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Extrait ajouté par Alyer 2022-09-28T12:16:33+02:00

Le traité de Versailles, à vrai dire, eut assez de sévérité pour indigner les Allemands, mais son application, trop d'irrésolution et d'incohérence pour les empêcher d'espérer leur revanche. Clemenceau nourrissait depuis 1870 un profond sentiment antiallemand, méfiant à l'endroit d'un peuple trop soumis au "despotisme" et au "militarisme prussien". Par deux fois au cours de sa vie il avait éprouvé l'invasion du territoire français. Il voulait de toutes ses forces éviter qu'une troisième eût lieu, et s'était efforcé d'obtenir pour la France les garanties de sa sécurité. Aux yeux de bien des Français, ces garanties n'étaient pas suffisantes ; il eût fallu d'après démembrer l'Allemagne, car celle-ci gardait son unité et une potentialité de grande puissance. D'autres jugèrent, au contraire, le traité trop dur, trop injuste pour le vaincu : le principe des nationalités n'avait été exercé qu'à ses dépens ; les réparations l'écraseraient. On aurait tort cependant d'accabler ce traité de Versailles à la lumière postérieure de l'avènement de Hitler et du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Comme le dit Margaret MacMillan, dans un récent ouvrage : "Avec des dirigeants différents dans les démocraties d'Europe occidentale, avec un régime démocratique plus fort à Weimer, et sans les dommages causés par la grande crise économique de 1930, l'histoire aurait pu tourner autrement." (Les Artisans de la Paix.)

Clemenceau avait défendu les intérêts de la France dans une négociation avec des Alliés exigeants, parfois intransigeants, dans le même camp des vainqueurs : il fallait avec eux composer. Le Français fit de son mieux : "Nous avions fait une guerre d'alliés dans le décor, à chaque instant faussé, du commandement unique, écrira Clemenceau dans son ouvrage posthume. Nous ne pouvions éviter de faire une paix d'alliés. J'en demande bien pardon à la mémoire d'Attila et de ses congénères, mais l'art de faire vivre les hommes est encore plus complexe que celui de les massacrer."

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Extrait ajouté par Alyer 2022-09-28T11:53:46+02:00

Le traité de Versailles eut droit aux plus sévères critiques. En Angleterre, J. M. Keynes publia Les Conséquences de la paix qui furent une bible pour les détracteurs de la "paix carthaginoise" que le vainqueur avait infligée au vaincu. En France, il fut l'objet de la critique nationaliste, dans laquelle se distingua le maurrassien Jacques Bainville, et, simultanément, des attaques socialistes. Pour les uns, Clemenceau avait manqué à sa fermeté légendaire ; pour les autres, il avait accablé la jeune république de Weiner d'un fardeau insupportable. Certes, Clemenceau n'avait pas été aussi impérieux, aussi souverain serait-on tenté de dire, dans la construction de la paix que dans celle de la victoire. Obsédé par la sécurité de la France et par la réparation que lui devait l'Allemagne, il fut loin d'obtenir ce qu'il souhaitait. Il dut tenir compte des desiderata et des exigences plus ou moins contradictoires de ses deux principaux alliés, sans lesquels la France n'eût certainement gagné la guerre. Il fit de son mieux pour les rapprocher de ses positions, avec prudence, colères, pas en avant volontaires et reculades forcées. Il crut, au bout du compte, avoir sauvé le principal : la Rhénanie était occupée, démilitarisée ; une alliance anglo-américaine était promise ; des réparations aux dommages de guerre avaient été décidées, dont les montants et les modalités de paiement restaient à définir... Pouvait-il prévoir la suite : le grand effondrement de la crise de 1929 et des années suivantes qui virent l'arrivée de Hitler au pouvoir ? Il avait désiré la fondation d'une Europe de droit, mais il se méfiait trop des Allemands pour être magnanime à leur égard. Il avait raison de craindre chez eux l'esprit de revanche, mais peut-être avait-il contribué à le nourrir. N'avait-il pas eu une vie trop courte sur l'avenir ? n'avait-il pas manqué de perspective ? L'équilibre à maintenir entre la justice et la vigilance patriotique n'était pas des plus aisés à réaliser.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-09-28T11:35:01+02:00

