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Coeur de guerrier, Tome 1 : La nuit de l'interdit



Description ajoutée par Underworld 2018-12-25T21:17:36+01:00

Résumé

Angleterre, XIIe siècle

"Vous ne pouvez pas exiger une telle chose de moi !"

Quand son mari gravement malade lui ordonne de passer une nuit avec un autre pour concevoir un héritier, Lady Rosamund reste sans voix. Pour remplir cette "mission", il a même convoqué au château Warrick de Laurent, l'homme qu'elle a éperdument aimé dans sa jeunesse. Rosamund sait bien que son époux cherche à la protéger de son avide beau-frère, mais elle se refuse à commettre un adultère, même avec son ancien amour ! D'autant que Warrick ne lui a jamais pardonné de s'être mariée par convenance et refusera sans doute de coopérer; du moins, elle l'espère. Pour protéger son honneur, mais aussi son coeur.....

* * *

Description en VO :

One wicked night for an heir!

Rosamund de Courcy has always loved Warrick de Laurent, but was forced to marry another. Now her husband's dying command is that she must provide him with an heir. To do so, she will have to spend one sinful night...with Warrick!

The powerful warrior was wounded by Rosamund's abandonment years ago, and Warrick refuses to let her touch his heart again. But this illicit night is impossible to resist, and soon he is determined--he will not only possess her, but reclaim her for his own!

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Classement en biblio - 34 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Michelle Willingham **

Chapitre 1

Angleterre — 1174

— Vous ne pouvez pas exiger une telle chose de moi ! C’est un péché !

Rosamund de Courcy fixait sur son époux un regard incrédule.

Alan de Courcy, Lord Pevensham, se renfonça dans les oreillers du lit conjugal. Ses cheveux bruns pendaient mollement autour de son visage blême, et ses yeux gris étaient voilés d’une douleur sans fin. Depuis de longs mois, il ne cessait de s’affaiblir et l’ombre de la mort planait désormais sur lui en dépit des prières incessantes que Rosamund adressait nuit et jour au ciel. Elle était terrifiée à l’idée de voir partir cet homme qui avait été un ami véritable et un soutien de chaque instant quand elle avait dû traverser les plus sombres épreuves. Elle aurait été prête à tout pour apaiser ses tourments.

Mais ce qu’il lui demandait aujourd’hui, non, c’était impossible. Pour l’amour du ciel, il voulait qu’elle couche avec un autre homme pour concevoir l’enfant dont il avait si désespérément besoin ! Cette seule idée était inconcevable.

— Il nous faut un héritier, ma petite, répondit-il calmement. Et je suis incapable de t’en donner un. Je ne laisserai pas mon frère hériter de tout ce que j’ai construit. Owen ruinerait Pevensham en moins d’un an.

Alan parlait de son plan démentiel comme s’il s’agissait d’un simple arrangement d’affaires. Rosamund allait et venait devant le foyer de la cheminée, le cœur affolé à la seule pensée de ce qu’il lui demandait. Comment pouvait-il imaginer qu’elle le trahirait de la sorte ? Elle était une femme honorable, pas une épouse infidèle !

Des murmures de culpabilité émergèrent aussitôt de sa conscience troublée, lui rappelant les erreurs du passé. Alan ne savait rien de ses égarements de jeune femme, et elle s’était toujours montrée honnête et fidèle au cours de leur mariage. Elle avait payé pour ses péchés de jeunesse. Pourtant, son cœur autrefois brisé continuait de la hanter.

— J’ai toujours été loyale envers vous, insista-t-elle. Pendant trois ans, je vous ai obéi en tout. Pourquoi me demandez-vous cela ?

— Parce que tu ne veux pas plus que moi voir Owen hériter du domaine. Tu sais ce qu’il te fera dès que je serai mort.

Sa voix était si glaciale que Rosamund comprit sans qu’il ait besoin de préciser davantage le sens de ses paroles. Si Owen prenait possession de Pevensham, il en ferait de même avec elle, qu’elle le veuille ou non. Elle réprima un frisson de dégoût.

— Mais… coucher avec un autre homme alors que nous sommes mariés ? Vous m’en demandez trop ! J’en serai incapable !

