Extraits

— Nous acceptons cette mission que nous remplirons sans faillir.

— Oh, j’adore quand tu te la joues viril et grave. C’est très sexy.

Olivia se pencha par-dessus le dossier pour poser un baiser sur la joue de Caleb, qui se finit en patin fougueux avec la langue.

Mal à l’aise, je m’efforçai de ne pas les regarder, sans succès.

— Olivia, j’espère que tu n’as pas oublié ta piqûre de rappel. Parce que là, vous êtes sur le point de faire des bébés.

Seth se laissa retomber contre le mur, levant les mains en signe de reddition.

— Bien sûr, bien sûr. Continue, Alexandria. Comment l’oracle s’est-elle désintégrée, déjà ?

— Je vous ai déjà tout dit. Ce n’est pourtant pas difficile à comprendre. Même pour toi. Ou tu t’es réveillé encore plus crétin que d’habitude, ce matin ?

— Alex, me reprit Aiden avec un soupir. Contente-toi de répondre à Marcus.

Je me raidis.

— Désolée. Mais s’il m’adresse encore la parole, je décroche cette dague du mur et je la lui plante entre les deux yeux.

Seth se redressa, sautant sur l’occasion.

— Tu es bien téméraire, petite apprentie Apollyon. Si tu veux essayer, je suis ton homme.

— Seth ! s’écria Marcus, frappant des deux mains à plat sur la table.

Plusieurs livres et registres qui s’y trouvaient tremblèrent. J’en étais arrivée au point où je ne pouvais plus me contenir.

— Tu sais quoi ? Je parie que ta mère a eu envie de te noyer dès que tu es né.

— Alexandria ! s’exclama Marcus en faisant le tour de son bureau. Allez-vous tous les deux…

— Et ce n’est sûrement pas non plus pour rien qu’une mère se transforme en démon pour détruire sa propre fille.

Je traversai la pièce d’un bond en direction de la dague suspendue derrière le bureau de Marcus. Aiden me barra la route. Je songeai un instant à forcer le passage, mais il avait l’air décidé à employer tous les moyens pour m’empêcher de tuer Seth.

— Ne fais pas ça, m’ordonna-t-il à voix basse. Laisse-le dire.

— Et toi, ne me dis pas ce que je dois faire, sifflai-je entre mes dents. Je veux cette dague et je veux le taillader.

— Me taillader ? ricana Seth. Qu’est-ce que c’est que ce langage ? Tu es un Apollyon des rues sur le point de me planter ?

Lucien s’assit dans un fauteuil en cuir.

— Quelle relation passionnée entre vous deux, murmura-t-il. Je suppose qu’on pouvait s’y attendre, puisque vous ne faites qu’un. Qu’ils sortent de la pièce. Même s’ils sont amusants, je préfère poursuivre cette discussion sans autre interruption.

Je me figeai. Seth également. En fait, tous ceux dans cette pièce qui avaient encore l’esprit sain se figèrent et regardèrent Lucien.

— Quoi ?

Avec le petit sourire d’un homme dépositaire d’un grand secret, il agita élégamment la main comme pour nous congédier.

— Qu’ils sortent. Alexandria nous a déjà raconté tout ce qui s’était passé. L’oracle a trépassé et un nouvel oracle a été investi. Qu’ils règlent en privé leur querelle d’amoureux.

Les yeux de Seth lui-même s’arrondirent à ces mots. Ma réponse fut plus verte, et Marcus avait l’air de vouloir m’enfermer à double tour dans un cachot obscur dont je ne sortirais plus jamais.

— Qu’est-ce que tu fabriquais hier avec Aiden quand je suis arrivé ?

J’agrippai son poignet, prête à le tordre. Seth sembla deviner mes intentions ; il étrécit les yeux et retira sa main de mon menton.

— On s’entraînait, et tu es obligé de t’asseoir sur moi pour me parler ?

— Non, mais ça me plaît.

J’avais envie de le frapper.

— Eh ben pas moi. Alors dégage.

Il inclina la tête dans ma direction et m’adressa un clin d’oeil. Je me rassis et concentrai mon attention sur les Gardiens en contrebas. Seth et moi n’étions pas en très bons termes ces derniers temps. Lors de notre dernière séance d’entraînement, il m’avait « accidentellement » touchée avec une décharge d’énergie pure, et je lui avais « accidentellement » lancé un rocher à la tête.

J’avais peut-être en effet un problème pour ce qui était du lancer d’objets.

— Retourne directement dans ta chambre, Alex, et n’en bouge pas, m’ordonna Aiden avant de quitter la salle de combat.

Mais je filai tout droit à la cafétéria.

Cross, un sang-mêlé devenu un régulier parmi notre public, donna un coup de coude à son pote.

— Cent dollars qu’ils se battront à mort avant la fin de la semaine.

— Qui l’emportera, à ton avis ?

Will, un autre visage familier, souriait de toutes ses dents.

— Je parierais sur elle, répondit Cross en me désignant du menton.

Je renversai la tête en arrière, souriant à Seth.

— Moi, articulai-je silencieusement.

Seth semblait dégoûté.

Gros Seins arrêta de tripoter ses cheveux pendant cinq secondes.

— Oh non, à mon avis, le Premier aura le dessus.

Mon sourire s’effaça et je décidai de ne plus m’occuper d’eux. Je me tournai vers Seth.

— Prêt, mon cœur ?

Il vint se placer devant moi, tournant le dos à ses – à nos – admirateurs.

— Toujours prêt pour toi, choupinette d’amour.

« Tu sens la chaleur et l’été.

Seth était soudain près de moi.

— Je te l’ai dit. Tu sens délicieusement bon.

— Et toi, tu sens les…

Seth attendait la suite en haussant les sourcils.

J’écarquillai les yeux. Par-dessus son épaule, je vis au moins cinq démons sang-pur débouler du couloir.

— Démons.

— Je sens les démons ?

Il semblait dépité.

— Mais non, idiot, mais il y a d’autres démons qui arrivent en renfort.

Seth se retourna. »

Une seconde plus tard, nos regards se verrouillaient l’un à l’autre. Aiden avait repris la position familière dans laquelle je n’avais que trop l’habitude de le voir – solidement campé sur ses deux jambes, ses bras sculptés croisés sur son torse viril. Et comme toujours, il m’observait. Le regard qu’il me lançait signifiait que je ferais mieux de m’intéresser à Jackson plutôt qu’à lui.

Je sentis mon ventre se nouer – une autre sensation très familière. Cela m’arrivait chaque fois que je posais les yeux sur Aiden. Et ce n’était pas seulement à cause de la courbe pratiquement parfaite de ses pommettes ni de la façon dont son sourire creusait d’adorables fossettes. Ou de son corps incroyablement dessiné…

DEDICACE DU ROMAN

:

"À ma famille et à Loki"

(Oui, je dédie Sang-pur à un chien)

Dans la vie, il y avait deux sortes de gens, ceux qui s'assoient autours du feu et contemplent les flammes et ceux qui allument le feu.