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– Bon, je n’ai toujours pas le droit de savoir qui est ton père célèbre ?
– Non.
– Attends, il faut que je cherche des Italiens célèbres ! m’excité-je un peu.
– Ne te fatigue pas, Sol.
– DiCaprio ? Non, trop jeune ! Madonna ? Non, pas assez couillue.
– T’es vraiment nulle en devinettes… se marre-t-il dans sa barbe.
– Je sais ! Robert de Niro ! Ça expliquerait ta mine renfrognée… « You fuck my wife ? » tenté-je avec un sourcil relevé et une voix virile.
– T’es encore plus mauvaise en imitation ! rigole-t-il franchement, cette fois.
– Bon, alors Al Pacino, c’est forcément lui !
– Je n’ai jamais dit qu’il était acteur.
– Ah oui, marque de luxe… Alors Gucci ? Non, les autres, là ! Dolce ou Gabbana ?
– Ils sont gays, non ?
– Ce que tu peux manquer d’imagination, Salinger !
– Ferme-la et conduis, Soleil !
J’essaie de lui envoyer une tape à l’aveugle mais il esquive le contact. Je replace ma main sur le volant, sans pouvoir m’empêcher de me demander si je toucherai un jour à nouveau à cette peau.
Afficher en entier– Ne touche plus à rien, me souffle le brun. Dors. Je suis à côté si ça ne va pas…
– OK, boss… ris-je, à moitié assoupie.
– Je ne suis ni ton boss, ni ton ange gardien, ni ton père, grommelle-t-il en s’éloignant.
– Ça tombe bien, je n’ai rien de tout ça, continué-je à divaguer. Ni patron, ni garde du corps, ni mari, ni père, ni mère. Le néant…
Il me semble qu’il s’arrête dans son élan, comme si ma dernière réplique l’avait touché, puis repart en claquant la porte derrière lui. Ou alors c’est l’alcool qui me fait croire qu’il tient un tout petit peu à moi.
Dans tes rêves, Tutu !
Afficher en entier– Dur pour toi, hein ? dit-il avec un sourire en coin, en prenant la première à droite.
– Quoi donc ?
– De la boucler.
– Charmant… sifflé-je en accélérant le pas.
Je traverse sans l’attendre, il me rejoint au pas de course après avoir laissé passer un véhicule.
– Solveig, ralentis, je ne voulais pas te vexer !
– Raté.
– Désolé. Toi et moi on est juste… différents.
– Aux antipodes, tu veux dire, grogné-je.
– Ça nous promet au moins une chose…
– Quoi ?
– On ne va pas s’ennuyer pendant les prochaines semaines…
Il a prononcé cette phrase de sa voix rauque et sans sourire, mais j’ai vu passer une lueur de joie dans son regard. Et c’est con, très con, terriblement con, mais ça me réchauffe le cœur.
Afficher en entier– Désolé pour le détour, lâche mon voisin quand on rejoint l’autoroute 80.
– Pas de souci, la Chevy a l’air de tenir le coup.
– Toi aussi ? me demande-t-il avec un regard plus doux que d’habitude.
– Oui… J’ai cru que j’allais mourir de ne pas pouvoir parler.
– J’ai vu, s’amuse-t-il.
– Comment tu as su t’y prendre, avec elle ?
– Elle m’a fait penser à ma petite sœur, Calliopé. Notre enfance n’a pas toujours été…
Dante s’interrompt et fronce gravement les sourcils, contrarié d’en avoir trop dit. Il fixe la route en se passant la main sur la barbe, retrouve son air sombre et soucieux, se renferme dans sa bulle inaccessible. Je ne saurai peut-être jamais la fin de cette phrase. Mais cette fois, je ne cherche même pas à insister. Aujourd’hui, j’ai peut-être appris à me taire. Et en l’observant, en l’écoutant, je crois en avoir plus appris sur lui qu’il ne l’aurait jamais dit.
Afficher en entierJe le regarde encore en attendant sa réaction mais Dante a l’air de se foutre pas mal que je le trouve sexy ou pas. Il me fixe de ses yeux noirs énigmatiques, puis détend ses sourcils, par pur esprit de contradiction. J’ai du mal à quitter son regard qui me défie presque.
– Solveig, devant toi ! crie sa voix rauque.
Un abruti qui double en face de moi se rabat au dernier moment dans sa voie.
– Oh le con ! Le con, le con, le con ! braillé-je au rythme de mon cœur qui cogne.
– Tout va bien, tente de m’apaiser mon copilote.
– Il aurait pu nous tuer !