Les commissions de la Chambre et du Sénat se mirent au travail et déposèrent leurs rapports à la fin de juillet. Les clauses du traité de Versailles furent discutées en septembre. Clemenceau eut à faire front à des adversaires de droite et de gauche hostiles au traité soit parce qu'il ménageait trop l'Allemagne, soit le contraire. Finalement, le 23 octobre 1919, la Chambre votait la ratification par 372 voix contre 53 et 72 abstentions.

Clemenceau avait conscience des imperfections d'un traité qui avait été nécessairement le fruit d'un compromis jugé trop souvent favorable à l'Allemagne. Au Sénat, qui devait ratifier à son tour le traité, à l'unanimité, il avoua modestement : "Nous ne faisons pas de miracles." Sur quoi un député catholique, Dominique Delahaye, s'exclama : "Dieu se sert de vous pour les accomplir". "Je ne saurais trop lui en être reconnaissant", répondit l'orateur, sous les rires.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-09-28T10:55:44+02:00

Cottin, écroué à la Santé, est déféré à la juridiction militaire. Clemenceau va mieux, plaisante avec ceux qui l'entourent. Le 28 février (1919), il reprend sa place au comité des grandes puissances de la Conférence de la paix. Plus tard, le 14 mars, le jour du retour de Wilson, Cottin est condamné à mort à l'unanimité par le 3e conseil de guerre de Paris. Clemenceau fait incontinent appel en faveur du condamné à la clémence du chef de l'Etat, en réclamant une condamnation de sa peine à dix ans de réclusion. Satisfaction lui sera donnée. L'exalté ne purgera, du reste, que la moitié de sa peine, il sera amnistié et libéré le 22 août 1924. Il est vrai que Raoul Villain, l'assassin de Jaurès, avait été acquitté. Indulgente République !

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Extrait ajouté par Alyer 2022-09-28T10:46:49+02:00

Le mercredi 19 février (1919), vers 9 heures du matin, alors que Clemenceau quittait son appartement de la rue Franklin pour gagner son ministère, dans une auto conduite par un chauffeur militaire, un homme, sorti d'une vespasienne où il se tenait caché, s'approcha de la voiture au moment où celle-ci ralentissait pour tourner, et tira un coup de revolver sur le président du Conseil. Comme le chauffeur accélérait, le tireur lâcha ses autres balles sur la vitre arrière. Clemenceau blessé demanda de faire demi-tour. Revenu devant le 8 de la rue Franklin, soutenu par le chauffeur et par un officier qui avait été témoin de l'attentat et avait sauté sur le marchepied de l'auto, Clemenceau fut ramené chez lui. Pendant ce temps-là, le meurtrier, un anarchiste du nom de Cottin, avait été cerné et arrêté par deux agents, qui lui évitèrent d'être lynché par les passants.

Après les premiers soins donnés à Clemenceau par son valet de chambre, deux médecins accourent, qui publient aussitôt un premier bulletin de santé : "Plaie pénétrante à la partie postérieure de l'omoplate droite, sans lésion viscérale. Etat général et local patient." Arrivent sans tarder au chevet du blessé Poincaré, Foch, les ministres. Le fidèle Martet parvient à son tour rue Franklin, où il découvre un Clemenceau "assis, jaune, la face crispée", et qui lui dit : "C'est une sensation qui me manquait. Je n'avais pas encore été assassiné." A Mordacq qui s'inquiète, le blessé rétorque : "Allons, ne vous faites pas de bile, je ne suis pas encore mort."

