Les Primarques, Tome 10 : Corax, seigneur des ombres

Roboute Guilliman s’approchait de l’endroit où se cachait son frère. Il n’avait pas besoin de le voir pour en être conscient. Sa présence suffisait à faire dresser les cheveux de sa nuque, sensation similaire à celle que ressent une proie avant de recevoir une blessure mortelle. Guilliman était sur ses gardes. Il avait gagné, mais la chute était toujours possible. Dans cette immense salle de concert en ruine, les ombres étaient omniprésentes…

Et son frère était le seigneur des ombres. Elles étaient son royaume.

Enjambant avec précaution une pile de corps qui suintait de fluides organiques, il pointa son Arbitrator vers le haut, en direction d’une colonne brisée. Bien souvent, son frère attaquait d’un surplomb. L’obscurité et la verticalité étaient des éléments clefs de sa technique d’embuscade. Il n’y avait pourtant rien ici. Il poursuivit.

— Ton armée est éparpillée, gronda Guilliman. Tes mondes ont été conquis. Ta dernière forteresse est en flammes. Abandonneras-tu, mon frère ?

Un faible bruissement, voilà la seule alerte qui prévint Guilliman de l’attaque imminente. Son frère bondit depuis un coin sombre du plafond brisé. Les ombres prirent forme humaine en fondant sur lui. Guilliman pivota et se pencha en arrière afin d’éviter les griffes cruellement incurvées qui visaient son casque.

— Une belle tentative de décapitation ! commenta Guilliman, admiratif. Je ne l’ai évitée que de justesse.

Son frère atterrit en roulé-boulé avant de bondir sur ses pieds. À l’inverse de Guilliman, il ne portait pas d’armure énergétique. Il était vêtu de noir charbon de la tête aux pieds et son visage était recouvert des cendres de son empire. Sa seule protection physique consistait en un petit plastron de céramite ; pour le reste, il se reposait sur sa ruse et sa discrétion. Et cette stratégie avait presque fonctionné.

Mais on ne gagne pas de guerres avec des presque.