Extraits

— Je ne désire aucune autre femme, je ne vénère aucun autre corps, je ne veux aucun autre esprit que le tien. J’ai la valeur d’une éternité, je la veux auprès de toi.

— Est-ce que tu veux encore me faire du mal ? demandai-je dans un soupir.

Il me détailla de cet air dévastateur, ne lâchant pas un instant mes yeux.

— Je veux te faire du bien, je veux que tu oublies tout le reste, que tu ne songes qu’à moi, à ce que je vais te faire… ici, sur ce lit et sans doute contre la commode près de l’entrée.

Je ne voulais pas qu’elle me voit brisé, mais je devais aussi combattre mes ombres pour accueillir la lumière qu’elle portait en elle. Je voulais la laisser entrer en moi.

« – Je t’aime, au point de ne plus savoir comment te le dire de la façon la plus appropriée. »

J’entendis la voix de Carlyle et l’espoir me fit pousser des ailes.

— Je suis là !!! hurlai-je.

Le couloir sombre s’étirait à l’infini. Combien de temps avant qu’il ne m’atteigne et puisse me sortir de cet endroit ?

Je craignais de redevenir cet enfant, je ne le voulais pas, il me répugnait, il était faible et inutile.

Je pris de l’élan avant de percuter la porte de plein fouet, elle ne vibra même pas.

« Mon bébé, mon tout petit Silas… »

Je ne voulais pas l’entendre. Cette voix douce et passive, celle dont je ne voulais pas me rappeler.

« Ne pleure plus, ce n’est rien… Maman est là. »

Je sentis mes forces m’abandonner au même instant. Le silence revint autour de moi, plus un son, plus une voix, plus de Carlyle.

Il ne persistait que cette intonation de mon passé, celui que je terrais.

« Tu as mal ? Fais voir à maman. »

Mon crâne implosait. Je me sentis dériver, la porte me sembla dérisoire.

Mon dos frappa le mur, mes jambes chancelèrent et je perdis toute énergie. Je ne pouvais pas me battre.

Les cris stridents me brisèrent davantage. Elle avait hurlé si fort que je fus tétanisé par la peur et la peine.

Ma mère était en danger, mais qu’étais-je sinon un petit garçon apeuré ?