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— Votre épouse ne voulait pas continuer à visiter la Forteresse, monsieur Zeffer ? demanda le père Sandru en voyant que l’homme d’un certain âge au beau visage triste était venu seul en ce deuxième jour.
— Cette dame n’est pas mon épouse, expliqua Zeffer.
— Ah…, fit le moine, et la commisération contenue dans sa voix indiquait qu’il n’était pas du tout indifférent aux charmes de Katya. C’est bien dommage pour vous, hein ?
— Oui, reconnut Zeffer avec une certaine gêne.
— C’est une très jolie femme.
Afficher en entierPrologue
LE CANYON
C’est la nuit à Coldheart Canyon, et le vent souffle du désert.
Le Santa Ana, voilà comment ils appellent ce vent. Il souffle du désert du Mojave en apportant avec lui le malaise et la menace des incendies. Certains disent que ce nom lui vient de sainte Anne, la mère de Marie ; d’autres disent qu’il tient son nom d’un certain général Santa Ana, de la cavalerie mexicaine, grande pourvoyeuse de poussière ; d’autres disent que ce nom est une déformation de santanta, qui signifie « vent du Diable ».
Quelle que soit la vérité, une chose est sûre : le Santa Ana est toujours brûlant, et parfois si riche en parfums que c’est comme s’il avait ramassé les odeurs de toutes les fleurs qu’il avait secouées sur son passage. Tous les lilas et toutes les roses sauvages, toute la sauge et la stramoine fétide, tous les héliotropes ; il les a rassemblés dans son étreinte chaude et les a transportés jusque dans le chenal secret de Coldheart Canyon.
Afficher en entier– Considère que c’est un livre d’histoire, dit-elle avec un sourire en coin.
– L’histoire de quoi ?
– Des temps meilleurs.
Todd parcourut rapidement quelques pages. Ici et là, il tombait sur un nom qu’il connaissait : Norma Talmadge, Theda Bara, John Gilbert, Clara Bow… autant de stars de cinéma d’une autre époque.
– Tu as connu tous ces gens ? demanda-t-il.
– Oui, bien sûr. Quand tu voulais t’amuser, c’était ici qu’il fallait venir. Tous les week-ends, il y avait une grande fête. Dans la piscine, parfois. Ou bien dans la maison. Parfois aussi on organisait des chasses dans tout le canyon.
– Des chasses aux animaux ?
– Non, des chasses à l’homme. Avec des gens traités comme des animaux. On les fouettait, on les enchaînait et… bref, tu imagines.
– Je commence… Ouah ! Je vois que Charlie Chaplin est venu ici !
– Oui, il venait souvent. Il amenait ses fillettes.
– Ses fillettes ?
– Il les aimait jeunes.
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