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Il est en colère. Et c’est peu de le dire. Face à la masse de muscles que ce type représente, je me sens toute petite. Je vais peut-être faire pipi dans ma culotte.
— Vous vous croyez où ? m’engueule-t-il sans pourtant élever la voix. Dans un hall de gare ?
— Ah ! ça, non, lui souris-je. À la gare, il y a toujours un agent pour vous renseigner.
Afficher en entierUne semaine vient de s’écouler sans que Julian m’ait adressé le moindre mot. Nos rapports sont on ne peut plus froids, et cela commence à m’agacer. Aujourd’hui, je dois impérativement le coincer pour lui parler de dossiers qui ne peuvent plus attendre. Il faudra donc que monsieur se décide à passer outre notre attirance pour que je puisse avancer dans les différents projets en cours.
Depuis mon bureau, j’entends ses frères lui dispenser des conseils sur des techniques de posture du dos en extension. S’ils parlent ainsi, c’est que l’entraînement est terminé. Je me lève donc de ma chaise et pars attendre Julian dans l’entrée. Ce dernier marche, tête baissée, avec sa serviette autour du cou et une boisson énergisante dans la main.
— Julian, l’arrêté-je juste avant qu’il arrive à ma hauteur. Je sais que tes minutes sont comptées, mais j’ai vraiment besoin de ton accord sur certains points et de ta signature sur des dossiers.
— Pas de souci. Montre-moi de quoi il s’agit.
Je soupire de soulagement et lui tends ce qu’il doit contrôler en prenant soin de ne pas le regarder dans les yeux.
— Il faudrait que tu signes ces chèques. Tu as les factures avec pour vérifier, si tu veux.
Nos doigts se touchent quand il me prend le stylo. Je me maudis d’apprécier ce contact si furtif et de ne pas l’avoir anticipé pour l’empêcher. Julian a l’air d’avoir, lui aussi, ressenti cette attraction qui circule entre nous car il suspend son geste quelques secondes en retenant sa respiration.
— Je t’ai préparé un tableau récapitulatif du coût global de notre sortie de ce week-end, continué-je, le regard encore tourné vers le sol.
Le fait qu’il soit juste à côté de moi, après ces quelques jours sans le moindre contact, fait s’écrouler toutes mes décisions le concernant. Il jette un œil distrait à mon tableur avant de reporter son attention sur moi.
— Autre chose ?
— Non, c’était tout, dis-je en le regardant enfin.
À cet instant, nous nous perdons tous les deux dans la contemplation de l’autre. Un sourire timide, mais qui en dit long, naît sur nos visages respectifs. Si seulement il acceptait de s’ouvrir un peu pour me laisser mesurer l’ampleur des dégâts et panser ses blessures…
Afficher en entierAmy, murmure Julian contre mes lèvres. Pour toi, je suis prêt à boire du café tous les matins, à manger des tacos, à te laisser donner des frites à mon chien, à m'acheter une voiture économique. Bref, je suis prêt à tout pour que tu me pardonnes et me fasses de nouveau une place dans ta vie. Parce que je t'aime. Comme un fou. Comme je n'ai jamais aimé personne avant toi. Tu as effacé d'un coup de baguette magique toutes les femmes que j'ai connues. Tu m'as tatoué là où aucune aiguille ne pouvait m'at- teindre. Directement dans mon cœur.
Afficher en entier— Alors qui est l’heureux bébé qui pourra déguster tous ces délicieux pots industriels ?
Monsieur ne me dit pas bonjour mais prend le temps d’analyser mes achats. Un comble ! Moi aussi, j’ai fait attention à ce qu’il mettait dans son panier : des légumes, des légumes et encore des légumes. De quoi faire une soupe géante pour le secours populaire.
Afficher en entier-Ben voilà, Julian ! Tu l’as, ta nouvelle hôtesse d’accueil ! se réjouit Calvin.
— Génial ! Tu fais chier, quand même ! Est-ce que je viens me mêler des affaires de ta salle, moi ? Grâce à toi, on vient d’embaucher Jane Bingum ! Je n’ai pas la référence de la personne qu’il cite mais, au vu du ton qu’il emploie, je me doute bien que ce n’est pas très flatteur. Si je pouvais disparaître là tout de suite, je le ferais. Je ne suis plus sûre d’avoir la force de caractère suffisante pour croiser ce sale type tous les jours.
— Tu mates des séries télévisées pour gonzesses ou je rêve ? se moque ouvertement Calvin en fronçant les sourcils.
Afficher en entierLorsque nous arrivons à l’aire de pique-nique, j’ouvre mon sac à dos et en sors une nappe rouge que j’étends sur la table. Puis je dévoile nos sandwichs à Julian.
— Que m’as-tu choisi de bon ? demande-t-il, sarcastique.
— C’est un taco au poulet avec de la mayonnaise. Goûte avant de critiquer.
Pour lui prouver que je n’ai aucune intention de l’empoisonner, je croque dans le mien à pleines dents et dépose la grande portion de frites entre nous.
— Faut que je t’avoue quelque chose, baragouine Julian en mâchant. Il m’arrive de manger autre chose que de la viande blanche et des légumes. Pour de vrai. Mais comme je prépare une compétition en ce moment, je fais juste particulièrement attention.
— Sauf aujourd’hui, le taquiné-je.
Peanuts est à côté de moi, la queue battant de gauche à droite et la langue bien pendue. Il me regarde de ses gros yeux remplis d’espoir, comme si j’étais une déesse avec mes frites. Je cède et lui en donne une avant de lui caresser les oreilles.
— Je rêve ou tu viens de donner une frite à mon chien ?
— Tu es jaloux ? Tu veux que je t’en donne une aussi ?
J’en porte une à sa bouche avant qu’il puisse se défiler. Durant quelques secondes, il hésite. Il faut dire que je me suis jouée de lui, hier. Il est légitime qu’il se montre méfiant. Il finit tout de même par la croquer et sourire quand je mange le bout, qu’il me laisse exprès.
Monsieur est de bonne humeur aujourd’hui. Ça change.
Afficher en entierComme une droguée qui reçoit son shot après une crise de manque, je me mets à planer. Si Julian est ma came, alors je ne veux plus jamais aller en cure de désintox.
Afficher en entierTu m'as tatoué là où aucune aiguille ne pouvait m'atteindre. Directement dans mon coeur.
Afficher en entierPendant que la future cliente me parle de ses souhaits, j’analyse attentivement la brochure pour lui répondre le plus précisément possible. Je n’ai pas envie de faire une bourde, sinon, je suis cuite.
— Vous avez bien raison de ne pas vous restreindre, madame ! Il y a une carte de membre valable pour l’année qui est fixée à cinquante-neuf euros. Puis un abonnement à quarante euros tous les mois.
Merde, ce n’est pas donné. À ce prix-là, je vais courir dehors, c’est gratuit.
Afficher en entierAujourd’hui, force est de constater que je n’ai toujours aucune proposition. Les quelques entretiens que j’ai eus n’ont rien donné. Les recruteurs ont constamment quelque chose à me reprocher : soit je suis trop jeune, soit je suis trop vieille, soit je n’ai pas assez d’expérience, soit je suis trop diplômée pour le poste… Mais merde, à la fin ! Laissez-moi être à l’accueil de votre petite structure régionale ! Quitte à faire la plante verte alors que je suis capable d’être assistante de direction dans un groupe national.
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