Extrait

Alice est horrifiée.

Simon observe des images repoussantes qu’elle a déjà vues à quelques reprises. Elle s’était juré de ne plus jamais regarder ces atrocités.

Il s’agit de photos des victimes de la tragédie qui a frappé son école secondaire, il y a une dizaine d’années.

Toutes les connaissances d’Alice, et probablement tous les autres élèves de son école, ont un jour ou l’autre tapé dans un engin de recherche les mots « Cartier » et « victimes » afin de satisfaire leur curiosité morbide.

Mais peu d’entre eux ont eu le cœur assez solide pour regarder l’entièreté des images.

Il y a une décennie, un élève baptisé « le Boucher de Cartier » par les médias a, dans un accès de folie, tué cinq personnes – quatre élèves et le technicien en bibliothéconomie – et en a blessé dix autres.

Puis il a retourné son arme contre lui.

Dès que le nom « Edmond Griswald » est sorti dans les médias, on l’a surnommé « le Boucher » parce qu’il travaillait dans une boucherie les fins de semaine, où il dépeçait des carcasses.

Aux dires de son patron, il excellait dans cette tâche.

S’en est suivi un traumatisme national qui a fait les choux gras des journaux un nombre incalculable de fois.

Aujourd’hui, lorsqu’ils doivent rappeler l’évènement, les médias parlent de la « Boucherie de Cartier », du « Massacre de Cartier » ou simplement de « Cartier ».

Les morts ont été enterrés, les blessés soignés, les survivants consolés, mais une question demeure : comment un élève modèle – Edmond avait des notes supérieures à la moyenne, il était populaire et jouait le rôle de capitaine de l’équipe de basketball – peut-il commettre de tels actes de barbarie ?

Une enquête avait dévoilé que plusieurs personnes dans l’entourage de Griswald avaient noté que son attitude était devenue étrange depuis un certain temps.