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Dans l'empire des ténèbres



Description ajoutée par x-Key 2013-03-24T13:40:24+01:00

Résumé

« Au moment où j'écris, je vis toujours dans cette porcherie qu'est la Chine, et je me languis de pouvoir nettoyer mon âme en profondeur. » L'auteur de ces lignes, Liao Yiwu, signe le récit de quatre ans d'enfer dans les prisons chinoises. Sa faute : avoir écrit le poème Massacre à l'aube du jour où l'armée ouvrit le feu sur les étudiants de la place Tian'anmen.

« En prison, dit-il, j'ai connu le vrai visage de la Chine. » Le visage des truands et des marginaux, des victimes et des bourreaux, des condamnés à mort que l'on vide de leur sang avant de les exécuter...

Texte poignant, brutal, comique, lyrique, effrayant, plein de compassion, enraciné dans les espérances démocratiques martyrisées du printemps 1989, Dans l'empire des ténèbres bouleverse notre regard sur la Chine. C'est pourquoi Pékin a tout fait pour empêcher sa parution, volant à l'auteur ses manuscrits, jusqu'à ce qu'il choisisse l'exil en 2011.

Bien plus qu'un récit autobiographique, bien plus qu'un témoignage... une oeuvre littéraire inclassable qui vient s'inscrire dans la lignée des Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski ou des Récits de la Kolyma de Chalamov. (Céline Wajsbrot, L'Impossible, juillet 2012)

Liao Yiwu a écrit le livre le plus brutal et bouleversant de l'année, et il confirme que chaque mot est vrai. (Der Spiegel, novembre 2011)

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Classement en biblio - 2 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par PoppyZ 2016-11-15T00:07:46+01:00

En 1988, alors que la Chine découvrait avec fièvre les joies de la conduite automobile, ma sœur Feifei mourut dans un accident. Elle avait 37 ans.

Je n'avais pas vécu de décès dans ma famille. Mon grand-père était certes mort en début d'année, mais ce vieux propriétaire foncier isolé dans son coin de montagne n'était jamais entré dans ma vie, et mes pleurs n'avaient été que de convenance. Avec Feifei, nous tous, Grand Frère, Xiaofei et moi-même, partagions le même sang ; nous avions poussé sur la même tige et nous ne lui étions pas moins attachés qu'à notre mère.

J'ai écrit beaucoup de jolis poèmes déchirants au sujet de la mort de Feifei, évitant de parler de sang et de cadavre pour mieux m'affranchir du sordide et croire à l'éternité. Je préférais raconter de belles histoires plutôt que d'affronter la réalité. Je me laissais emporter par l'imagination comme tout artiste romantique, et Feifei, prise dans ce mouvement, virevoltait dans l'univers. Je mentais, j'oubliais que les morts ont des yeux : elle n'était certainement pas satisfaite de son petit frère et de ses vers décoratifs empreints d'une beauté calme et rayonnante.

Elle avait travaillé durement toute sa vie. Petite fille, il lui revenait de laver le linge sale de la famille dans une grande bassine. Frottant avec énergie, elle chantait à pleine gorge de vieilles mélodies de film. Elle racontait des histoires effrayantes : histoires de cercueils, de cloches et de tambours, de langues de pendus d'où tombaient des stalactites longues de trois mètres, et nous nous cachions sous la couette, n'osant plus en sortir qu'un oeil. Une nuit, elle disparut ; nos parents, très inquiets, s'interrogèrent, mais Xiaofei et moi étions sûrs l'un comme l'autre que Feifei, qui aimait tant les fantômes, avait fini par en rencontrer.

