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Les gens, comme tu dis, ont peut-être seulement besoin que ça sonne juste. Comme une note de musique. D'ailleurs, c'est peut être ça, le mystère de l'écriture : c'est juste ou ça ne l'est pas. Je crois que les gens savent que rien de ce que nous écrivons ne nous est tout à fait étranger. Ils savent qu'il y a toujours un fil, un motif, une faille, qui nous relie au texte.
Afficher en entier- Même si quelque chose a eu lieu, même si quelque chose s'est passé qui ressemble à cela, même si les faits sont avérés, c'est toujours un histoire qu'on se raconte. On se la raconte. Et au fond, l'important s'est peut-être ça. Ces toutes petites choses qui ne collent pas à la réalité, qui la transforment. Ces endroits où le papier calque se détache, sur les bords, dans les coins. Parce qu'on a beau faire, ça gondole, ça frise, ça frouille. Et c'est peut-être pour ça que le livre vous a touché. Nous sommes tous des voyageurs, je vous l'accorde, mais au fond, ce qui nous intéresse, nous fascine, ce n'est peut-être pas tant la réalité que la manière dont elle est transformée par ceux qui essayent de nous la montrer ou de nous la raconter. C'est le filtre posé sur l'objectif. En tout cas, que le roman soit certifié par le réel ne le rend pas meilleur. Voilà ce que je crois.
Afficher en entierJe suis sensible à la beauté des femmes, je l’ai toujours été. J’aime les observer, les admirer, tenter d’imaginer quelle courbe, quel creux, quelle fossette, quel léger défaut de prononciation, quelle imperfection suscite chez elles le désir.
Afficher en entierA vrai dire, j’ai longtemps cru qu’« émotif » avait quelque chose à voir avec la quantité de vocabulaire qu’un individu possédait : j’étais une petite fille é-mot-ive, à laquelle il manquait donc des mots, ce qui expliquait, semble-t-il, mon inaptitude à fêter mon anniversaire en collectivité. Ainsi m’apparut-il que pour vivre en société, il fallait s’armer de mots, ne pas hésiter à les multiplier, les diversifier, en saisir les plus infimes nuances. Le vocabulaire acquis de la sorte fabriquait peu à peu une cuirasse, épaisse et fibreuse, qui permettait d’évoluer dans le monde, alerte et confiant. Mais tant de mots me restaient inconnus.
Afficher en entierUn matin, alors que je m’apprêtais à quitter mon appartement, j’ai entendu la voix de Gilles Deleuze à la radio. Je reproduis ici les phrases que j’ai notées de mémoire, quelques secondes après la diffusion de cette courte archive sonore :
Si tu ne saisis pas le petit grain de la folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passes à côté. Le point de démence de quelqu’un, c’est la source de son charme.
J’ai aussitôt pensé à L.
J’ai pensé que L. avait perçu mon point de démence, et réciproquement.
Peut-être était-ce d’ailleurs cela, une rencontre, qu’elle soit amoureuse ou amicale, deux démences qui se reconnaissent et se captivent.
Afficher en entierQui d'entre nous, au moins une fois dans sa vie, n'a pas pensé que telle ou telle coïncidence ne devait rien au hasard, mais au contraire qu'il s'agissait d'un message, dans le grand tourbillon du monde, à elle ou lui seul adressé ?
Afficher en entierÉcrire était devenu une épreuve de force et je ne faisais pas le poids.
Afficher en entier« Tu sais, il y a une chose injuste que j'ai apprise. Une chose qui sépare le monde en deux : dans la vie, il y a ceux dont on se souvient et puis ceux qu'on oublie. »
Afficher en entierMais l'avenir appartient aux sentimentaux.
Afficher en entierJe suis sensible à la beauté des femmes, je l'ai toujours été.
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