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Le jingle résonne soudain depuis les haut-parleurs fixés à divers endroits de la pièce. La voix du présentateur prend le relais. Sa gueule de premier de la classe tressaute à l'écran comme s'il était atteint de tics nerveux. Moi, ce qui me mets les nerfs à vif, c'est de le voir afficher ce sourire factice pendant que son acolyte prépubère se dandine comme une putain. Le genre "provinciale mijaurée" rescapée d'une famille de consanguins. Dieu que j'aimerais leur arracher les lèvres pour les déguster en papillotes...
Afficher en entierOn ne passe à l'écran que le message qu'on veut bien transmettre, même si la réalité est tout autre. Les médias ont le monopole du pouvoir. Ils gouvernent le monde.
Afficher en entierDécidément, il y a des jours avec ... et des jours sang.
Afficher en entierJe savais pertinemment ce qu’on attendait de nous. On nous percevait comme des monstres, mais l’intérêt des téléspectateurs pour ce reality show prouvait leur fascination pour la cruauté de nos actes. La plupart d’entre eux seraient rivés à leur écran, dénonçant le concept immoral d’un tel jeu, non sans en éprouver quelques frissons. Certains assouviraient leurs pulsions les plus secrètes à travers nos témoignages bardés de détails sordides. Et d’autres y trouveraient une vocation, partagés entre frustration et passage à l’acte, galvanisés par les images de cadavres dépecés et de scènes de crimes qui ne manqueraient pas de diffuser la chaîne en arrière-plan.
Une stratégie efficace de manipulation des masses par la contre-culture, l’apologie de la violence sous forme de divertissement.
Afficher en entierLa chasse est mon terrain de jeu.
Et il ne peut y avoir qu’un seul prédateur.
Afficher en entierLa torture psychologique est une pratique courante pour assurer son autorité et fragilise les sujets les plus récalcitrants. (…) Nous ne sommes pas de simples candidats ancrés dans la violence représentant la lie de l’humanité, nous sommes avant tout les cobayes d’une société décadente.
Afficher en entierMais ensuite viennent les images inédites. Celles qu’ont filmées les caméras à notre insu. Et rapidement, je sens la tension monter d’un cran autour de moi, comme si chacun redoutait de voir révéler un terrible secret ou une action susceptible de lui nuire. Je suis le premier concerné par cet état de panique.
Afficher en entierImaginez huit psychopathes condamnés à mort, triés sur le volet et enfermés dans le loft ultime, à savoir un sanatorium désaffecté, dans un but précis : prouver au public qu’ils méritent de vivre. Les téléspectateurs sont alors érigés en juges, pire, en démiurges, puisqu’ils décident de la vie ou de la mort des candidat(e)s.
Dans cette configuration, inédite mais pas improbable, regarder par le trou de la serrure prend une dimension effroyable.
L’action se déroule dans un lieu éminemment cinématographique (et inquiétant) : le sanatorium de Waverly Hills, à Louisville, un endroit censé être hanté. On retrouve l’atmosphère lugubre, glauque et aussi mystérieuse des films Session 9 et Death Tunnel, pour ne citer que ceux-là, et de la saison 2 de la série American Horror Story.
Au fil de ma lecture, j’ai pu noter et apprécier les progrès accomplis par Armelle ces dernières années. Ici, nous avons l’histoire ET le style, ce grand oublié de la littérature contemporaine, malheureusement. L’écriture est fluide, rigoureuse, sans fioriture, brutale et émotionnelle quand il le faut. La psychologie des personnages est fouillée, sans concession, sans fard. Des flash-back bien amenés permettent d’apporter un éclairage sur le passé et la personnalité du narrateur. La tension, le suspense, le mystère et la peur sont savamment entretenus.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman.
Armelle m’a surpris, épaté, bluffé.
Je lui souhaite de s’installer durablement dans le domaine du thriller, car à l’évidence elle a sa place.
Et elle le mérite.
Bonne lecture. Bons frissons. Bonnes nuits blanches.
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