Nous, les frères, on se chamaillait avec Grande Sœur ; Grand Frère, chétif mais malin, sachant qu'il ne pouvait l'emporter sur Feifei, incitait le bêta que j'étais à jouer la scène des "trois raclées infligées à Baigujing, la Sorcière-aux-os-blancs" : "Zhubajie !" criait Grand Frère en me passant le balai et en récitant quelques vers d'opéra. "Tu danses avec ta fourche, et tu vas la provoquer devant sa grotte aux sorcières. Vieux Sun te suit !" Finalement, Zhubajie et Sun Wukong se retrouvaient vaincus. "C'est le contraire dans l'histoire !" protestai-je en lui montrant mon cul, et Feifei en colère nous poursuivait jusque sous le lit pour nous en faire sortir.

Elle avait quitté la famille en 1966, à la veille de la Révolution culturelle, pour aller travailler dans une scierie à Pinwu, loin de chez nous, au nord-ouest du Sichuan. Notre maison se transforma alors en nid à fantômes. La dictature nous dispersait comme autant de fétus de paille. Tout le pays s'engouffra dans la tourmente de la révolution, et ma famille s'effondra sous les coups de boutoir des Gardes rouges. Mon père, le fils d'un propriétaire terrien, enseignait la littérature chinoise dans un lycée de Yanting, une petite ville au nord-est du Sichuan. Ceci lui valut d'être livré à la vindicte populaire comme contre-révolutionnaire. Pour nous éviter plus d'ennuis, mes parents durent divorcer et nous nous sommes retrouvés sous la garde de ma pauvre mère isolée. Elle s'empressa de rassembler nos maigres affaires et partit chercher refuge vers le sud, à Chengdu, la capitale provinciale, où vivait notre tante.

Je venais de fêter mes huit ans, et la vie était dure sans la présence de mon père. Peu après notre arrivée, les voisins de ma tante nous ont dénoncés pour des méfaits supposés. Les autorités municipales nous ont expulsés, au motif que ma mère était la femme d'un propriétaire terrien en cavale et qu'elle aurait vécu illégalement en ville. Il fallut replier notre balluchon et partir. Nous avons échoué dans une bourgade de la banlieue. Nous n'avions pas d'argent pour acheter de quoi manger. Un jour, une parente nous a offert un bon de rationnement qui permettait l'achat d'un coupon de tissu de deux mètres de long. Ma mère pensait revendre ce bon au marché noir, en échange d'un peu de nourriture pour sa famille, mais elle se fit prendre en flagrant délit par la Sécurité publique. A l'époque, vendre des bons de rationnement était considéré comme un crime grave. Elle fut arrêtée et emmenée sur la scène du théâtre où l'on jouait des pièces d'opéra du Sichuan pour y subir une séance de critiques devant un public de plusieurs milliers de personnes. Sur le moment, par miracle, je n'en ai rien su et j'en ai été préservé, mais le choc fut d'autant plus grand lorsque j'appris de la bouche de mes camarades de classe que ma mère avait été exposée à la critique par les autorités de la ville sur la scène d'un théâtre !

De son côté, Feifei avait fait preuve de clairvoyance : non seulement elle s'était évité beaucoup d'ennuis en se réfugiant dans des montagnes boisées où vivent les pandas, mais elle y vécut les moments les plus agréables de sa vie. Ayant maquillé son origine de classe, elle réussit à intégrer l'équipe de propagande de la pensée Mao Zedong et connut un grand succès dans le district en jouant le rôle principal dans l'opéra modèle Shajiabang. Mère a gardé jusqu'à ce jour une photo jaunie de Feifei sur scène : elle a belle allure, toute droite devant un décor de plaine enneigée, avec quelques tables derrière elle, les rideaux de scène et l'enseigne de la maison de thé "Arrivée du printemps" à côté de laquelle on distingue Diao Deyi le maigre et Hu Chuankui le gros.

