Comment les rabbins font des enfants - Sexe, transmission et identité dans le judaïsme
Auteur
- Delphine Horvilleur (Écrivain)
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extrait
Cette blague juive est la moins juive qui soit, tant elle renverse une image traditionnelle du judaïsme, celle du parent fusionnel. Le ressort comique habituel de cette parentalité est celui du lien étouffant. Le parent juif, et surtout la mère, se félicite rarement de l’indépendance de sa progéniture et de son envol du nid familial. Bien au contraire, on lui prête une personnalité envahissante et intrusive. Sorte d’« anti-Tefal » relationnelle, la mère juive adhère et s’accroche en toute circonstance à sa progéniture surprotégée et infantilisée. Elle étouffe d’amour et de culpabilité celui qui reste à jamais un enfant à ses yeux, et elle le couve comme si la grossesse ne pouvait jamais prendre totalement fin. Elle dit : « Mon chéri, mets un pull, parce que j’ai froid ! » et sait mieux que lui où sont ses besoins et ses intérêts parce que pour elle, son corps et celui de l’enfant font un pour l’éternité. Les histoires drôles sur les « mères juives » constituent une catégorie humoristique à part et disent toujours l’amour excessif et invasif, la fusion pathologique et l’autonomie compromise.
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Dates de sortie
Comment les rabbins font des enfants - Sexe, transmission et identité dans le judaïsme
- France : 2015-10-14 (Français)
- France : 2017-04-19 - Poche (Français)
Activité récente
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Résumé
L’auteur explore ici les questions de filiation, de procréation et de transmission en suivant trois axes d’exploration : Comment se fabrique un parent (mythologie) / Comment se fabrique une identité (pédagogie) / Comment se fabrique le désir (sexologie) selon le judaïsme ?
A l’heure des replis communautaires et des identités figées, elle constate que l’héritage n’est jamais une réplication à l’identique, contrairement à ce qu’affirment les fondamentalismes, mais une infidélité partielle qui fait constamment surgir de l’inattendu (« Ne pas appartenir condamne à mourir et trop appartenir, à ne jamais devenir soi. »)
On dit le judaïsme obsédé de filiation, il l’est surtout de rupture, seule garante de la vivacité d’une tradition qui a besoin pour se renouveler d’être bousculée, fertilisée par d’autres (« Les Juifs se reproduisent afin que quelque chose cesse de se reproduire ») et par demain (« …Chaque génération ne sort d’Egypte qu’au nom de celle qui viendra après elle. »… « Le juif est ce qui pourrait naître de lui. »)
D’où l’appel de l’auteur à une « religion matricielle » qui, à la manière d’un utérus, fait de la place à l’autre - notamment au féminin - et se laisse contaminer par de l’étranger. Ainsi, les textes sacrés doivent être fécondés par des lectures inédites.
Le lecteur est prié d’ensemencer les Ecritures de sens nouveaux (comme sont ici revisités et illuminés des épisodes de la Genèse – Adam et Eve, Caïn et Abel - loin des interprétations traditionnelles).
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