Contes désenchantés

Derrière lui, ses compagnons enlevaient eux aussi les manteaux qui les avaient recouverts jusque-là. Le plus petit d’entre eux – et le plus surprenant – ne mesurait pas plus d’un mètre cinquante. Rond et fort d’épaules, le visage barbu et jovial, ses yeux étincelaient de malice. À ses côtés, un grand et beau jeune homme brun souriait, parcourant l’assemblée de son regard clair. Enfin, la mine sombre et revêtue d’une longue robe assortie, une femme aux cheveux noirs gardait quant à elle son visage rivé sur le sol en terre battue de l’auberge.

— Permettez-moi, chers amis, de vous présenter mes compagnons. Il y a là le vieux Bartolomé, ancien bouffon, et amateur d’histoires à l’humour féroce, je vous le dis. À ses côtés, mesdemoiselles, vous avez bien sûr déjà remarqué le beau – que dis-je, le merveilleux ! – Fargo. Briseur de cœurs et fin conteur, il sait mieux que quiconque faire chavirer les pucelles avec ses histoires d’amour… parfois un peu surprenantes cependant, je dois vous prévenir. Enfin, cachée dans l’ombre, vous n’aurez pas manqué la seule femme de notre aimable compagnie : Deirdre l’Estrange, mi-fée mi-folle, qui partagera avec vous les légendes de terres mystérieuses connues d’elle seule.

Un silence attentif avait envahi l’auberge. Seuls se faisaient encore entendre les raclements des chaises ainsi que le bruissement des vêtements se froissant quand les visages se tournaient en direction des conteurs.