Extraits

— Déshabillez-vous là-bas, ordonna Anne Sheldon sans lever les yeux de son bloc-notes.

Elle pointa son stylo en direction d’une grande caravane.

Mais les bottes fermement plantées dans la poussière ne bougèrent pas d’un centimètre. Le regard de la jeune femme remonta le long du jean délavé et de la chemise en coton bleu qui moulait des épaules musclées. Il s’arrêta sur le visage du cowboy, tanné par le soleil.

— Pouvez-vous répéter, m’dame ?

— Allez-vous changer dans la caravane !

— Je crois qu’il y a un petit problème…

— Encore ! Nous ne sommes ici que depuis trois heures et les catastrophes s’amoncellent. Enfin, je vous écoute ?…

L’homme releva les bords de son stetson en cuir et la jeune femme découvrit deux yeux gris qui l’observaient d’un air passablement amusé.

— J’ai mis ma propriété à votre disposition, mais personne ne m’a prévenu que j’aurais à me promener tout nu…

— Oh ! Vous n’êtes pas acteur !

L’homme enfonça ses mains dans les poches arrière de son jean et toisa Anne, sans vergogne, de la tête aux pieds.

— Effectivement. Je suis le propriétaire des lieux.

La façon dont il la dévisageait déplaisait fortement à la jeune femme, mais elle se garda bien de le montrer. Il lui fallait au plus vite calmer cet homme. Ce n’était que le premier jour du tournage qui devait durer trois semaines. Les Productions Silverton n’apprécieraient guère d’avoir à trouver un autre ranch à la dernière minute.

Anne mit son bloc sous son bras et tendit la main à son interlocuteur.

— Enchantée, monsieur…

— Benedict, m’dame, dit-il d’une voix traînante en lui serrant la main.

Manifestement, cet individu parlait comme un paysan pour se moquer d’elle. Pourtant, elle s’efforça de sourire.

— Anne Sheldon, la responsable de ce chaos organisé !

— Je croyais que les producteurs restaient assis derrière un bureau avec un téléphone.