Extraits

Joaquim se lève et je le suis jusque dans la chambre où il se laisse tomber lourdement sur le lit. Il ne dit rien, mais je peux lire l’inquiétude et la peur sur son visage. Il aime cette ville et la vie qu’il y a construite – si on met notre relation de côté – et je sais que déménager est la dernière des solutions pour lui.

Cette situation délicate nous renvoie indubitablement six mois en arrière et je m’allonge près de lui afin de l’enlacer. Pour une fois, il ne me repousse pas et ne prétend pas avoir autre chose à faire.

— Ça va aller, murmuré-je.

Joaquim ferme les yeux et je peux le contempler plus paisiblement que jamais tout en le tenant dans mes bras. Depuis quand ne l’ai-je pas tenu ainsi ? Malgré son ecchymose à la lèvre et son arcade sourcilière gauche blessée, il est magnifique. Il l’a toujours été.

— Je t’aime tellement, soufflé-je en l’embrassant.

Le destin doit savoir que nous passons nos derniers instants ensemble, car il m’offre l’occasion d’une soirée merveilleuse avec le Joaquim qui a fait battre et chavirer mon cœur, quelques mois auparavant. J’attends qu’il s’assoupisse afin de le contempler encore et encore. Mon esprit se charge de souvenirs, de ce moment paisible où nous sommes encore si proches…

Que vais-je faire une fois de retour à Everett ? Continuer ma vie seul ? Survivre avec l’ombre d’Isaac ? Passer mes jours à le regretter et m’autoflageller ? Je ne le supporterais pas bien longtemps et c’est sans doute pour cette raison que je m’acharne à le chercher. Que je traverse le pays pour cette quête que je sais impossible et perdue d’avance.