Extraits

- Pour ma part, je crois que j'ai surtout appris à me méfier des acteurs trop charmeurs, dis-je en plaisantant, avant de poursuivre. Mais aussi que je suis peut-être plus forte que je ne le croyais. Et vous, qu'avez-vous appris ?

Noemy Klaxon semble hésiter un instant et se décide finalement à me répondre :

- A me méfier, d'abord. A refaire confiance, ensuite, mais différemment.

– Wouahou !

La villa est à couper le souffle : perchée tout en haut d'une calanque à l'eau turquoise, isolée de la route par un mur de pins majestueux, c'est une merveille blanche, dont le salon entièrement vitré offre une vue imprenable sur les falaises et la Méditerranée, que le soleil couchant réchauffe d'une couleur rose orangée magnifique.

Darius m'a précédée, nos minces bagages à la main. Avec un petit sourire devant mon enthousiasme, il ouvre la baie vitrée et s'efface pour me laisser sortir sur la terrasse en teck. D'abord hypnotisée par les reflets du soleil sur les falaises qui entourent la mer à peine agitée par une faible brise, je ne remarque pas tout de suite la table qui a été dressée à notre intention. Un bouchon de champagne qui saute me fait tourner la tête : sans un bruit, Darius m'a emboîté le pas et s'est occupé de nous servir.

– C'est elle qui aurait conseillé à mes parents d'utiliser les services de l'aérodrome. Je ne sais pas pourquoi ils avaient besoin de prendre l'avion, Herlédant l'ignorait aussi. Il croit simplement se souvenir qu'ils voulaient se rendre en Italie.

– Peut-être allaient-ils voir de la famille, des amis ? fais-je, désireuse de l'aider.

– Je n'en sais rien... Je ne sais rien d'eux, me répond Darius, désabusé. Quoi qu'il en soit, reprend-il, ils ont payé pour un vol, dont Duval a insisté pour se charger. Et c'est là qu'Herlédant m'a raconté la partie la plus intéressante. Il m'a juré que l'avion utilisé était impeccable, qu'il était le mécanicien attitré de l'aérodrome et qu'il n'aurait jamais laissé d'appareil endommagé voler. Mais la veille de l'arrivée de mes parents, Duval aurait trafiqué le moteur...

Une question me brûle les lèvres.

– Mais pourquoi l'a-t-il laissé faire ?

– Parce qu'il ne le soupçonnait pas d'être tombé si bas... et parce qu'il allait lui aussi monter dans cet avion.