A cette époque, on aurait pu former un bataillon rien qu'avec ses admirateurs. Alors que nous étions venus nous réfugier quelque temps auprès de notre aînée, Petite Soeur et moi avons été témoins de la cour que lui faisait en vain un beau garçon qui finit par se suicider en avalant des paquets d'allumettes. Grande Soeur versa des larmes abondantes, mais ne montra pas de remords. Et quand, plus tard, elle tomba à son tour amoureuse d'un chef de compagnie de l'Armée Populaire de Libération, elle dut rompre car l'enquête menée sur son statut politique avait révélé qu'elle était la fille d'un contre-révolutionnaire.

Le temps passe comme l'eau qui coule. Feifei s'était résignée sans même le savoir. Elle s'était mariée trois ans plus tard, avait déménagé, était devenue mère de deux petites filles, faisant finalement comme tout le monde, et elle était bien vue. Bien que sa famille absorbât presque toute son énergie, elle trouvait encore le temps de s'occuper de sa fratrie. Comme mon grand frère avait été envoyé comme jeune instruit à la campagne, il manquait souvent de tout et n'hésitait pas à parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour venir chercher auprès d'elle du réconfort durant quelques semaines. Ma petite soeur et moi-même y allions aussi pendant les vacances et elle partageait ses tickets de rationnement avec nous et nos parents, profitant même de notre séjour pour nous acheter des vêtements neufs sur ses économies.

Trois jours après le nouvel an précédant sa mort, je l'avais accompagnée à la gare de Chengdu. Nous venions de passer quelques jours en famille et avions bavardé au coin du feu. Elle me racontait ses difficultés. Elle préparait un voyage à Pingwu pour y acheter du bois de chauffe au nom d'une compagnie basée à Chengdu. Elle pensait utiliser le fruit de sa commission pour emmener nos parents au Jiangxi, sur les traces de leur première rencontre.

Une semaine plus tard, alors que nous nous débattions au milieu de la foule pour arriver jusqu'aux guichets, elle m'avait soudain arraché son sac, que je portais à l'épaule, avait agrippé ses deux enfants et s'était enfoncée dans la bousculade en me criant au revoir par-dessus son épaule. C'est ainsi que nous nous étions quittés pour toujours.

Cette scène reste en moi avec tout son relief, et j'en ai encore la gorge serrée, comme encombrée de cailloux. La mort de Feifei a ému les voisins et ses collègues et chacun a donné sa petite contribution pour l'achat des tissus funéraires ; on a versé beaucoup de larmes. Feifei, avec son bon coeur, n'aimait pas voir les gens accablés de tristesse, et je crains que son âme ne se soit écroulée de fatigue devant tant de pleurs.

Elle n'a vraiment pas eu la vie qu'elle voulait. Le soir du nouvel an, toute la famille était restée autour du fourneau jusque tard dans la nuit, et Feifei avait alors annoncé qu'elle allait retourner quelque temps à Pingwu pour gagner un peu d'argent et qu'elle aurait alors les moyens d'emmener tout le monde en voyage : "Papa pourra revoir son Jiangxi natal... Et moi, ça fait tant d'années que je trime, je dois me distraire un peu."

Se distraire un peu ! Ils étaient sept dans le minibus ce jour-là ; elle seule est morte, dans la forêt, sur cette route montagneuse qu'elle avait empruntée si souvent. Quand le chauffeur a perdu le contrôle du véhicule qui a dévalé la pente cahoteuse avant de s'arrêter la roue avant-gauche dans le vide au-dessus du ravin, elle a été projetée au-dehors et s'est empalée dix mètres plus loin sur une souche acérée, de la taille d'un bol. On l'a soulevée délicatement, elle avait le bas du corps trempé de sang. Une de ses vieilles amies l'a prise sur ses genoux ; elle répétait sans cesse : "Feifei, Feifei", tout en pressant le chauffeur d'aller plus vite. Feifei, les lèvres collées à l'oreille de cette amie, semblait lui murmurer quelque ancienne histoire. Puis elle a soulevé la tête en rendant son dernier soupir, son visage blanc comme un ciel d'hiver sans fin.

