Commentaires de livres faits par Clarke3
Extraits de livres par Clarke3
Commentaires de livres appréciés par Clarke3
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— Et dans notre nouveau palais ? reprit Laurent. À la frontière?
Damen sentit une tiédeur s'installer au creux de son ventre.
— Notre nouveau palais, murmura-t-il à l'oreille de Laurent.
Celui-ci s'empara d'une des serviettes moelleuses et la posa sur la tête de son amant. Ainsi enveloppé, Damen le laissa lui frotter les cheveux, puis lui sécher le reste du corps. Le linge était d'une douceur infinie contre sa peau. Il n'avait jamais été l'objet d'une telle tendresse de la part de Laurent. Ce contact n'avait rien de sensuel : il était douillet, réconfortant et inattendu. Damen se sentit étrangement chanceux. Ce moment ne faisait qu'un avec les parfums de l'été, le soleil et la magie de l'endroit.
—Je commence à comprendre que tu es quelqu'un d'adorable en réalité, dit-il.
Il attrapa les doigts de Laurent à travers la serviette, puis la lui jeta sur la tête avant qu'il ait pu répliquer. Il aima le regarder en émerger, les cheveux en désordre.
— Que vois-je ? s'exclama-t-il, ravi.
Laurent répondit, avec un nouveau mouvement :
— Comment me trouves-tu ?
— La lutte, c'est comme les échecs, dit Damen.
Laurent attaqua ; Damen contra. L'enchaînement se répéta une nouvelle fois. En dessous de lui, Damen sentit Laurent essayer toutes les variations qu'il connaissait ; des manœuvres de débutant, mais bien exécutées. Une partie de son esprit - celle qui préférait ce sport à tous les autres - admira l'habileté de Laurent. Mais ce dernier n'était encore qu'un novice. Damen le contra de nouveau sans difficulté. Il eut la sagesse de ne pas relâcher sa prise, même alors que Laurent était immobilisé.
Puis il réfléchit.
— Qui te donne des leçons ?
— Nikandros, répondit Laurent.
— Nikandros !
— Nous pratiquons une variante vérétienne. Je reste tout habillé.
« Dans ce cas, tu n'apprendras jamais correctement. »
Au lieu de dire cela à haute voix, il fronça les sourcils.
— Je suis meilleur que Nikandros.
Il ne sut pas pourquoi ces mots lui valurent un nouveau rire de Laurent, mais ce fut le cas.
— Cela te terrifiait ?
— Tu ne savais pas à quel point j'avais peur de toi ?
— De moi, ou de toi-même? contra Damen.
— De ce qui se passait entre nous.
Lorsque Damen rouvrit les yeux, le soleil, qui se reflétait sur la surface de l'eau, l'éblouit plus qu'il s'y attendait. Laurent était toujours assis à l'ombre.
— Cela me fait encore peur, parfois, avoua-t-il franchement. Cela me donne l'impression que...
— Je sais, dit Damen. C'est ce que je ressens aussi.
« Embrasse-la. » Damen revit Laurent l'obligeant à se mettre à genoux et lui tendant le bout de sa botte. « À genoux. Embrasse ma botte. » Il songea que le prince, lui, ne ferait jamais une chose pareille. Il était trop orgueilleux.
Lentement, Laurent s'agenouilla.
Damen sentit ses poumons se vider de tout leur air. La lutte intérieure qui se jouait en Laurent était manifeste. Son torse se soulevait au rythme de sa respiration saccadée. Ses lèvres étaient entrouvertes, mais il ne parlait pas. Tout son corps était tendu.
Il n'aimait pas se trouver dans cette position.
— Serais-tu en train de me conter fleurette? demanda Damen.
Il était étourdi de bonheur. Il savait que faire la cour à quelqu'un était inédit pour Laurent... mais il ignorait pourquoi il se sentait aussi novice que lui.
— C'est la première fois que je fais cela, dit Laurent.
Damen cueillit une fleur à son tour. Son cœur s'affola lorsque, d'une main maladroite, il la plaça derrière l'oreille de Laurent.
— Tu ressembles à un Akielonien, déclara-t-il d'un ton plein de chaleur satisfaite.
