la veille encore frais et beaux. Je les envie pour leur talent incroyable, capables qu'ils sont de dénicher à tout coup l'écaille de peinture d'un millionième de millimètre cachée sous un repli de la peau derrière l'oreille, et d'en déduire le numéro de la plaque d'immatriculation de la voiture du meurtrier...

Je voudrais bien être à leur place. Parce que moi, mes macchabées, ils sont franchement moins jolis. Depuis plus de vingt ans que j'exerce dans les sous-sols du CHU de Poitiers, j'en ai découpé des centaines et je crois que j'ai fait toute la gamme. Putréfiés, squelettisés, carbonisés, écrabouillés, parfois livrés en pièces détachées. Ils ont mauvaise mine, mes clients. Pas bon pour l'audimat, tout ça. En plus, ils puent souvent. À en tomber à la renverse.

Mais j'ai pour eux une sorte d'immense respect. Parce que ces anonymes allongés sur la table d'inox n'ont pas demandé à y venir. Ils espéraient sans doute profiter encore des années à venir. Ils avaient des projets, des livres à lire, des gens à aimer, et les voilà, égorgés, battus à mort, tirés comme des lapins, étranglés par des mains criminelles, ou encore victimes d'un accident suspect, d'une électrocution bizarre. À moi de leur infliger l'ultime violence, celle de l'autopsie, afin d'aider les enquêteurs à identifier le ou les auteurs et à les arrêter. Ou pour lever le doute. Nous leur devons au moins ça, à nos pauvres morts si mal en point. Leur rendre leur identité lorsqu'ils sont méconnaissables ou abandonnés loin de chez eux, leur rendre leur humanité en retrouvant l'histoire de leurs derniers instants.

Alors tant pis s'il faut pour cela malmener un peu plus les chairs mortes, explorer les boîtes crâniennes et ouvrir les cœurs. Si la vérité s'y cache, à moi d'aller la chercher.

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Extrait ajouté par MSNordlys 2021-04-27T09:44:57+02:00

On n'est jamais déçu par le pire... mais il faut l'avoir imaginé avant.

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Les cadavres manquent singulièrement de savoir-vivre. Ils déboulent dans votre emploi du temps sans prendre rendez-vous.

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Sans identité, pas de piste, et sans piste, pas de coupable.

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Tous sont habituellement fascinés par mes histoires, avec un mélange de passion et de dégoût.

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- Bonsoir, docteur. On en est au troisième...

- Bonsoir, commissaire... Trois ? Quand on aime, on ne compte pas.

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Extrait ajouté par sam29 2012-06-07T19:21:57+02:00

"L'autopsie est une opération violente qui altère l'intégrité du corps. Une violence ultime, extrême mais nécessaire. Puisque c'est elle qui va rendre une identité à un cadavre inconnu, qui va révéler ce qui a mis fin à son existence, qui va contribuer à démasquer celui qui l'a tué. C'est notre façon à nous, légistes, de lui rendre son humanité."

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