Elle ferma les yeux et serra violemment entre ses doigts les plis de sa robe. L’union conjugale ne lui était plus douloureuse depuis longtemps ; pour autant, elle n’avait jamais apprécié les attentions de son époux. Il s’était montré doux et prévenant, la traitant toujours avec une gentillesse exemplaire. Hélas, elle n’avait jamais ressenti la passion entre ses bras ; rien d’autre que l’ennui et un vague dégoût lors de leurs instants d’intimité conjugale. Alan avait tout fait pour lui faire éprouver du plaisir, mais il avait senti la distance qui s’instaurait entre eux lorsqu’il prenait son corps. C’est sans doute pour cette raison qu’il ne lui avait pas souvent demandé de partager sa couche au cours de leur mariage. De toute façon, depuis le début de sa maladie, quelques mois plus tôt, elle ne s’était pas allongée à ses côtés une seule fois.

— J’ai demandé à Warrick de Laurent de venir à Pevensham. Il sera ici dans moins d’une semaine, déclara Alan.

Rosamund sentit un frisson glacé envahir son corps, et un vertige la saisit, lui brouillant quelques instants la vue. Warrick. L’homme qu’elle avait aimé à en perdre la raison. Elle revit en pensée sa silhouette imposante, ses cheveux sombres et ses yeux bleus perçants. Elle l’avait éperdument désiré. Depuis lors, elle n’avait jamais pu oublier ce guerrier qui avait hanté ses rêves. Ni la façon dont son baiser avait éveillé une force inconnue en elle, enflammant son corps et faisant bouillir son sang.

— Je ne peux pas coucher avec lui, articula-t-elle, à bout de souffle.

Parce que, si elle s’abandonnait entre les bras de Warrick, cela menacerait les fondements mêmes de son mariage. Sa gorge se serra violemment sous l’afflux de souvenirs qu’elle ne pouvait pas affronter. C’était impossible ! Elle avait fermé son cœur et son esprit à ce passé qui ne serait jamais, elle avait accepté Alan pour époux et avait fait en sorte de devenir une bonne épouse.

Ce qu’il lui demandait la mettait dans un tel état de fureur qu’elle avait toutes les peines du monde à parler. Alan savait ce que cela représentait pour elle. Il le savait, et cependant il l’obligeait à affronter ce passé.

Si elle laissait Warrick la toucher, elle perdrait tout contrôle sur elle-même. Elle ne pourrait plus garder ses sentiments sous une chape de plomb et se comporter comme si leur union d’autrefois ne signifiait rien. Dieu du ciel ! Le simple souvenir de ses caresses faisait frémir tout son corps et accélérer les battements de son cœur.

Alan resta silencieux un moment. À travers ses paupières fermées, Rosamund n’entendit que son souffle rauque et les froissements des draps sous ses mains nerveuses.

— Je sais que tu ne voulais pas m’épouser, ma petite. Je n’ai jamais été celui que tu désirais.

Non, il n’avait jamais été cet homme, admit-elle en son for intérieur. Ce n’était d’ailleurs un secret pour personne. Contrainte et forcée, elle avait obéi aux ordres de son père et avait épousé l’homme qu’il lui avait imposé.

Le chagrin qui perçait dans la voix d’Alan refroidit quelque peu sa colère. Elle reprit sa marche devant l’âtre avant de s’immobiliser, choisissant ses mots avec soin.

— Vous avez toujours été bon pour moi, mon époux. Je n’aurais pu espérer meilleur mari.

Seulement, ce mariage arrangé l’avait obligée à abandonner ses rêves et à recommencer une nouvelle vie. Warrick avait rejoint l’armée du roi qui combattait en Normandie, et elle ne l’avait plus jamais revu. Depuis, Rosamund avait appris à accepter son existence auprès d’un époux qui se souciait sincèrement d’elle et cela aurait dû être suffisant pour Alan.

Il exhala un profond soupir.

— Le dire tout haut ne le rendra pas plus vrai, Rosamund. Je sais que tu voulais te marier avec Warrick de Laurent.

Se marier avec lui ? Elle avait voulu bien plus que cela, en vérité. Ses sentiments pour Warrick allaient bien au-delà d’un simple désir de mariage. Cependant, elle n’en dit rien.

— C’était il y a bien longtemps, répondit-elle à la place, d’un ton étrangement calme. Lorsque vous m’avez épousée, j’ai fait de mon mieux pour être celle que vous vouliez.

— Et tu y as parfaitement réussi, ma petite. Simplement, je n’ai jamais été celui que, toi, tu voulais.

