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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-25T11:36:47+01:00

<< L'état normal de mon père est l'indignation >>, dira Clemenceau. Il a élevé ses six enfants dans l'amour exigeant de la Révolution française, mère de la République, et a suspendu des portraits de Robespierre et de Saint-Just dans toute la maison. Son républicanisme est assorti d'un anticléricalisme frénétique. Il tonne contre la religion << qui n'a produit qu'inertie et résignation stupide. Il est difficile de croire, dit-il, qu'une doctrine qui n'a produit que misère et tyrannie depuis deux mille ans peut soudain donner naissance au bonheur et à la liberté. >>

Hormis son cocher et son jardinier, il n'adresse jamais la parole à ses domestiques et se fait servir à table par sa femme.

Dressé contre Napoléon III et fiché comme opposant irrécupérable, il a été incarcéré sous le Second Empire, à Nantes, lors d'une vague de répression, et condamné à la déportation en Algérie.

Son fils l'a vu partir pour Marseille menottes aux poignets, entre deux gendarmes, et ne l'a jamais oublié. L'une de ses filles, Emma, en a éprouvé un tel saisissement qu'elle en a perdu la mémoire et l'usage de la parole. L'adolescent, lui, s'est écrié : << Je te vengerai ! - Si tu veux me venger, travaille ! >> a répondu le père. Ce << Travaille ! >> s'adressait à un élève brillant, certes, mais irrégulier. Pour finir, Benjamin Clemenceau sera gracié. Mais l'image du Père est désormais clichée.

C'est à ce héros persécuté que Georges Clemenceau ne cessera de s'identifier, à l'homme martyr de son idéal, et, jusqu'à la mort du vieillard en 1897, il ne réussira pas à << tuer le père >>, comme on dit aujourd'hui. Il en restera captif et se sentira coupable de n'être pas à sa hauteur.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-25T11:22:09+01:00

Mère protestante qui fait lire la Bible à ses six enfants mais qui a dû jurer à son mari, athée farouche, de ne jamais les baptiser. Education à la fois sévère et raffinée. Féodale. Cheval, chasse, danse, culture classique. Les Clemenceau sont aisés et vivent sur leurs terres - quatre-vingt hectares, deux métairies -, en seigneurs paysans, ce que Georges Clemenceau sera toute sa vie. << Mon grand-père allait voir ses vaches en cravate blanche >>, racontera-t-il. Il connait chaque brin d'herbe du bocage, chaque chemin creux, il est enraciné dans ce paysage de collines douces, de haies vives et de ruisseaux, il ne veut rien savoir du commerce et de l'industrie

A une époque où l'on n'y pensait guère, il change de chemise tous les jours. Sa tenue est toujours impeccable. Il n'est pas grand mais il est mince, leste, fin cavalier, escrimeur redoutable, tireur émérite, avec un curieux visage que l'on disait mongol, aux pommettes accusées, à l'œil aigu sous d'épais sourcils noirs.

Quand éclate le guerre de 70, il vit dans le château familial, à L'Aubraie, grande bâtisse sévère flanquée d'une ferme, avec les siens et la jeune épouse qu'il a ramenée d'un séjour en Amérique, Mary Plummer, jolie brunette de dix-huit ans, et il exerce la médecine.

Il a enduré un chagrin d'amour qui fut aussi un chagrin d'orgueil, infligé par la sœur de l'un de ses amis, Hortense Scheurer Kestner, jeune fille belle et courtisée. Il a voulu l'épouser, elle l'a repoussé. C'est alors qu'il est parti aux États-Unis où il a vécu quatre années, parcourant le pays en tous sens, faisant des traductions, écrivant des articles pour Le Temps de Paris, donnant des leçons d'équation.

Il a épousé Mary quand il a appris qu'Hortense s'était mariée à Charles Floquet, un avocat qui deviendra parlementaire. Et la petite Américaine a quelque peine à s'intégrer à la vie vendéenne. Mais il la plante là, avec son bébé tout neuf, pour rentrer à Paris où il va assister, horrifié, à la débâcle de Sedan.

Ici, il faut dire quelques mots du père de Clemenceau, Benjamin, tant il aura joué un rôle déterminant dans les comportements de son fils. C'est un homme rigide, bon, sombre, toujours furibond.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-25T10:46:40+01:00

Le premier Clemenceau qui retient l'attention, c'est celui qui fut maire de Montmartre pendant la Commune.

