Extraits

Un instant la prof a gardé le silence, tout comme les élèves. Un instant de silence si profond qu’on entendait les gros mots que prononçait la surveillante devant la machine à café du couloir. Puis toute la classe a éclaté de rire et a crié les trucs les plus horribles du monde. La prof disait : « Taisez-vous, taisez-vous, ou je vous flanque un zéro ! », mais personne n’a obéi. Au contraire, ils ont tous commencé à me jeter dessus des boules de papier, des gommes, des crayons et des objets encore plus lourds.

Tages, c’est une autre histoire. Tages n’a rien à voir avec le père Noël, il a vraiment existé. Bien sûr, l’histoire d’un enfant aux cheveux blancs qui naît sous terre peut paraître bizarre, mais tout est bizarre dans le monde. Un monsieur rencontre une dame, il lui met son zizi dedans, et au bout de neuf mois un enfant sort de son ventre : ce n’est pas une histoire bizarre, ça ? Moi, je trouve plus normal qu’un enfant jaillisse de la terre. Oui, comme les fleurs, les champignons et tant de choses autour de nous.

Par exemple, un jour je l’avais prié de tout mon cœur de m’offrir un nouveau vélo, un vélo bleu admiré dans la vitrine de Santini. Le matin de Noël, il n’était pas au pied de l’arbre. À sa place, se tenaient maman et Luca, l’air sérieux et boudeur. Maman a commencé : « Luna, je regrette énormément, c’est dur, cette année, nous ne pouvons pas… » Je l’ai tout de suite interrompue, j’ai répliqué que ce n’était pas sa faute : je savais bien que le père Noël finirait pas voler les cadeaux et je me demandais ce qu’il fabriquait maintenant avec mon vélo au pôle Nord.

Le souffle coupé, le paysan ne répond pas, il tremble tellement qu’il semble danser. Il ouvre la bouche mais ne parvient à prononcer qu’un cri de peur, un cri si fort qu’il rameute le peuple entier. C’est un truc dingue : les Étrusques ont vraiment assisté à cet épisode ; moi, c’est mon frère Luca qui me l’a raconté. Je sais que c’est absurde, incroyable, et pourtant j’y crois dur comme fer.

Un paysan étrusque creuse des trous dans son champ, et comme c’est un Étrusque, ça se passe il y a trois mille ans, il n’utilise ni machines ni quoi que ce soit, et ça lui demande beaucoup d’efforts, le pauvre.