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Tavi n'entendait toujours rien lorsqu'ils entrèrent dans la ville, mais alors que les portes se refermaient derrière eux, il regarda les remparts et la cour avec stupeur. Tous les hommes en vue, poissons comme vétérans, nordiques aux yeux pâles et méridionaux aux yeux sombres, vieux, jeunes, Chevaliers, centurions et simples légionnaires, étaient tournés vers lui et heurtaient leur plastron de leur poing ganté d'acier dans ce qui devait être un fracas assourdissant, saluant par des acclamations unanimes le retour de leur capitaine.
Afficher en entierÇa permettrait effectivement cela, songea Tavi. Mais soudain une idée lui vint à l'esprit, et il haussa un sourcil en étudiant Kitaï avec un grand sourire.
- Tu proposes cela uniquement pour pouvoir monter à cheval plus souvent.
Kitaï lui jeta un coup d’œil hautain.
- Je voulais un cheval. Mais c'est toi que j'ai eu, Alaréen. Je dois m'en accommoder.
Afficher en entierJ’ai grandi avec, répondit Tavi. J’ai tué une grosse slive mâle qui pourchassait un des agneaux de mon oncle quand j’avais six ans. Deux loups noirs et un chat sauvage. Une fois, j’ai même réussi à faire fuir un thanatodon. Je ne m’en étais pas servi depuis mes treize ans, mais je me suis refait la main pour chasser des oiseaux pour le Maestro et moi.
— Tu ne m’en avais jamais parlé, grommela Max.
— Les Citoyens n’utilisent pas de fronde. J’avais déjà assez de problèmes comme ça à l’Académie sans que tout le monde découvre mon expertise dans l’art de manier une arme de péquenot.
— C’est efficace, fit remarquer Max. Pour une arme de péquenot.
— En effet, intervint Magnus, qui avait repris son souffle. Et c’était très bien visé, si je puis me permettre.
Tavi hocha la tête avec lassitude.
— Merci.
Afficher en entierLes quatre mille places de l’amphithéâtre public de Cérès étaient occupées, mais peut-être la moitié seulement par des membres réels de la Ligue Dianique, l’organisation réunissant les principales Citoyennes du royaume. Peu des femmes présentes portaient un titre inférieur à celui de comtesse. Environ deux cents d’entre elles étaient d’anciennes femmes libres qui avaient gagné leur statut de Citoyenne par le biais du juris macto, duel officiel, ou en servant dans les légions, la plupart en tant que Chevaliers, même si cinq ou six avaient servi comme simples légionnaires, cachant leur sexe jusqu’à avoir fait leurs preuves au combat.
Afficher en entierIls commencèrent à se préparer au départ. Tavi se concentra sur sa tâche de bout en bout : remplir sacoches et besaces, empaqueter vêtements et matériel, inspecter les armes. Les montures des assassins, que Max avait rattrapées, devinrent des animaux de bât, et, peu après midi, les trois hommes montèrent en selle et se mirent en route, traînant derrière eux la file de chevaux supplémentaires. Max imposa une vive allure.
Tavi essaya de ne pas laisser vagabonder ses pensées, mais la douleur lancinante de son doigt blessé ne l’aidait pas à se concentrer. Avant qu’ils aient franchi la crête de l’éminence qui les séparerait définitivement d’Appia, il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.
Il pouvait encore voir le cadavre couvert de poussière étendu parmi les ruines.
Afficher en entier"Non, par tous les Corbeaux ! gronda la voix de
Valiar Marcus à l’intérieur de la tente. Si nos provisions sont sur la rive sud et que ces chiens la prennent, nous nous retrouverons à manger nos bottes lorsque nous nous replierons au nord.
— Mais mes hommes viennent juste de se taper d’aller les porter là-bas comme des bêtes de somme ! protesta une deuxième voix.
— Bien, répliqua sèchement Marcus. Comme ça, ils sauront quel chemin prendre pour les rapporter."
Afficher en entierCelui-ci contenait d’abord une cape noire à capuchon assez grande pour faire une petite tente, où était enveloppé le reste. À l’intérieur se trouvait une paire de courtes épées, du moins courtes pour un Canim. Leur lame d’un mètre de long, incurvée, était faite de cet acier trempé couleur de sang dans lequel les Canims forgeaient leur meilleur équipement. Leur dos était hérissé de dents comme celles d’une scie à bois, et le pommeau de l’une d’entre elles était taillé en forme de crâne de loup, avec en guise d’yeux de petites gemmes écarlates. Il y avait également une dizaine de lourdes piques en métal, longues comme l’avant-bras et épaisses comme le pouce. Le bras énorme d’un Canim était capable de les lancer assez fort pour transpercer un humain, ou fendre le crâne de celui-ci à travers un casque solide. S’ajoutait enfin à cela une chaîne d’un métal étrange, énormément lourd et d’un noir mat, dont les maillons ne faisaient presque pas de bruit en frottant les uns contre les autres.
Afficher en entierLe camp des civils qui accompagnaient la légion se trouvait plus loin du camp des légionnaires qu’il n’était d’usage. En effet, si ces derniers avaient pris leurs quartiers dans les fortifications aux dimensions réglementaires qui formaient le cœur de la ville, il n’y avait pas assez de place pour les habitants de celle-ci, la légion et ceux qui accompagnaient cette dernière. Les portions les plus récentes de la ville avaient été construites à l’extérieur des remparts, et les accompagnateurs de la légion avaient dû planter leurs tentes sur le terrain communal qui entourait la ville, en aval de celle-ci.
Afficher en entierUn éclair baigna le paysage d’une lumière rougeâtre pendant une seconde, et Tavi aperçut Kitaï qui souriait alors que le bras de Max passait dans le vide, la ratant d’un centimètre à peine. La jeune Marate était accroupie sur les sacs de grain, la peau pâle de son visage presque phosphorescente dans l’ombre de son capuchon. Elle portait les mêmes haillons dont Tavi l’avait vue vêtue auparavant, mais elle avait baissé le bandeau qui lui couvrait les yeux, le laissant pendre mollement autour de son cou. Par bonheur, elle n’avait pas gardé la même odeur.
Afficher en entierIls étaient montés à environ mille deux cents mètres d’altitude lorsque le soleil se leva, réduisant le paysage en dessous d’eux à un vaste diorama dont tous les détails semblaient être rendus en miniature. S’ils continuaient à monter pour aller se risquer dans les rapides vents d’altitude, la terre ressemblerait à un patchwork plus qu’à toute autre chose, mais pour le moment, Amara pouvait encore distinguer des détails ; notamment, les voyageurs qui arrivaient par la route du Sud, fuyant pour gagner la protection des murs de Cérès.
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