Sa voix était à la fois douce et emplie d’une tristesse qui lui serra le cœur. Elle détestait entendre son chagrin, parce que cet homme était devenu son ami aussi bien que son mari. Jamais il n’avait levé la main sur elle, jamais il n’avait élevé la voix contre elle. Au lieu de cela, il lui avait laissé les rênes du château.

— Vous avez toujours été bon pour moi, répéta-t-elle, au désespoir.

— Je ne t’ai pas donné d’enfant. Et maintenant, il est trop tard pour moi ; aussi, nous devons trouver un autre moyen. Seul un héritier peut empêcher Owen de mettre la main sur Pevensham… et sur toi.

Rosamund ne chercha plus à retenir les larmes qui brûlaient ses paupières. Trois ans après, les souvenirs du petit enfant sans vie auquel elle avait donné naissance étaient toujours aussi douloureux. Le temps n’était pas parvenu à combler le vide que la perte de sa petite fille avait creusé dans son cœur. Peut-être que son chagrin se serait apaisé si elle avait eu un nouvel enfant à chérir, mais elle n’était plus parvenue à concevoir après cela. Au fond de son cœur, elle savait que c’était la punition que Dieu lui infligeait pour ses erreurs du passé.

Étrangement, une part d’elle-même était… soulagée de n’avoir plus attendu d’enfant. Depuis lors, elle était terrifiée à l’idée de donner à nouveau naissance à un enfant sans vie. Tout ce sang et cette douleur qui n’avaient rien engendré d’autre que la mort… Elle retint à grand-peine un frisson d’horreur.

— Regarde-moi, Rosamund.

Lorsqu’elle trouva le courage d’affronter son regard, son expression était navrée.

— Tout est de ma faute, pas de la tienne, tu m’entends ? Je n’étais pas un homme vertueux avant notre mariage. J’ai eu mon lot de femmes, et pas une seule n’a porté l’un de mes bâtards. Crois-moi, Rosamund, il y a eu bien des opportunités avant que je ne te rencontre, pourtant aucun enfant n’en a jamais résulté.

Elle secoua la tête avec force. Elle refusait qu’il prenne toute la faute sur lui.

— Nous portons tous les deux la responsabilité de cet échec.

— Tu as réussi à concevoir un enfant et tu y arriveras à nouveau. Or, je sais que le seul homme que tu serais capable d’accepter dans ton lit est Warrick de Laurent.

Rosamund se détourna brutalement tandis que son sang grondait à ses oreilles. Un tourbillon d’émotions contradictoires la submergeait à l’idée de laisser Warrick poser les mains sur elle.

— Je ne peux pas, supplia-t-elle. De toute façon, jamais il n’acceptera.

Elle se raccrocha à cette idée avec l’énergie du désespoir. Jamais un homme aussi fier et orgueilleux n’accepterait d’être utilisé de la sorte.

— Laisse-moi d’abord le lui demander. Il pourrait accepter si je lui offre une compensation adéquate, reprit doucement Alan. En fait, je veux qu’il t’épouse quand je serai parti. Il saura défendre Pevensham de nos ennemis et il pourra te protéger d’Owen.

Rosamund serra ses mains tremblantes l’une contre l’autre. Que Dieu lui vienne en aide ! Alan avait tout planifié. Une nuit de péchés, un homme pour prendre sa place et un enfant illégitime qui hériterait de tous ses biens sous les apparences d’une naissance légitime.

Des larmes de rage et de frustration lui montèrent aux yeux.

— Alan, non !

— Rosamund, je vais mourir. Nous le savons tous les deux.

En effet, elle craignait le pire, mais elle n’avait pas le courage d’affronter la possibilité de sa mort. Il était bien plus facile de s’imaginer que le pire n’arriverait pas. Elle avait appris depuis longtemps à s’aveugler pour éviter la dure réalité.

— J’ai prié pour vous… Je prie sans cesse…

— Tes prières n’y changeront rien, ma petite. En revanche, avant de partir, je peux faire en sorte qu’Owen n’hérite de rien. Je peux m’assurer de te trouver un protecteur, quelqu’un qui donnerait sa vie pour toi.

Désespérée, Rosamund s’approcha pour venir s’asseoir à son chevet. La peur raidissait ses membres quand elle saisit sa main affaiblie dans la sienne.

— Ne me demandez pas de vous trahir, Alan. Je ne le ferai pas. Vous méritez mieux que cela.