— Retire ton armure, lui dit Laurent.
— On m'a montré mes appartements ; ils sont ouverts, eux aussi, sur la mer. Je leur ai demandé de m'apporter ce vêtement, et j'ai pensé à ta venue. J'ai pensé à comment ce serait ici, avec toi.
- Comme ça, dit Damen.
Il embrassa le haut de l'épaule nue de Laurent, puis l'arête de sa mâchoire.
— Non, je... Penser à toi et être avec toi, ce sont deux choses différentes. Tu es toujours plus puissant, plus...
— Continue, dit Damen en riant contre son cou.
Une fontaine de plaisir pur avait jailli en lui.
— Empêche ma bouche de parler, lui intima Laurent. Je ne sais pas ce que je raconte.
Damen leva la tête et l'embrassa tendrement.
Damen s’adonna à son tour à la contemplation, mais il ne voyait qu'une chose : la brise qui faisait voleter une mèche de cheveux blonds, et des membres pâles et frais, couverts de coton blanc. Il sentit le bonheur monter en lui, son pouls s'accélérer.
Une partie un peu absurde de lui-même se demandait comment il serait reçu ; c'était l'anxiété, nerveuse et agréable, d'un nouvel amant. Et il avait du plaisir à le regarder ainsi, lui qui ne se croyait pas observé. La voix familière s'éleva, précise et assurée.
— Prévenez-moi de l'approche du roi. Je veux en être informé sur-le-champ.
Damen sentit le plaisir s'épanouir en lui.
—Je ne suis pas un serviteur.
Laurent se tourna.
-Bleue, observai-je
-Quoi, bleue ?
- Ta culotte est bleue.
Camille recula d’un pas et rabattit les pans de sa jupe contre ses cuisses, partagée entre rire et indignation.
- La plupart des gens commencent par « bonjour ».
-Ouais, mais je trouvais que « bleue », c’était plus stylé.
J’avais gagné, je repartais avec la princesse vers le soleil couchant après avoir terrassé le dragon. Alors pourquoi est-ce que je me sentais si mal ?
Elle me serra la main sous la table, et je dissimulai un sourire. J’avais quelques doutes sur la notion de pauvreté telle qu’elle l’imaginait (une maison plutôt qu’un manoir, une BM plutôt qu’une Jaguar), mais j’étais fier d’elle.
Incroyablement fier d’elle.
Elle rompit le contact visuel et je grimaçai intérieurement. Qu’est-ce qu’elle allait encore me sortir ? Elle voulais prendre des cours de boxe thaï et venir bosser au garage ?
- Et puis je n’ai pas envie de te quitter, compléta-t-elle. Je trouve que tu es... intéressant.
- Intéressant ?
- Intéressant, confirma-t-elle. Mon père ne voulait pas que je te fréquente. Fuck mon père.
- Regarde-toi parler, ricanai-je, la gorge serrée. Une vraie petite rebelle des beaux quartiers.
- Oh, fuck toi aussi, grogna-t-elle.
Elle se colla à moi avec un ronronnement félin, et ses lèvres touchèrent les miennes.
Forcément, la décision était plus simple ainsi.
Foutue manipulatrice.
𝐶’𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑙𝑢𝑡𝑜̂𝑡 𝑏𝑜𝑛 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒, me disait une partie de mon cerveau. 𝐼𝑙 𝑠’𝑒𝑠𝑡 𝑠𝑒𝑟𝑣𝑖 𝑑𝑒 𝑠𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑔𝑠, 𝑝𝑎𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑛 𝑓𝑙𝑖𝑛𝑔𝑢𝑒.
𝐵𝑜𝑛 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒, 𝑡𝑢 𝑡𝑒 𝑓𝑜𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑎 𝑔𝑢𝑒𝑢𝑙𝑒, contrait le reste de mon cerveau. 𝐽’𝑎𝑖 𝑚𝑎𝑙, 𝑙𝑎̀.
- Sérieux, Quentin, il se passe quoi en ce moment ? Depuis que t’as quitté le foyer, tu t’étais tenu à carreau, c’était plutôt moi qui foutais le bordel. Et là, on dirait que t’as cinq emmerdes par jour, comme les fruits et légumes.
