Extraits

François lui délivra par le détail tout ce qu’il avait noté. Quelques minutes après, les deux hommes se retrouvaient plongés dans le même embarras, avec les mêmes questions et les mêmes doutes. Tous les deux portaient, innés en eux, le sens de la justice et cette volonté de défendre la veuve et l’orphelin et donc de mieux servir leurs concitoyens. Pas d’autre issue que de voir « au-dessus »…

Ils ne tardèrent pas à se retrouver au bureau du patron, le commissaire Yann Le Godarec qui, à son tour, saisit la patate chaude et partagea l’embarras de ses deux OPJ. Cette situation lui disait bien quelque chose, mais sans plus. Il se souvenait avoir eu, à une certaine époque, des appels téléphoniques de différents notables de la ville qui s’étaient engagés dans l’association, mais pour lui, rien de particulier ne s’était réellement produit et il n’en avait plus jamais entendu parler. Néanmoins, à cet instant, il percevait confusément le caractère redoutable que présentait cette affaire et cette inquiétude rassemblait désormais les trois personnes.

Ce dernier week-end d’août très ensoleillé, ultime sursaut d’un été maussade, venait de marquer la fin de la saison estivale. Ce lundi matin sonnait bien l’heure de la rentrée. L’ambiance était bon enfant dans le coin repos autour de la machine à café. Les blagues et les rires fusaient entre les équipes qui terminaient leur service et les troupes fraîches qui arrivaient.

— En juin 1987, Arnaud s’est retrouvé impliqué dans une affaire sordide, survenue à Concarneau. Inculpé, il a été condamné à vingt ans de prison pour le viol et le meurtre d’une jeune fille. Rapidement bouclée, cette malheureuse affaire n’avait pas fait grand bruit à l’époque, mais Arnaud a toujours clamé son innocence...

La mère ne put alors retenir ses larmes tandis que la grand-mère poursuivait son monologue de façon plus détachée comme si ce drame était une histoire qu’elle récitait par devoir et dont l’impact sur sa vie semblait appartenir au passé et être enfoui au fond d’elle-même.

François voyait bien qu’elle pesait ses paroles. Peur de choquer, d’aller trop vite ? D’oublier à qui elle parlait ? Peut-être voulait-elle simplement s’acquitter d’une quelconque dette...