— Toi aussi, tu méritais mieux, souffla-t-il d’une voix vibrante de compassion et de tendresse. Je voulais t’épouser, Rosamund, et, Dieu m’en est témoin, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour que tu m’aimes aussi.

— Je vous aime, murmura-t-elle.

— Pas de la façon dont tu l’aimais, lui.

Elle se mordit la lèvre si fort que le goût du sang emplit sa bouche. Elle aurait tant voulu le contredire, hélas ! Elle avait aimé Alan comme un frère, et leur mariage était fondé sur une solide amitié et une affection sincère, pas sur l’amour. Au cours des trois dernières années, elle avait pourtant fait de son mieux pour tenter d’oublier Warrick et apprendre à vivre heureuse au sein de son mariage.

Alan lui serra gentiment la main, puis, avant qu’elle ait pu protester de sa tendresse pour lui, il porta ses doigts à ses lèvres.

— Je sais que je compte à tes yeux, Rosamund, et j’emporterai ton affection avec moi dans la tombe. Cependant, avant que je ne quitte cette terre, je veux que tu te plies à mes ordres une fois encore. Jure-moi que tu feras tout ce qui est en ton pouvoir pour concevoir cet enfant. Jure-moi que tu iras avec lui.

Rosamund refusa de répondre. Elle ne voulait pas se plier à ce marché diabolique. C’était impensable.

— Jure-le, la pressa Alan d’une voix dure. Si tu ressens la moindre loyauté à mon égard, tu dois le faire !

Elle posa sur lui un regard égaré. Derrière sa voix sévère, elle entendait trembler une note de regret. Soudain, elle comprit pourquoi son mari agissait ainsi. Cela allait bien au-delà de la nécessité d’un héritier. Il essayait de rectifier les erreurs du passé, il voulait lui rendre l’homme qu’elle avait aimé. Cet arrangement avait pour but de la lier irrémédiablement et pour toujours à Warrick.

De tout son cœur, elle aurait voulu refuser pour préserver son âme et son cœur mis à mal trois ans plus tôt. Seulement, quand elle contempla ses yeux emplis de douleur, elle prit conscience que seules ses paroles avaient le pouvoir d’apporter un peu de paix à son agonie. Si elle mentait et lui donnait son accord, cela apaiserait ses inquiétudes et ses remords. Quel mal y avait-il à prononcer un petit mensonge si ses intentions étaient pures ? Alan ne saurait jamais si oui ou non elle s’était pliée au vœu qu’elle s’apprêtait à jurer.

Rosamund tenta de maîtriser l’appréhension qui l’envahissait. Si ses mots pouvaient apporter du réconfort à son époux, elle devait se soumettre, du moins en apparence.

— Très bien. J’accepterai de me donner à lui.

* * *

— Et pourquoi voudrais-je tuer cet homme pour vous ?

Warrick de Laurent serrait la garde de son épée en fixant un regard perçant sur Owen de Courcy. L’homme l’avait fait appeler dans sa résidence de Northleigh, une forteresse en ruines qui empestait l’humidité des vieilles pierres et la négligence. Owen était un jeune homme au regard gris glacé et aux cheveux bruns coupés court au-dessus de ses oreilles. Sa barbe semblait n’avoir pas fini de pousser, et il arborait constamment une moue boudeuse comme un enfant capricieux.

— Parce que je vous donnerai des terres en échange, déclara-t-il. Et parce que vous pourrez obtenir Rosamund de Courcy pour prix de votre loyauté.

Warrick prit grand soin de ne pas trahir la moindre réaction à la mention de ce nom. Voilà trois ans qu’il essayait d’oublier cette femme, néanmoins, le souvenir de son beau visage continuait de le hanter nuit après nuit. Il tenta de se raisonner comme à chaque fois qu’il était question de Rosamund — elle avait fait son choix, et elle ne l’avait pas choisi, lui.

— Je n’ai nul besoin d’une épouse, coupa-t-il d’une voix froide comme si elle n’était rien à ses yeux.

Owen ne masqua pas son impatience.

— Comme il vous plaira. Je suis certain que je pourrais la proposer à l’un de mes hommes. Nul doute que beaucoup seraient d’accord pour… s’occuper d’elle.

