Extraits

- Sydney, je vous promets que si vous allez en prison, je vous apporterais des oranges et un cake avec une lime à ongles cachée à l’intérieur.

Quand je me laisse aller à pleurer sur ce que j’ai perdu, je me secoue, en me disant que les choses sont plus belles dans le rétroviseur qu’elles ne l’étaient en vraie. C’est valable pour moi.

Ed n’avait pas l’intention de la laisser faire. L’histoire ne devait pas se répéter. A vingt ans, il révisait à la bibliothèque quand son petit ami s’était ôté la vie. Il avait préféré se tuer plutôt que d’annoncer à ses parents son homosexualité. Ce drame avait marqué Ed à jamais. Depuis ce jour, il refusait de s’engager dans une relation sérieuse, il en avait bien trop peur.

En liant sa vie à celle d’Andrew, Sydney avait tiré un trait sur sa carrière de créatrice de mode au sein d’une prestigieuse maison dont elle dessinait les robes. Une décision qui n’avait pas été facile. Mais Andrew voulait qu’elle soit plus disponible pour lui et, arguant de la pression induite par ce poste à responsabilités qui la faisait vivre, ainsi que ses filles, depuis son divorce sept ans plus tôt, il l’avait convaincue d’abandonner. L’idée d’arrêter de travailler était tentante, car elle pourrait passer plus de temps non seulement avec son nouveau mari, mais aussi avec ses enfants. Cédant finalement à sa demande, elle avait démissionné un mois avant leur mariage. Sydney n’avait jamais retravaillé depuis et, au bout d’un temps, sa vie professionnelle avait cessé de lui manquer. Son quotidien avec Andrew était suffisamment riche.

Sydney n’avait pas besoin de témoin pour le moment où elle devrait tirer un trait sur tout ce qui avait fait sa vie. Supporter les jumelles pendant l’inventaire de l’argenterie, du cristal et de la collection d’œuvres d’art avait été bien assez pénible. Elle voulait passer ses derniers jours dans sa maison en paix, à faire le deuil de ce qui avait été. Du jour au lendemain, elle avait non seulement perdu l’homme qu’elle aimait, mais aussi son train de vie, son foyer, son statut de femme mariée, et même son identité. Qui était-elle sans Andrew ? Une femme pauvre, anciennement mariée à un homme riche. C’était comme tomber d’une falaise pour sombrer dans un précipice.

Ses longs cheveux blonds étaient ramenés en une queue-de-cheval lisse. Elle portait un chemisier blanc et un jean noir, avec des ballerines et un sac en cuir noir Hermès – le modèle Kelly qu’Andrew lui avait offert plusieurs années auparavant. Le sac, que toutes les aficionadas s’arrachaient, était une légende dans le monde de la mode et elle se fit soudain la réflexion qu’en le revendant dans un dépôt de luxe elle pouvait en espérer une coquette somme, si la situation devenait vraiment désespérée.

Ils atterrirent brutalement, avec plusieurs rebonds. Le train d’atterrissage ne s’était pas déployé d’un côté, et l’avion penchait sérieusement. Mais à part ce déséquilibre, rien de dramatique n’advint et l’engin finit par s’arrêter complètement. Sydney entendit des sirènes retentir alors que l’équipage ouvrait rapidement les portes et activait les toboggans gonflables. On leur demanda de laisser chaussures et bagages à main à bord, et de se diriger vers la sortie la plus proche. Les membres de l’équipage portant un badge rouge les orientèrent vers les toboggans. Un par un, les passagers quittèrent l’avion, et les équipes de sauvetage au sol les guidèrent vers des bus spécialement affrétés. L’évacuation se fit de manière fluide et ordonnée. Quelques femmes pleuraient, de soulagement plus qu’autre chose, mais personne ne céda à la panique, et si tout le monde semblait encore sous le choc, la détresse était infiniment moindre quand les bus dépassèrent un petit terminal pour rejoindre un lycée dont l’amphithéâtre était suffisamment grand pour les accueillir. Un stand de ravitaillement et une infirmerie d’appoint les y attendaient. Les ambulanciers naviguèrent à travers la foule pour proposer leur aide mais, fort heureusement, il n’y avait pas de blessés. Le brouhaha des conversations s’amplifia à mesure que les passagers débattaient de l’événement ou téléphonaient à leurs proches.

Elle resta silencieuse alors , qu'ils entraient dans le bureau pour lui déclarer qu'il était en état d'arrestation pour blanchiment d'argent et importation de marchandise volée . Avant même qu'il ait eu le temps d'objecter , ils lui lurent ses droits et lui passèrent les menottes .Paul les regarda , incrédule .

-C'est ridicule ! c'est cette garce qui vous a envoyés , c'est ça ? C'est elle la coupable , pas moi . Vous commettez une erreur .

Les agents restèrent impassibles devant ses vociférations et lui demandèrent de sortir du bureau . Il tenta de porter un coup à l'agent le plus proche , usant des menottes comme arme , mais d'un simple mouvement ils le neutralisèrent et Paul se retrouva à terre , le souffle coupé .

Enfin , il revient , l'air grave , et proposa de sortir pour discuter .

Tous se rassemblèrent dans un coin de couloir pendant qu'il expliquait :

- Bon , on touche au but . Ils veulent passer un accord , mais pas abandonner les charges .Leur argument , c'est que vous auriez pu être complice , et qu'on ne peut pas prouver que vous ne l'étiez pas .Zeller vous a jetée aux lions dès le début .Le procureur est formel ; c'est vous qui êtes allée récupérer les sacs à la douane , et chaque document porte votre signature , ce qui est une preuve solide contre vous . C'est pour ça qu'ils n'abandonnent pas . Mais ils veulent vous proposer un accord pour un plaider-coupable .

Ed lui demanda ;

- Qu'est-ce que cette fille t'a dit ? Tu es devenue pâle comme un linge d'un coup .

- C'était mon insupportable belle-fille . Elle a fait une allusion déplacée à mon arrestation .

- Tu aurais dû l'envoyer balader .Avec moi , elle aurait eu droit à un coup de parapluie . Quelle connasse .