– Il ne l’a pas fait…
– Non, mais c’est un type comme lui qui a tué mon mari ! Et pour quoi faire ? Pour arriver cinq minutes plus tôt ? Pour se prouver qu’on est le meilleur ? Qu’on a la plus puissante voiture ? La plus grosse paire de… ?
– J’ai compris, me coupe-t-il.
– Le chauffard qui a causé la mort de Preston était ivre. Je te l’ai dit, ça ? Encore un pauvre gars qui s’est cru plus fort que les autres, plus fort que l’alcool ! m’emporté-je. Ce que les hommes peuvent être stupides ! Tous des cons ! Toujours à vouloir prouver des choses !
Longue pause. Un grand corps qui se tend, à ma droite. Et puis…
– Je suis d’accord, conclut-il d’une voix caverneuse.
Afficher en entier– Ça doit être lassant à la longue, non ?
– Quoi donc ? me demande le brun en reposant son mug de café.
– La drague, les clins d’œil, les filles qui en font un peu trop pour que tu les remarques…
– Je ne sais pas. Ça te lasse, toi ? riposte sa voix rauque, légèrement taquine.
– Ça ne m’arrive pas.
– Tu rigoles ?
– Non.
– Solveig, tous les hommes qu’on croise te matent. Même lui ne peut pas s’empêcher de te reluquer !
Je me retourne et croise le regard hébété d’un petit garçon qui doit approcher les… neuf mois.
– Très drôle.
– Sérieusement. Tu es perchée donc tu ne t’en rends pas compte, mais tu ne passes pas inaperçue, loin de là.
– Ça doit être parce que je suis extraordinairement photogénique, lui souris-je en accueillant mon assiette gargantuesque de pancakes.
– Je n’ai jamais dit extraordinairement, grogne-t-il en détournant le regard.
– Non, mais tu l’as pensé.
– Faux.
– Mange et arrête de me contredire, grommelé-je en louchant sur son bacon.
Afficher en entierFlirter, ça ne m’est jamais arrivé depuis Preston. Je suis en train d’oublier ma promesse. De trahir le seul homme que j’aie jamais aimé et qui n’est plus là pour se battre pour moi. Mon cœur se serre, la tristesse m’envahit. Sans un mot, sans un regard en arrière, je regagne la chambre onze et passe vingt minutes sous le jet faiblard d’une douche froide. En laissant couler mes larmes.
Afficher en entierLes trente minutes suivantes passent à une vitesse folle. Je le harcèle de questions, réclame des indices, lance des propositions en l’air, mais rien n’y fait : Dante ne cède pas. Il s’enferme dans son silence, m’envoie des réponses monosyllabiques quand l’envie lui prend et observe encore et toujours le paysage.
– Tu ne ressembles pas à un fils à papa plein de fric, pourtant. Avec ton air rebelle… et tes tatouages, lancé-je, à bout d’arguments, pour le faire passer aux aveux.
– Solveig ?
– Oui ?
– Tu dis ça pour me provoquer, en espérant me faire parler ?
– Oui.
– Perdu, sourit l’effronté en rallumant la radio.
Afficher en entier– Je ne suis pas bavard, Solveig. Il va falloir t’y faire.
– Et je ne renonce pas facilement, Dante. Il va falloir t’y faire.
Il y a trois heures et demi, nous étions de parfaits inconnus l’un pour l’autre. Je me serais probablement retournée en le croisant dans la rue, et ça se serait arrêté là. Mais le destin (ou mes plans foireux) nous ont réunis dans cette voiture et voilà le résultat.
Le brun ténébreux et la blonde culottée se défient ouvertement, un sourire impertinent aux lèvres, juste pour le principe.
– Ça ne fonctionne pas comme ça. Tu ne peux pas forcer quelqu’un à parler, insiste-t-il.
– Oublie toutes tes certitudes, répliqué-je avec un sourire. Tu n’as encore jamais fait la route avec un spécimen comme moi…
– Vrai. Mais tu rêves si tu crois que je vais céder.
– Si tu y mettais un peu plus du tien, je ne serais pas obligée d’être aussi pénible !
Afficher en entier– Dante, tu as conscience qu’on va passer plusieurs semaines enfermés dans ce tas de ferraille ?
– Oui.
– Et ?
– Et je n’ai rien contre le silence.
Il tourne à nouveau son visage vers la fenêtre. Mais pas assez vite pour dissimuler son sourire.
Qu’est-ce que tu caches, beau brun ?
Et pourquoi est-ce que je cherche tant à le savoir… ?
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