La pique atteignit son but, et Warrick sentit ses poils se hérisser. Certes, il ne voulait plus jamais revoir Rosamund ; toutefois, cela ne signifiait pas qu’il acceptait qu’un autre lui fasse du mal. Il allait dire sa façon de penser à ce jeune coq, mais Owen reprenait déjà la parole.

— Tuez mon frère, et vous aurez tout ce que vous avez toujours désiré. Vous avez déjà tué bien des hommes au combat. Qu’est-ce qu’un de plus ?

Warrick n’avait pas été surpris d’apprendre qu’Owen voulait voir son frère mort, puisque cela lui permettrait d’hériter de Pevensham et de nombreuses autres possessions. Pour l’heure, Owen ne possédait que ce petit domaine de Northleigh, dont il était évident qu’il ne serait bientôt plus que ruines. Partout, il y avait des signes du manque d’argent dont souffrait la forteresse.

— Votre frère est mourant. Tout le monde le sait. Vous n’avez qu’à patienter pour obtenir ce que vous convoitez.

— J’ai des dettes qui ne peuvent plus attendre, tempêta Owen. Et je ne supporte plus de vivre comme un pourceau dans ce trou à rats ! Si la femme d’Alan porte un enfant, je n’hériterai de rien. Je ne peux pas courir ce risque plus longtemps.

Une soudaine flambée de possessivité lui enflamma les entrailles à la mention de Rosamund. Il ne supportait pas l’idée de l’imaginer mettre au monde l’enfant d’un autre. Ses poings se serrèrent instinctivement et son sang se rua dans ses veines avec rage lorsqu’il songea qu’un autre homme touchait sa peau chaque nuit. Apparemment, ces trois années n’avaient nullement apaisé sa fureur.

— Et si elle était déjà enceinte ? demanda-t-il en s’efforçant de conserver un ton détaché.

Au moment où il posait la question, Warrick sut qu’Owen serait prêt à tout pour éliminer cet enfant. Cet homme était déterminé à mettre la main sur l’héritage, quoi qu’il en coûtât. En effet, un sourire mauvais étira les traits juvéniles.

— Elle ne mettra pas au monde d’enfant. J’y veillerai.

Heureusement, il fit signe à un serviteur à ce moment-là et ne vit pas le regard de Warrick s’assombrir. Le serviteur approcha et lui tendit une lettre. Owen s’en saisit et fit signe à Warrick de se servir une coupe d’ale.

— Mes gens ont intercepté cette missive voilà quelques jours. Mon frère vous convie à Pevensham en qualité d’invité. Pendant que vous séjournerez là-bas, vous aurez tout loisir de lui ôter la vie.

Les mâchoires serrées, Warrick s’empara du parchemin qu’on lui tendait et nota que le sceau brisé était bien celui d’Alan de Courcy. Dans sa lettre, ce dernier mentionnait une mission spéciale qu’il souhaitait lui confier, promettant en échange une généreuse somme d’argent.

Warrick dut admettre que sa curiosité était piquée ; néanmoins il n’avait aucune intention d’accomplir une quelconque mission pour cet homme. Depuis que Rosamund l’avait épousé, il n’avait plus adressé la parole ni à l’un ni à l’autre.

— Je compte sur vous pour veiller à ce qu’Alan ne passe pas les prochaines semaines. Faites en sorte de maintenir Rosamund loin de lui, afin que je sois certain qu’elle n’attende pas d’enfant.

— Pourquoi maintenant ? insista Warrick en restant de marbre.

Décidément, la précipitation d’Owen lui paraissait suspecte. Peut-être était-il lui-même sous le coup d’une menace imminente.

— Le roi Henry rentrera bientôt de Normandie. Je dois être prêt à officialiser mes alliances.

Warrick leva un sourcil, intrigué par le choix de ses mots. Peu à peu, les motifs de la tapisserie commençaient à s’agencer. Si Owen était à la tête de deux domaines importants, il deviendrait un allié de prix aux yeux du roi. À moins qu’il n’ait l’intention de s’allier aux fils rebelles de Henry, dans l’espoir d’obtenir un poste plus important pour lui-même.

— J’imagine que vous voulez éviter toute responsabilité dans cet assassinat, fit-il froidement remarquer. Si je suis pris, je serai exécuté pour meurtre, et vous resterez bien à l’abri.

Owen sembla parfaitement indifférent.

— Alors je vous suggère de ne pas vous faire prendre. Faites croire que sa mort est naturelle. Vous pourriez le tuer dans son sommeil, ainsi personne ne saurait jamais la vérité.