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Extrait ajouté par Alyer 2022-06-02T11:59:01+02:00

Ce chef, qui a su être impitoyable, avait-il un cœur ? Ceux, nombreux, qui ne l'aimaient pas ont pu en douter. Caustique, ironique, amateur de bons mots, il pouvait blesser ; il blessa, et multiplia le nombre de ses ennemis. Sa vie, pourtant, que reflètent sa correspondance, ses articles, ses livres, l'attachement passionné qu'il a provoqué chez ses fidèles, tout son comportement attestent sa tendresse de nature, sa sensibilité et sa générosité. Quoi qu'on puisse reprocher à Georges Clemenceau - et lui-même sait confesser ses maladresses et ses erreurs -, son histoire est celle d'un homme exceptionnel, complexe, passionné, un de ces personnages qui surgissent dans l'histoire des Français comme par nécessité. Il est lui, mais il est aussi la France. Parisien de Vendée, Vendéen de gauche, homme de gauche détesté par la gauche, athée communiant dans la religion de la République, politicien qui aime les livres et en écrit, frère et admirateur de Claude Monet qu'il sait pousser jusqu'à la limite de son art, il ne cesse d'étonner l'historien qui le suit dans les mélandres de sa vie pleine, contradictoire, heurtée, traversée d'échecs et promise à la gloire.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-06-02T11:48:08+02:00

Quatre têtes, quatre rôles, mais non point quatre masques. L'homme est droit, tranchant, volontaire, et, s'il sait ruser, ce n'est jamais avec ses idées. Républicain-né, fils de la Révolution, adversaire de la puissance cléricale mais respectueux des religions, il n'en est pas pour autant resté figé dans ses conceptions politiques. Ennemi du Sénat, il sera sénateur ; adversaire de la présidence de la République, il n'a dû qu'à l'ingratitude des parlementaires de ne pas être élu à la tête de l'Etat en 1920. Est-il passé, comme beaucoup, de gauche à droite ? La question mérite, certes, d'être posée, mais la réponse n'est pas simple : son échec à la présidence démontre l'existence d'adversaires résolus aussi bien à droite qu'à gauche. Si Clemenceau compte dans la galerie des héros, c'est aussi parce qu'il n'est pas assimilable à un parti.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-06-01T11:31:02+02:00

Il faut l'admettre : c'était ce qu'on appelle un grand homme, dans un régime républicain qui se défie des grands hommes malgré son inspiration athénienne, romaine, et révolutionnaire. Lui-même en fait fi. Ce n'est pas le moindre des paradoxes qu'il y a toujours eu en lui un esprit libertaire et un contempteur de l'autorité, alors qu'il passe pour un parangon d'autoritarisme. Le mépris des honneurs s'allie à la foi patriotique de ses ancêtres ; le mépris des richesses à sa foi dans la science. Il est vrai qu'il est sceptique sur la nature humaine, mais il ne renonce pas au progrès. Il sait qu'il faudra des lustres et peut-être des siècles pour que les Français deviennent de vrais citoyens, mais l'exemple des poilus qu'il a tant aimés lui a interdit de sombrer dans le scepticisme des conservateurs. Ce qu'ils ont souffert, ce qu'ils ont montré d'endurance et d'héroïsme l'ont sommé de ne plus jamais désespérer.

Clemenceau aura ainsi remporté deux victoires, celle du droit et celle de la nation : la réhabilitation du capitaine Dreyfus en 1906 et l'armistice du 11 novembre 1918 l'ont inscrit à jamais au panthéon des Français. Non pas au Panthéon de la montagne Sainte-Geneviève, puisqu'il a exigé d'être enterré le plus simplement du monde dans un hameau vendéen où reposait déjà son père, mais au panthéon imaginaire de l'histoire.