De nous quatre, elle est partie la première et c'est vraiment trop injuste. Tout au fond de ma tête, le minibus roule encore à toute vitesse et ses roues me broient le crâne ; j'en ai des sueurs froides. Il y a un film intitulé Paris, Texas dont le sujet est un vagabond à la recherche de son lieu de naissance, qu'il ne situe pas là où sa mère l'a mis au monde, mais à l'endroit où ses parents ont fait l'amour pour la première fois - c'est-à-dire à Paris (au Texas), d'après son père. Le Paris connu pour ses putes et ses parfums ne peut être qu'en France ; c'était donc faire une plaisanterie licencieuse et mensongère que d'évoquer un "Paris" situé en Amérique. Ne serions-nous tous ainsi que le produit d'une mauvaise comédie ? Pourquoi Dieu a-t-il joué cette vilaine farce à Feifei ?

Nos parents se sont connus dans le Jiangxi et à travers quelques allusions qui leur avaient échappé, j'ai pu reconstituer sommairement leur histoire : mon cinquième oncle maternel dirigeait une troupe de théâtre ; ayant quitté le Sichuan, il faisait une tournée dans les provinces situées le long du Yangtsé lorsqu'il arriva au bord du lac Poyang. Là, son fort caractère lui valut de déplaire au despote local et il fut battu à mort. Les membres de la troupe, devenus des dragons sans tête, se dispersèrent aux quatre vents comme un vol d'oiseaux. Ma grand-mère, accompagnée de ma mère encore enfant, alla en habit de deuil récupérer le corps qui fut enterré. Après s'être prosternées devant le tombeau et avoir brûlé de l'argent votif, elles disaient adieu au mort lorsque vint à passer un jeune professeur qui se promenait pour profiter du printemps. A leur accent, ils se reconnurent originaires du même endroit. C'est ainsi que le destin a voulu que mon père rencontre sa future femme.

Avant de mourir, ma grand-mère confia sa fille à ce jeune homme rencontré en voyage. Ils se marièrent par la suite et passèrent le reste de leur vie dans les cris et les disputes. Ma mère disait : "On vit, c'est tout. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si on s'aimait." Ils eurent quatre enfants.

Regarder les vieilles photos jaunies et doucement retrouver ses racines est un plaisir commun à la plupart des familles traditionnelles. Nous regrettons qu'il n'y en ait pas de nos parents jeunes ; elles auraient pu témoigner de leurs sentiments d'alors. Il y a quelques portraits, et une seule photo de groupe - avec ma grand-mère, mon père, ma grande soeur et mon grand frère - qui nous est plus précieuse qu'un objet antique.

Pour compenser, Feifei avait pris beaucoup de photos variées et intéressantes durant la Révolution culturelle, malgré la monotonie de l'environnement social d'alors. Empilées, elles auraient atteint un mètre de haut. Quatre-vingts pour cent sont en noir et blanc. Elle a ainsi consigné soigneusement tous les épisodes de notre vie familiale et vingt années y sont ainsi préservées.

Depuis cette rencontre accidentelle au sommet d'une colline du Jiangxi, notre famille était née et avait essaimé aux quatre coins du pays. Feifei était alors sur le point de retourner sur la tombe ancestrale, avant même que nos parents en aient eu l'occasion.

Jour cruel que celui du mois de mai de l'année du dragon. Le télégramme qui m'annonçait la mort de ma sœur aînée dans un accident de voiture en poche, je dis au revoir à ma femme Axia, éplorée. Partant de la ville de Fuling située dans les montagnes de l'est du Sichuan, il me fallut deux jours de transports en commun malcommodes pour rejoindre Mianyang, située à l'ouest. A Chongqing, le bateau eut du retard et je rencontrai par hasard un ami médecin et poète. Déjeunant au restaurant avec lui, je vécus une expérience bizarre : nous nous lancions dans de grandes discussions, j'avais bon appétit, mais il me semblait que ce n'était pas ma bouche qui parlait et mangeait. Une voix me rappelait que je devais être triste, et pourtant je n'y arrivais pas sous le beau soleil printanier. Qu'est-ce qu'un accident de voiture avait à faire avec Feifei, si délicate avec ses dents blanches bien alignées et ses fines fossettes ?