- Enfin non, je ne suis pas désolé. Ce baiser, on en avait envie tous les deux. Vous vous souciez un peu de ce qu’elle éprouve, votre fille, ou bien c’est juste un investissement sur pattes ? Vous saviez qu’elle n’aimait plus les licornes depuis longtemps quand vous lui avez offert l’aquarelle ? Vous connaissez un peu ses sentiments, ou vous avez juste un dossier comme celui qu’on m’a donné, avec des faits classés chronologiquement ?
Elle était vraiment très près.
Elle était vraiment très mignonne.
Et c’était vraiment une connerie.
-Tu sais, je crois que... commençai-je.
Elle m’embrassa.
-D’accord mais c’est quoi, des problèmes de mecs, exactement ?
- Je ne sais pas, des soucis d’érections ? ( je levai les mains pour me défendre devant son air surpris.) Bon, peut-être pas. À mon avis, il y a une histoire de fille là-dessous. Les problèmes de mecs, c’est souvent des histoires de meufs.
- Tu peux être poète, quand tu veux.
Ses yeux pétillèrent, et je sentis comme un coup au cœur. Malgré sa chemise de nuit informe, malgré ses cheveux en bataille et, oui, une trace de sauce pizza au coin des lèvres, malgré tout ça, je la trouvais très belle.
- Qu’est ce qui est si amusant ? protesta-t-elle. J’ai de la sauce pizza sur le visage ?
- Non, mais t’as l’air d’un fantôme. D’ailleurs, si ça se trouve, tu n’es pas la vraie Camille. Si ça se trouve, ce manoir est hanté, comme dans les histoires.
- Si ça se trouve, admit-elle. Et si ça se trouve, je suis bien réelle et j’attends que le relou de service ait fini de se servir de la salle de bains pour pouvoir me brosser les dents.
- Tu sais ce qu’il te dit, le relou de service ? parvins-je à articuler autour de ma brosse à dents.
- Pas grand-chose, vu qu’il a du dentifrice plein la bouche.
J’éclatai de rire. Un peu de mousse bulla au coin de mes lèvres, ce qui n’était sans doute pas des plus glamour. Je me hâtai de me rincer.
Il pensait au cadeau qu'il avait déjà fait amener dans les écuries.
Une fière jument de cinq ans, l'encolure incurvée, la crinière comme une cascade. Il la ferait sortir et l'offrirait à Laurent, et ils partiraient à cheval dans les champs de fleurs sauvages, respirant l'air embaumé par l'été. Lorsqu'ils atteindraient une clairière, il rapprocherait leurs montures et se pencherait pour l'embrasser.
Avant que Laurent ait pu répondre, on entendit distinctement quelqu'un frapper à la porte.Ce son fit grogner Damen, car il savait ce que Laurent s'apprêtait à faire.
- Quy a-t-il? lança ce dernier en se dressant sur un coude.
Le soldat vérétien qui entra était inconnu de Damen. Il conserva une impassibilité remarquable à la vue de Laurent, qui portait encore les marques de leurs ébats.
— Altesse, vous avez demandé à être prévenu lorsque le roi et sa suite gagneraient le palais. Je suis venu vous informer que le roi d'Akielos est arrivé.
— Merci, je pense pouvoir affirmer que je m'en étais rendu compte.
Damen se mit à rire. Il leva la tête et dit :
— Apportez une collation, des boissons fraîches. Et, si l'escorte royale est bien arrivée, dites aux écuyers du roi que son armure se trouve dans le jardin est.
— Oui, Exalté.
Le soldat vérétien avait employé le mot akielonien « Exalté » pour s'adresser à lui, un choix qui avait été fait des semaines plus tôt. Par petites touches, leurs cultures semblaient se mélanger un
peu.
De longues minutes plus tard, Laurent lança paresseusement :
— Nous irons nous promener à cheval si j'arrive encore à bouger demain.
- D'accord, dit Damen.
Il sourit à la pensée de ses écuyers fouillant le jardin est, en quête de son armure. Puis il pensa à autre chose. Son sourire s'élargit.
- Qu’y a-t-il? l'interrogea Laurent.
— Tu regardais la route, répondit-il.