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"Elle a une voix d'ange, se dit-il. On pourrait écouter une telle voix des heures durant sans jamais s'en lasser."
Afficher en entierHoratio Darcy conduisit sa cousine dans une grande et magnifique pièce dont les fenêtres donnaient sur la Tamise. Cassandra regarda autour d’elle, oubliant l’espace d’un instant ses problèmes pour explorer cet environnement inconnu. Les murs étaient chargés d’étagères remplies d’ouvrages poussiéreux et de piles de documents attachés par des rubans élimés. Plusieurs dizaines de boîtes étaient posées sur les étagères les plus hautes ; sur chacune était inscrit un nom, en microscopiques pattes de mouche à peine lisibles. Un imposant bureau trônait au milieu de la pièce. Mr Darcy lui indiqua une chaise avant de s’installer à son poste, les mains jointes comme en prière.
Afficher en entierLorsqu’ils s’étaient vus pour la première fois, Cassandra était une petite fille en chemise, les cheveux en bataille, le visage maculé. Comparé à elle, Horatio était un grand garçon : ayant huit ans de plus qu’elle, dégingandé et distant, il venait d’entrer à l’école publique. Troisième fils d’un frère cadet, il était traité avec un certain mépris par la grand-mère de Cassandra, la redoutable lady Catherine de Bourgh. Cependant, Cassandra, dotée d’un regard particulièrement affûté pour son jeune âge, avait détecté une étincelle dans l’œil de Horatio, et avait eu le sentiment que les jugements de lady Catherine laissaient son cousin de marbre.
Afficher en entierSi seulement la raison avait joué un plus grand rôle dans ses agissements ces dernières semaines… Malheureusement, dans des cas comme le sien, il était fréquent que cette faculté se volatilise sans crier gare. Cassandra avait beau le savoir – pour en avoir si souvent entendu parler –, elle n’avait jamais imaginé que cela s’appliquerait un jour à elle. Elle, qui tirait tant de fierté de son sang-froid, avait balayé de son chemin toute retenue et tout sens commun. Sa maîtrise avait été son arme contre les contrariétés quotidiennes dont elle faisait les frais à Rosings, et lorsqu’elle en avait eu le plus besoin, cette qualité lui avait fait défaut.
Afficher en entierPar une chaude matinée de mai 1819, deux individus étaient en route vers la même destination : l’Inner Temple. Presque étrangers l’un à l’autre malgré leur lien de sang, ils se trouvaient dans des situations extrêmement différentes.
Cassandra Darcy avait choisi de marcher pour économiser le coût d’un fiacre, car elle ne pouvait se permettre de gaspiller le moindre sou. De plus, bien que jeune et bien née, elle se déplaçait seule, sans servante ni valet pour l’accompagner. La nature l’ayant dotée d’une beauté certaine, elle attirait sur elle une attention considérable dont elle se serait bien passée. Cependant, son regard franc marqué de sourcils droits lui permit de tenir à distance les plus grossiers des Londoniens. Elle était à l’heure ; elle serait même en avance à son rendez-vous.
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