Congo Inc. - Le testament de Bismarck

Bonne lecture, quelques passages très violents. L'équilibre est retrouvé à la fin. J'ai eu bien plus de mal à trouver sympathique ce protagoniste principal, à côté de celui de Mathématiques congolaises (en passant, j'adore le clin d'œil que nous fait l'auteur en glissant dans ce livre des références à l'autre, dont le personnage principal de Mathématiques congolaises qui devient un personnage très secondaire de Congo Inc.).

Si l'auteur de ce roman vit en Belgique, il est bien d'origine Congolaise. Et nous montre un peu de la vie au Congo à travers ce roman...

Isookanga est un jeune pygmé de 26 ans de la tribu Ekoanda, au Congo. Mais, loin de suivre les pas des siens, il aime Internet, écoute Snoop Dogg et est pour la mondialisation. Il joue à Raging Rage sur son ordinateur et cela lui a permis de découvrir les stratégies commerciales et guerriére. Alors il quitte son peuple et rejoint Kinshasa où il va vivre avec les shégés, les enfants des rues sans famille... En paralléle, on découvre différents personnages, tous trés différents...

Du prêtre vénale de l'église de la multiplication, au chef de guerre, en passant par l'employé chinois trahis ou la journaliste française, ils apportent une bonne touche d'humour au roman, qui n'en manque pas. Il faut pourtant savoir l'apprécier sans pour autant laisser de côté les vérités sur l'absurdité de certaines choses, sur les disparités dans le peuple congolais, entre les mondes. Mais aussi sur les aides trés artificielles apportés par les autres nations. On a donc affaire à une drôle d'histoire, souvent bancale, mais pas désagréable du tout. Si je pourrais m'insurger sur les descriptions de parties de jeu, pas crédible (mais bon, je suis joueur), le reste m'a bien plus et j'ai trouvé attachant, bien qu'étrange, cet Isookanga. Et touchant le pauvre Zhang Xia. Alors si certaines parties m'ont un peu ennuyé, j'ai globalement assez apprécié ce roman différent de ce que l'on peut lire habituellement !

Entre le roman et l’essai sur le Congo, malheureusement les deux n’arrivent jamais à vraiment se mêler. Il est très riche en informations, il touche a de nombreux thème notamment à la corruption qui gangrène le pays, à la fois désabusé et profiteur de la situation, Isookanga nous emmène sans filtre dans son univers quasi-dystopique mais toujours avec une pointe d’humour, de celle qui permet d’avancer dans les situations les plus cyniques.

« Qui sauvera le Congo ? » Mais question serait plutôt de savoir s’il veut être sauver, tous les personnages croisés dans ce roman assouvissent leur vénalité, veulent-ils vraiment que tout s’arrête ? Ce fossé entre les cases, les traditions et la réussite européanisée ne semble les attirer jusqu’à la folie.

Je sors mitiger de ma lecture, ne sachant pas trop si c’est un essai sur le pays avec autant de détails pas franchement utiles dans ce type de livre ou un roman engagé qui dénonce ouvertement les dérives du système.

Très très bon livre. A travers les tribulations d'Isookanga, jeune Ekonda parti "mondialiser" à Kinshasa, l'auteur dresse un portrait sans concession du Congo : guerre au Kivu, exploitation des enfants, massacres ethniques, exploitation des ressources... C'est violent comme la réalité mais servi avec beaucoup d'humour.

Un roman reçu avec la book-box Exploratology. Un concept que j'aime car il me permet de connaître des livres sortant des sentiers battus. Et c'est bien le cas dans ce cas. Me voilà projetée en Afrique, au Congo (pays qui fait partie de l'histoire de mon petit pays). Des héros plein de rêves et d'énergie dans un pays qui se cherche et peine à se trouver.

Une histoire que j'ai appréciée de par son rythme bien cadencé. Une écriture qui sort un peu du commun, des termes sentant le soleil africain.

Sur un thème proche, j'avais déjà lu "Ce que murmurent les collines" de Mukasonga Scholastique. La nostalgie de son pays perdu y était perceptible. Ce livre-ci est d'un tout autre tonneau.

C'est un livre qui vous remue. Le roman n'est ici qu'un prétexte. Il s'agit pour l'auteur de brosser un état des lieux de la RDC ainsi que de narrer les multiples vicissitudes de son histoire récente au Kivu. En 290 pages il brosse un tableau dramatique:

oLe génocide rwandais, le rôle des seigneurs de guerre, le viol comme arme de guerre oLes évangélistes ambitieux et avides d'argent oLes occidentaux blancs en quête de trafic juteux ou en nostalgie d'africanisme oUn ONU impuissant, une MONUC corrompue oDes enfants-soldats, l'exploitation sexuelle des enfants oLa mise en coupe sombre des ressources minérales du pays comme le coltan, le pétrole, les diamants. La nature n'est qu'un obstacle à leur exploitation.

oLa présence envahissante de la Chine en Afrique oLe mirage de la modernité répandu par internet et la technologie oetc...

Le récit se déroule d'abord sous forme d'une farce truculente et quasi rabelaisienne. Toutes les tares sont progressivement abordés au cours d'une intrigue tarabiscotée mais passionnante. Le tout est empreint d'un humour dévastateur. Le vocabulaire boursier voire mondialiste crée un hiatus déroutant, une mise en condition propice. L'introduction du jeu vidéo guerrier en leitmotiv n'est également pas innocent mais prémonitoire. Tout débouche sur la narration de l'horreur du génocide rwandais et le lynchage d'un seigneur de guerre. La réalité encore plus horrible que le jeu.

La paire de protagonistes, le prolétaire chinois Zhang Xia et le pygmée Isookanga, illustre à merveille l'opposition des idéologies politiques, des cultures, du respect des traditions. Ces deux-là n'en furent pas moins les dindons de la farce broyés par une mondialisation qu'ils appelaient de leurs vœux.

Un livre dont l'écriture est hautement originale et qui me paraît incontournable à qui voudrait s'informer intelligemment sur la RDC. Incontournable également pour les amateurs de bonne littérature francophone africaine. Le ton du livre reste néanmoins fort optimiste, bon enfant et ensoleillé. Africain quoi!