Extraits

(...) ils restaient des artistes, il leur fallait donc un nom de scène. Chaque vol était pour eux une représentation, un numéro nocturne, dont le public prendrait connaissance le lendemain, par l'entremise des journaux.

- C'est un beau calepin, dit Richie avec un regard d'envie.

- Je l'ai toujours sur moi, murmura Tiny. J'y note des idées de tortures.

Les yeux de Richie s'agrandirent de surprise.

- De tortures ? fit-il avec une gourmandise non dissimulée.

- Oui, fit nonchalamment Tiny. J'aime parfois me raconter que je suis un moine de la Sainte Inquisition et que j'interroge des hérétiques ou des sorcières.

- De jeunes sorcières ?

- Bien sûr. Les vieilles, je les laisse à mes subordonnés.

- Il faudra que vous me lisiez ça.

- Quand nous nous connaîtrons mieux.

Tiny savait qu'il devait s'en aller maintenant, avant que l'intérêt de Richie retombe. Il était ferré, il fallait le laisser sur sa faim. Il éternua trois fois de suite pour prévenir Peggy.

- Oh ! s'exclama celle-ci, vous vous enrhumez my lord, il faut rentrer. Venez, d'ailleurs, il est presque 4 heures, nous allons prendre le thé chez Fortnum, celui que vous aimez : à la bergamote.

Tiny fit un signe de connivence à Richie et s'éloigna. Dès que Peggy eut pris congé de la grosse Olivia, le petit Shieldrake se précipita vers l'Irlandaise pour lui parler avec fébrilité.

Tiny et Peggy s'éloignèrent entre les haies.

- Il a avalé l'hameçon ? demanda la jeune femme sans tourner la tête.

- Ouais, grogna Tiny dont le regard était de nouveau grave. C'est un sale cafard. Un vicieux sans imagination. Je l'ai appâté, il ne devrait pas tarder à se manifester.

Il parlait d'une voix sourde, tranchante, qui contrastait étrangement avec son timbre enfantin.

"C'est mon secret,répliqua Vernon.Ne cherchez pas à comprendre.Le mystère,c'est le fortifiant de l'amour".

"C'est une maison de fous, conclut-elle en s'allongeant à côté de "l'enfant",si nous restons trop longtemps nous allons perdre la tête nous aussi".