Warrick réprima un frisson de dégoût. La lâcheté de cet homme l’écœurait.

— Je ne tue pas les innocents.

Owen le contempla d’un air narquois.

— Vous l’avez pourtant fait de nombreuses fois au service de notre roi. Combien d’hommes avez-vous massacrés au cours des batailles ? On ne vous appelle pas le Lord sanglant sans raison.

— Je ne suis pas lord, rétorqua Warrick en masquant la tension qui l’habitait.

— En effet. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous allez m’aider. Vous ne possédez rien du tout pour l’heure. Je vous donnerai une terre en Irlande où votre pauvreté n’aura plus aucune importance. Vous pourrez recommencer votre vie en tant que lord, comme vous l’avez toujours voulu.

C’était vrai. Il voulait des terres depuis toujours. Le désir de posséder son propre domaine bouillait dans son sang. En tant que fils cadet, il ne possédait rien au monde. Or, il n’avait nulle envie de vivre avec son père ou même son frère Rhys. Cependant, il ne comptait pas révéler ses aspirations profondes à Owen. Sa main retourna se poser sur le pommeau de son épée.

— Si je voulais des terres, je pourrais m’en emparer moi-même.

— Vous n’avez pas assez d’hommes pour assiéger une forteresse. Et je sais fort bien que la terre n’est pas le seul bien que vous convoitez. Vous voulez vous venger de Rosamund et de l’homme qui vous l’a prise. Je vous donne l’occasion de la récupérer. Vous pourrez la punir selon votre bon plaisir.

Warrick sentit un froid glacial l’envahir. Cet homme sans scrupules était une menace sérieuse pour la jeune femme. Bien sûr, il ressentait toujours une violente colère à son égard depuis cette nuit où elle l’avait trahi. Mais aujourd’hui, la curiosité le disputait à la rage. Pourquoi Alan de Courcy l’avait-il fait appeler auprès de lui ? Que voulait-il ? Il ne faisait aucun doute que cela devait avoir un lien avec Rosamund.

Il ferait mieux de rester à l’écart. Il savait que la revoir ne ferait que raviver d’anciennes blessures. Il avait bien essayé de passer du bon temps auprès d’autres femmes, tentant désespérément de se construire une vie sans elle. Pourtant, jamais il n’avait pu oublier son sourire empli d’amour, ses mains douces pressées sur son cœur qui battait plus vite à chaque fois qu’elle était près de lui. Il avait caressé tant de fois la soie sombre de ses cheveux, il l’avait embrassée à en perdre le souffle, jusqu’à ce qu’elle gémisse sourdement sous la pointe du désir. Ses yeux verts magnifiques l’avaient contemplé comme s’il était le seul homme sur terre.

Puis elle en avait choisi un autre. Et sa rage n’avait pas cessé depuis. Le père de Rosamund leur avait interdit de se revoir, puisque Warrick n’avait rien à lui offrir. Néanmoins, il avait cru que Rosamund l’aimait assez pour défier sa famille et rester auprès de lui. Après que son père les avait surpris sur le point de s’enfuir ensemble, il avait pris une sévère raclée pour elle. Il aurait supporté bien plus en vérité. Mais, au lieu de tenir la promesse qu’ils avaient échangée sur une terre sacrée, elle avait renié son vœu et choisi Alan de Courcy.

Malgré sa fureur, Warrick savait qu’il devait regarder au fond de ses yeux traîtres afin de comprendre pourquoi elle avait agi de la sorte. Aujourd’hui, elle était certes mariée à un homme riche ; toutefois, elle n’avait pas eu d’enfants et son époux était à l’agonie. Regrettait-elle son choix après toutes ces années ?

— Allez découvrir ce que mon frère veut de vous, déclara Owen en lui lançant un lourd sac. Et prenez ça comme une preuve de ma bonne foi.

Warrick l’ouvrit et découvrit qu’il était plein de pièces d’argent. Il le reposa sur la table en secouant la tête.

— Je n’assassinerai personne pour vous.

— Pas même pour elle ? Pas même si vous pouviez la posséder une fois son mari mort ?

Warrick s’efforça de garder son calme. Il avait pris sa décision. Il irait découvrir ce qu’Alan de Courcy voulait lui demander, même s’il n’avait aucune intention de devenir le tueur à gages d’Owen.