Il n'a pas trente ans. Il est médecin, comme son père, son grand-père, son arrière-grand-père. Quand on remonte les générations, on trouve un libraire imprimeur, un apothicaire, deux avocats... Vieille famille vendéenne << bleue >>, c'est-à-dire vigoureusement républicaine. L'un des ancêtres s'est engagé pendant la Révolution dans l'armée républicaine de l'Ouest qui tentait de soumettre les royalistes vendéens.

<< J'aime les Vendéens, dira Clemenceau, ils ont un idéal et, pour le défendre, quelque chose de têtu, d'étroit, de sauvage qui me plaît. >>

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-24T11:52:33+01:00

Elles sont comme une encoche dans l’image traditionnelle de Clemenceau : dur, destructeur, instable, cruel, insupportable, misogyne, insolent, irascible... << Ce terrible petit vieillard >>, dira Churchill.

On verra qu’il fut tout cela aussi.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-24T11:49:19+01:00

Elle a quarante ans de moins que lui. Le Tigre est tombé amoureux.

A partir de cet instant, les jours où il ne voit pas Marguerite Baldensperger, il lui écrit. Des lettres superbes, drôles, tendres, fraîches, des lettres de jeune homme épris, prompt au badinage. Cette idylle a duré six ans, jusqu’à ce que le cœur du Tigre cesse de battre, le temps de six cent soixante-huit lettres qui furent révélées en 1970 seulement.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-24T11:00:01+01:00

Un jour, c'est une jeune femme en grand deuil qui se présente, Marguerite Baldensperger. Elle vient d'Alsace lui demander un texte pour une collection de livres. Il la reçoit gentiment. Elle lui suggère d'écrire sur Démosthène. Il la trouve charmante et le lui dit. Elle revient une fois, deux fois, présente son mari. La troisième fois, il l'interroge : de qui porte-t-elle le deuil ? Elle a perdu un enfant, épreuve cruelle. << Je vais beaucoup penser à vous, lui dit-il. Il faut reprendre le goût de la vie. Il faut lutter, je vous aiderai. >>

Et, lui tendant la main à travers le bureau : << Mettez votre main dans la mienne. Voilà. Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir. Embrassons-nous. >>

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-24T10:53:21+01:00

Il vit reclus entre son rez-de-jardin fleuri de Passy, bourré de gravures, de tableaux, de sculptures, et sa chaumière de Vendée. Il a du diabète, il est ganté de gris parce que ses mains sont ravagées par un eczéma récurrent, ses bronches sont fragiles, mais il a fait encore trois voyages épuisants en Égypte, en Asie, aux États-Unis avant de poser son sac.

Maintenant, Georges Clemenceau écrit à la plume d'oie, derrière un étrange bureau en arc de cercle, un ouvrage philosophique, Au soir de la pensée. Il reçoit encore beaucoup de visiteurs.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-24T10:48:47+01:00

Il a quatre-vingt deux ans. Il a été éjecté de la vie politique à soixante-dix-huit ans au faîte de la gloire. Les parlementaires chargés d'élire le président de la République lui ont préféré l'avantageux Deschanel.

Vengeance de trop d'avanies, de trop de mots féroces, de trop d'indépendance.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-24T10:46:17+01:00

<< Je suis un mélange d'anarchiste et de conservateur. Reste à déterminer dans quelles proportions. >>

Georges Clemenceau à Jean Martet.

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Extrait ajouté par Alyer 2022-11-24T10:44:37+01:00

Dans la mémoire collective, Clemenceau c'est le Père la Victoire, et, sans doute, pendant les douze mois où il fut responsable de la France, entre 1917 et 1918, a-t-il mérité ce nom.

Mais Clemenceau, c'est bien autre chose aussi. C'est la République pour laquelle il s'est tant battu. C'est un tempérament, c'est une âme ardente et forte en état d'insubordination permanente contre les forces de la réaction et la bourgeoisie de son temps dont il méprisait l'étroitesse d'esprit, la pruderie, la prudence. C'est un combattant de toutes les heures, que l'on surnomma le Tigre tant il avait des griffes meurtrières. C'est un homme enfin, avec ses faiblesses, ses erreurs, ses passions.

Cœur de Tigre n'a pas pour objet d'écrire par le menu sa biographie. D'innombrables historiens s'y sont employés. Il s'agit plus modestement d'un portrait.

Le voici.

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