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La Souris, l'Oiseau et la Saucisse
Une souris, un oiseau et une saucisse décidèrent de s'installer sous le même toit. Longtemps, ils vécurent heureux, dans les limites de leurs moyens, parvenant même à économiser un peu. L'oiseau avait pour tâche de se rendre dans la forêt chaque jour, afin d'en rapporter du bois ; la souris devait aller chercher de l'eau au puits, allumer le feu et mettre la table, et la saucisse s’occupait de la cuisine.
Mais nous ne nous contentons jamais de vivre bien quand nous pensons que nous pouvons vivre mieux. [...]
Afficher en entier[...] La représentation picturale la plus juste des personnages de contes de fées se trouve, selon moi, non pas dans les éditions superbement illustrées publiées au fil des ans, mais dans les petites figurines en cartoon du théâtre de marionnettes. Elles ne sont pas rondes, mais plates. Le public n'en voit qu'un seul côté, le seul qui nous importe ; l'autre côté est vierge. Ils sont représentés dans des attitudes symbolisant une activité ou une passion intenses, ce qui permet de comprendre aisément, de loin, leur rôle dans le drame. [...]
(Introduction de Philip Pullman)
Afficher en entier[…] Pour finir, j'aimerais dire ceci à qui souhaite raconter ces histoires : n'ayez pas peur d'être superstitieux. Si vous avez un stylo porte-bonheur, utilisez-le. Si vous vous exprimez avec plus de conviction quand vous portez une chaussette rouge et une chaussette bleue, habillez-vous de cette façon. Quand je travaille, je suis extrêmement superstitieux. Ma superstition concerne la voix à travers laquelle naît l'histoire. Je suis en effet persuadé que chaque récit est accompagné par son propre lutin, dont nous incarnons la voix quand nous racontons cette histoire, et que nous la narrerons avec davantage de succès si nous traitons ce lutin avec respect et courtoisie. Ces lutins sont à la fois âgés et jeunes, hommes et femmes, sentimentaux et cyniques, sceptiques et crédules, etc., de plus, ils sont amoraux : à l'instar des esprits célestes qui aidèrent Hans le Fort à s'échapper de la caverne (p.449), les lutins des histoires sont disposés à servir quiconque possède l'anneau. Quand on me dit que ce sont là des enfantillages, qu'il suffit d'un peu d’imagination humaine pour raconter une histoire, je réponds : « Évidemment, et c'est ainsi que mon imagination fonctionne. »
Cependant, il se peut que, ayant fait de notre mieux, nous constations que cela n'a pas suffi. Je soupçonne les meilleurs de ces contes de posséder cette qualité que le grand pianiste Artur Schnabel attribuait aux sonates de Mozart : elles sont trop faciles pour les enfants et trop difficiles pour les adultes.
Ces cinquante contes représentent, je pense, la crème des Kinder- und Hausmärchen. J'ai fait de mon mieux pour satisfaire les lutins qui accompagnent chacun d'eux, comme l'ont fait avant moi Dorothea Viehmann, Philipp Otoo Runge, Dortchen Wild et tous les autres conteurs dont le travail a été préservé par les merveilleux frères Grimm. Et j'espère que nous tous, conteurs et auditeurs, vivrons heureux pour toujours.
Philip Pullman, 2012.
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