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Tel qu’elle l’avait demandé, on les suspendit sur la route qui liait le désert de Gobi, sur le chemin des grandes caravanes, à Karakorum. À l’étroit dans une cage suspendue à une chaîne et montée sur une potence de bois, ils n’avaient rien à manger, rien à boire. Sur une plaquette de bois, il était gravé « voleurs et assassins » afin que tous les passants puissent savoir qui ils étaient et pourquoi ils étaient là. On pouvait distinguer aussi, nettement gravées sur cette plaquette, les armoiries de Dim, l’éleveur de chevaux respecté, pour que tous sachent à qui on devait cette condamnation publique. Celui qui prendrait le risque de libérer les canailles savait ainsi à qui il devrait rendre des comptes.
Dans leur cage étroite, Ürgo et Li-li se tenaient l’un contre l’autre comme deux oiseaux effarés. Ils comprenaient qu’un long et pénible cauchemar débutait alors pour eux. Déjà, les rayons du soleil se faisaient impitoyables. Et la faim et la soif se mettraient très vite de la partie.
Les fils de Dim, une fois leur besogne accomplie, quittèrent ces lieux austères situés à la croisée des chemins. C’était l’endroit idéal pour être vu. D’ailleurs, d’autres cages étaient suspendues à des potences, contenant d’autres prisonniers dans un état misérable. Partout aux alentours, on pouvait voir et sentir la présence des corbeaux et des charognards qui attendaient patiemment que les captifs, trop faibles et exténués, ne puissent plus se protéger de l’assaut de leurs becs. Chaque condamné finissait ses jours de cette manière atroce et irrémédiable : décharné vivant par les oiseaux.
Un homme resta cependant sur les lieux. C’était le capitaine Souggïs. Il avait vu plus d’une fois ces deux terreurs à l’œuvre. Il savait que c’était une grave erreur que de leur laisser du temps. Car il savait que cette sorcière manipulatrice et ce gros bouffon aussi grotesque que violent arrivaient toujours à se tirer d’affaire.
Il incita Fleur à trotter et à piaffer autour de la cage en faisant de grands cercles et en soulevant la poussière que le vent soufflait entre les barreaux, asphyxiant les deux lascars qui toussaient à pleins poumons.
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