— J’irai à Pevensham. Simplement pour satisfaire ma propre curiosité. Si vous voulez faire assassiner votre frère, ce ne sera pas de ma main.

L’expression d’Owen se fit pensive.

— Nous verrons, de Laurent, nous verrons.

* * *

Rosamund n’avait jamais été aussi mal à l’aise de sa vie, à l’exception peut-être de sa nuit de noces. Au cours des jours qui venaient de s’écouler, elle avait prié des heures durant pour qu’Alan change d’avis ; malheureusement, il s’était entêté dans son plan déraisonnable. Elle aurait aimé avoir le courage de lui faire front et de refuser ce qu’il exigeait d’elle car son mensonge pesait sur sa conscience. Seulement le silence était plus facile que la confrontation. Après tout, l’adultère était un péché bien plus grave que rompre une promesse et, puisque son mari l’avait placée dans une position intenable, elle n’avait d’autre choix que de prendre l’option la moins catastrophique.

Ces derniers jours, elle avait passé des heures à sa fenêtre, guettant l’arrivée de Warrick, à la fois terrifiée et impatiente. Et voilà qu’il venait d’apparaître, à cheval, précédant deux hommes en armes. Depuis la tour, elle ne pouvait distinguer les traits de son visage ; toutefois, sa silhouette imposante et sa posture fière étaient bien celles de l’homme qu’elle avait aimé. Une fois passé les portes, il fit halte dans la cour. Il observa un moment les murailles intérieures avant de lever les yeux vers la tour. Rosamund se figea, parfaitement consciente de l’instant où ses yeux se posèrent sur sa silhouette à travers la croisée ouverte. Il l’avait reconnue, elle en était sûre. Malgré la distance, sa robe d’un bleu profond devait être aussi visible qu’une bannière.

Chance ou destin, elle avait revêtu ce jour-là ses plus beaux atours, le bleu de sa robe ajustée mettant en valeur le noir de ses cheveux. Sa cotte-hardie était agrémentée de longues manches brodées et d’une ceinture d’argent ornée de saphirs. Autour de sa gorge, elle portait une chaîne d’argent d’où pendait un lourd saphir qui reposait sur son décolleté. Sa servante Berta avait fait merveille avec ses cheveux en les remontant en un lourd chignon tressé qui dessinait une couronne sur sa tête.

Warrick savait-il pourquoi il avait été appelé ? Que lui avait dit Alan exactement ? Sa peau se hérissa de peur et d’appréhension. Elle se rappelait parfaitement le regard de haine qu’il avait posé sur elle le jour de son mariage. Elle savait pourquoi il était venu y assister. Il était venu lui demander de fuir ce mariage, d’abandonner sa famille et la vie qu’elle avait connue, pour lui. Aussi avait-elle pris grand soin de ne pas croiser son regard une seule fois.

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Commentaires récents

Or

Super! J’ai bien aimé l’intrigue, les personnages, l’écriture… j’ai passé un bon moment.

7,5/10

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Bronze

Histoire qui se lit malgré une héroïne un peu trop soumise et indécise à mon goût. Le héros est lui aussi plutôt indécis. Mais ils se rattrapent sur la fin.

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Argent

une couv' assez classique, mais une 4ème intéressante.

une agréable histoire, pleine de rebondissements.

bon moment de lecture

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Or

Lecture agréable, une belle histoire malgré un manque de profondeur des personnages et une romance trop simple.

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Bronze

Sous une plume fluide, une histoire sympathique malgré de nombreux raccourcis ou illogismes.

Néanmoins, on a de l’empathie pour ce couple blessé par la vie et qui a dû faire face à beaucoup d’embûches.

En bref, un 1 er tome correct, un scénario assez rebondissant, malgré pas mal de raccourcis, un duo attachant.

Bonne lecture.

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Dates de sortie

Coeur de guerrier, Tome 1 : La nuit de l'interdit

  • France : 2018-06-01 - Poche (Français)
  • USA : 2017-06-20 - Poche (English)

Activité récente

Choupi- l'ajoute dans sa biblio or
2021-05-23T21:12:03+02:00
crisba le place en liste or
2020-12-16T22:30:49+01:00

Titres alternatifs

  • Forbidden Night with the Warrior - Anglais
  • Forbidden Night with the Warrior (Warriors of the Night #1) - Anglais
  • Illecita tentazione - Italien

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Note globale 7.5 / 10

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