On ne peut nier qu'il fut un nationaliste. Son nationalisme, cependant, n'avait rien de commun avec celui qui, de son temps, enfiévrait ceux qui se délectaient de ce mot-là et faisaient de leur patrie un territoire interdit aux autres peuples. Purement républicain, son nationalisme ne s'est jamais conçu comme une fermeture aux autres, un rejet de l'étranger, une passion obsidionale d'une identité menacée. Sa haine du racisme, de l'antisémitisme, de la xénophobie, allait de pair avec cette fierté, illusoire ou non, d'appartenir à un grand peuple, celui qui avait allumé pour le monde entier la torche de la liberté.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-06-01T11:12:13+02:00

Dans les dernières années de sa vie, il se plaisait à dire : "Je suis un anarchiste avec une proportion de conservatisme qui reste à déterminer." Son côté conservateur tient à son appartenance terrienne, "mi-seigneur, mi-paysan", comme on a pu dire de lui ; son caractère anarchiste est le produit d'un esprit libre, individualiste, anticonformiste, ennemi de toutes les tutelles. Un démocrate qui déteste les foules ; un fils des Lumières qui se méfie des hommes ; un sceptique qui personnifie le Français héroïque ; un tueur en politique qui est le plus grand délicat et le plus sensible des amis ; un bourgeois qui vit en artiste et dont le meilleur ami se nomme Claude Monet... On n'en finirait pas d'énumérer les multiples contrastes de cette personnalité qui a fasciné ses contemporains, français et étrangers, et qui fut sans conteste l'un des héros politiques de son temps - et de notre histoire.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-06-01T11:03:41+02:00

Clemenceau, l'homme aux quatre têtes, tour à tour ou tout à la fois le Tigre, le dreyfusard, le premier flic de France, le Père la Victoire. Le Tigre est le surnom que son ami Emile Buré lui donna en 1903 et qui fut repris par tout le monde ; il s'applique rétrospectivement bien au "tombeur de ministères", au député implacable dont les discours griffent, et renvoient à la buvette de la Chambre des adversaires réduits à quia. Il a les mots qui tuent, le pistolet et l'épée qui font peur. Le dreyfusard est celui qui, d'emblée, prend parti contre le déni de justice dont le capitaine juif a été la victime sur une fausse accusation d'espionnage ; il n'aura de cesse d'obtenir la révision du procès de 1894, puis, quand le conseil de guerre de Rennes aura condamné de nouveau Dreyfus en 1899, d'arracher la réhabilitation de l'innocent châtié, ce qui sera fait en 1906. Pendant toutes ces années, jour après jour, il fustigera l'aveuglement des mauvais juges, la lâcheté des gouvernants, l'ignominie des antisémites, la frénésie des adulateurs de la caste militaire : il ne faudra pas moins de sept volumes pour réunir ses articles qui sont autant de flèches contre le mensonge et la lâcheté - un des grands monuments de l'Affaire. Accédant enfin à un poste de ministre, puis de président du Conseil, l'homme de gauche se trouve en face d'une offensive sans précédent du mouvement ouvrier. Lui, le défenseur d'une République sociale, se voit confronté à la question de l'ordre. Assumant ses responsabilités de ministre de l'Intérieur, refusant la subversion, il devient le "premier flic de France", désormais honni par les syndicalistes et les socialistes. Son ministère dure près de trois ans, l'un des plus longs de l'histoire de la IIIème République. Quand il est rejeté en 1909, il n'a pas pour autant fini sa carrière. A 76 ans, en pleine guerre mondiale, alors que la France est au bord de l'abîme, il est appelé comme un suprême recours. Il fera donc la guerre, rien que la guerre, toute la guerre. Craignant le pire sans jamais le montrer, exaltant les combattants, punissant les défaitistes et les pacifistes, visiteur inlassable des tranchées, bravant l'opposition parlementaire au moment où la déroute est possible, aussi ferme que coopératif avec les Alliés, pénétré de l'esprit des soldats de l'an II, il redresse le moral de la patrie en danger et force la victoire, qui lui offrira son dernier surnom.

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