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-Une fille qui aime le foot et qui sait boire de la bière. J'apprécie.
Afficher en entierAttends! a lancé Raymond.
Du coin de l'oeil, je l'ai vu se lever, puis se baisser pour ramasser son pantalon qui, dans la fièvre semi-authentique de nos étreintes, avait volé jusqu'au milieu de la chambre. Il en a sorti un portefeuille en cuir noir.
-Elle te paye combien? Dis mille? Quinze? Je te donne le double, a-t-il dit en commençant à compter des billets de cent dollars.
Je me suis retournée et je l'ai regarder froidement compter son petit magot.
- Ce n'est pas une question d'argent, ai-je répondu d'un ton plat avant de repartir en direction de la porte.
- C'est toujours une question d'argent! Tu veux combien?
Je me suis arrêtée, j'ai réfléchi un instant, puis j'ai de nouveau pivoté vers lui. Cette apparent volte-face lui a arraché un immense sourir de triomphe.
- Navrée, mais ma loyauté n'est pas à vendre.
Son sourir s'est transphormé en rictus condescendant.
- Crois-moi, ma poulet, j'ai assez de fric pour acheter la loyauté de n'importe qui.
A cet instant, un petit objet brillent, par terre, a attiré mon regard. J'ai immédiatement reconnu l'alliance de Raymond Jacobs. Elle avait dû tomber de la poche de sa chemise quand nous nous étions rués sur le lit. Je me suis penchée pour la ramasser et, avec la délicatesse d'un chirurgien qui opère à coeur ouvert, je l'ai déposée sur la commodde.
- Il semblerait que non, ai-je rétaurqué.
Afficher en entierLà tout de suite, je me détestais. Je me détestais d'y avoir cru. D'avoir eu confiance. D'avoir éprouvé des sentiments. Jamais plus je ne voulais éprouver ce genre de sentiments. "Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que n'avoir jamais aimé" ? Quelle connerie ! Quel crétin ce Shakespeare !
Afficher en entierJ'ai soulevé le cadre. Ce soir-là, j'ai éprouvé à l'égard de ma mère un sentiment que je n'avais jamais encore ressenti: de la pitié. Ma mère avait toujours été voix de sagesse, celle qui savait tout du monde et savait tout ce qu'il fallait savoir pour me protéger. Or ce soir-là, en regardant la photo, il ne faisait aucun doute pour moi que nos rôles s'étaient soudain inversés.
Désormais, ce soir-là, ce serait elle qui aurait besoin d'être protégée. Et moi seule pouvais faire ça pour elle.
Ce soir-là, j'ai grandi.
À cause d'un seul regard fortuit, qui m'avait révélé un aspect insoupçonné de la vie de mes parents, à cause de ce bref aperçu des complexités d'une relation entre adultes, j'ai su que j'avais fait un pas de géant qui me rapprochait moi-même de l'âge adulte. Un pas dont j'avais toujours naïvement supposé qu'il viendrait avec une ligne de téléphone personnelle et un couvre-feu plus tardif.
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