Cri de la chouette

Dernier volet de l'histoire de Jean, dit Brasse-Bouillon, alter ego d'Hervé Bazin, pour un dernier bras-de-fer avec sa mère Folcoche. Moins percutant que les deux précédents, ce récit d'inspiration autobiographique est pourtant fortement chargé en symboles. Folcoche, affaiblie mais toujours aussi cruelle et redoutable, s’incruste dans la vie de son second fils avec un sens acéré de la manipulation. Et, presque à la fin, on se rend compte qu'elle n'a jamais été dupe de la haine qu'elle suscitait chez Jean et peut-être même qu'elle y prenait un certain plaisir. Psychologiquement perturbant...

Je connaissais, évidemment, "vipère au poing", j'étais curieux de retrouver Falcoche 20 ans plus tard.

C'est toujours la même avec ses regards sournois ou ses décisions prises en douce ! Mais c'est aussi sa fin de vie ! Elle vieillit et faiblit!.....

De plus le style de l'auteur est irréprochable! Du bon Hervé Bazin ! Une belle oeuvre à ne pas manquer

Hervé Bazin décrit de nouveau les relations entre mère et fils. Ce tome clôture une histoire familiale douloureuse.

J'ai préféré Vipère au poing, mais j'ai aimé l'écriture et le style de l'auteur.

Ce livre j'ai mis du temps à le lire, non pas parce qu'il est long ou parce que j'avais du mal à rentrer dans l'histoire, mais parce que je voulais le savourer. Il y a de ça des années, ma professeure de français me faisait lire Vipère au poing, roman détesté par ma classe qui ne comprenait pas le chef-d'oeuvre que c'était. Mais moi dès les premières phrases, j'en tombais amoureuse. L'année dernière, je lisais la suite que je n'appréciais pas plus que ça. Je trouvais qu'on était loin du premier tome, loin du Brasse-Bouillon que j'avais apprécié. Je me disais donc naïvement que ce tome-ci serait un peu pareil et pourtant j'avais tort..

Dans Cri de la chouette, Hervé Bazin renoue avec la relation entre Folcoche et Brasse-Bouillon, 24 années plus tard. Jean a bien grandi, il a eu des enfants, il s'est remarié, a une famille recomposée... Et Folcoche elle est trahie par son fils préféré, Marcel, elle retourne donc voir celui de ses enfants qui lui ressemble le plus même si c'est également celui qui la hait le plus. Une alliance improbable voit le jour et de celle-ci naîtra de l'amour mais pas entre eux deux. Folcoche se prend d'affection pour la belle-fille de Brasse-Bouillon, Salomé. Elle lui offre tout ce qu'elle possède, plus qu'elle n'a jamais donné à son père. Mais malgré ça Salomé ne réciproque pas réellement cette affection, Folcoche meurt donc sans être pleuré par quiconque, Jean à ses côtés pour son dernier souffle comme elle l'était pour son premier.

Ce livre clôt parfaitement la trilogie Vipère au poing selon moi. Tout au long, on voit évoluer les relations entre Folcoche et Brasse-Bouillon. Ils apprennent à s'apprivoiser, tombent d'accord même sur certaines choses. De l'affection naît presque entre les deux, nous sommes donc loin de la haine du premier tome. Et Folcoche nous apparaît plus humaine que jamais et sa mort délivre enfin Jean de son emprise.

La trilogie raconte l'histoire d'une haine, celle du narrateur (l'auteur?) contre sa mère, qui, elle-même, le déteste. C'est l'évolution de cette haine ressentie de l'intérieur qui est intéressante. Dans "Vipère au poing", c'est une haine totale, absolue.. Dans le second, l'auteur découvre des raisons à la haine de sa mère. Du coup, celle-ci s'humanise, la haine du narrateur s'édulcore,: compréhension ne signifie pas excuse. Dans le troisième, "Cri de la chouette", le comportement de la mère est plus nuancé, ainsi que sa haine pour son fils. Le narrateur lui découvre des faiblesses et, peu à peu, sa haine se nuance de pitié, donc de mépris, mais donc, aussi, d'amour (un soupçon, au sens propre et au sens figuré !), aussi paradoxal que cela puisse paraître. Tout l'art de l'auteur consiste à nous faire accepter cette évolution, pourtant pas évidente lorsque paraît ce personnage de Folcoche,. Il faut aimer les romans psychologiques pour apprécier ; si c'est le cas, c'est un régal !

Un roman qui nous plonge dans la dernière partie de ces luttes familiales, qui s'achèvent avec leur époque.

Tout le roman semble être le constat d'un passage de relais entre l'ancienne génération et la nouvelle, les trois frères de "Vipère au poing" s'effacent, et la dernière lutte de Folcoche est celle d'une femme désespérée.

Une conclusion satisfaisante, dans sa manière de tourner la page de la "dynastie" Rézeau.

Je n'ai pas encore lu le tome qui se trouve entre "Vipère au poing" et celui-ci, mais j'espère un jour mettre la main dessus !

La fin de l'histoire de Folcoche...Toujours du bon Bazin, même si j'ai préféré Vipère au poing

Et c'est ainsi que s'achève cette trilogie extraordinaire qui restera à jamais en haut des échelons de mes livres préférés :) Hervé Bazin est un grand maître de l'écriture, je le soutient! Je vous recommande fortement ce livre!