Le soir, je pris un bus et m'endormis. Je me réveillai en pleine nuit, trempé d'une sueur glacée. Le véhicule était bondé, et l'odeur pestilentielle me donnait envie de vomir. Je me penchai contre la vitre avec un haut-le-coeur et fus transpercé par un filet d'air froid. J'avalai une gorgée d'eau fraîche et gémis : "Je suis dans une morgue qui fonce vers l'enfer." Feifei, ses longs cheveux défaits, se tenait derrière la vitre ; vite, je baissai la tête. Plus j'approchais de ma destination et plus je me rendais compte que j'avais peur de voir sa dépouille, bien que l'ayant déjà "vue" dans mon cauchemar.

Quittant la gare de Mianyang, je me rendis directement au n° 87 de la rue Hongxin et traversai la grande cour jusqu'au vieux bâtiment familier, la tête pleine du cadavre de Feifei et comme poussé du bout d'un bâton invisible qui ne me lâcha que lorsque je levai la main pour frapper à la porte.

La porte était ouverte mais, obéissant à une superstition paysanne, je fis semblant de frapper deux fois, et ce n'est qu'en voyant l'air surpris de ma famille que je sortis de mes rêves. "Grande Sœur !" Je fis le tour de la pièce. "Où est Grande Sœur ?"

Personne ne me répondit. Tout était déjà rangé, les rideaux mortuaires entassés dans un coin, et, sur le balcon, des cendres noires, restes de couronnes de fleurs en papier brûlées, s'envolaient dans le vent du soir. Ils étaient tous là, installés dans le salon en rond comme s'ils faisaient partie des meubles, avec, au centre de la pièce, quel effroi !, une urne funéraire.

"Comment se fait-il que tu n'arrives que maintenant ?" me demanda ma petite sœur Xiaofei, sur un ton de reproche.

"On t'a attendu trois jours, renchérit mon beau-frère. Il fait doux, on n'a pas pu attendre plus.

- Feifei est morte les yeux ouverts", soupira notre père.

Je sortis le télégramme et, comme un idiot, restai à réfléchir longtemps avant de réaliser que le télégramme était arrivé avec deux jours de retard !

"Comment est-ce possible ?"

Tout le monde se regardait. J'étais sous le choc et des larmes ruisselaient de mes yeux. Feifei, c'est ton âme dans le ciel qui a retardé le télégramme : tu sais trop bien que ton petit frère a peur de la mort.

Mes oreilles bourdonnaient, puis le sentiment de panique refluant, je défis le noeud rouge et recherchai Feifei dans les cendres.

"Si peu ? m'affligeai-je.

- Tout y est, répliqua mon beau-frère. Je suis resté devant le four du début à la fin, sans même cligner des yeux."

Je ne savais pas où me mettre. Le ruban rouge, comme un feu froid, s'enroulait douloureusement autour de mes doigts.

"Quand j'approcherai de la fin, j'emporterai ta grande sœur et nous rentrerons à Lijiaping, dit mon père. Avec tes grands-parents, on sera ensemble, on ne sera pas isolés dans l'autre monde.

- Grande Sœur devrait être enterrée à Chengdu, objecta Petite Sœur. De son vivant, elle espérait pouvoir revenir à Chengdu.

- Quand on meurt, c'est comme une lampe qui s'éteint, murmurai-je sans savoir pourquoi. Peu importe.

- Comment ça, peu importe ? !" rugit Grand Frère.

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Dans l'empire des ténèbres

  • France : 2013-01-17 (Français)

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