Extraits

« Daniel », chuchotai-je, craignant que ce ne soit encore un rêve.

« Gracie. » Il tendit une main tremblante vers moi.

Je la saisis. Il m'attira contre lui, prit mon menton entre ses mains et nos lèvres se rejoignirent, fusionnant en un baiser farouche - humide de pluie et de larmes. Il m'embrassa comme s'il avait redouté de ne plus jamais pouvoir le faire.

« Est-ce qu'elle est morte ? demanda une voix quelque part à proximité, me tirant d'un profond sommeil.

- Non, fit une autre voix, un peu plus jeune.

- Moi je crois qu'elle est morte. »

Un « mmmmmmm » s'échappa de mes lèvres. [Pourquoi ai-je aussi mal à la cheville ? Et pourquoi mon matelas me fait-il l'effet de lattes de bois ? ]

« Elle est morte, je te dis. Il va être fou furieux.

- Elle vient d'émettre un son et sa .. euh .. poitrine bouge. Elle n'est pas morte, c'est évident.

- Morte, morte, morte. Tu crois qu'il va nous tuer ? C'est ce que Caleb aurait fait. Tu penses qu'on peut choisir le mode d'exécution ? Je n'ai pas envie qu'on me noie. Ça semble tellement atroce quand on voit ça à la télé.

- C'est un loup. Comment veux-tu qu'il te noie ? Il y a plus de chances qu'il t'égorge. De toutes les façons, elle n'est pas morte.

- On dit de toute façon, pas de toutes les façons.

- Quoi ?

- Les garçons », tentai-je d'articuler, mais le seul son que je parvins à émettre fut « Gaaah ». Je m'éclaircis la voix. [Quelle heure peut-il bien être ? ]

« Tu te trompes. On dit de toute façon. En disant “de toutes les façons”, tu as l'air d'un idiot. De toute façon, elle est morte. A quelle vitesse faut-il qu'on coure à ton avis pour arriver au Canda avant qu'il s'en rende compte ?

- Tu es vraiment bête ! »

J'entendis comme une bagarre, suivie d'un cri. J’entrouvris un oeil, juste assez pour voir Ryan tout près de moi en train de cravater Brent. Le reste de ma vision restait flou.

« Arrêtez les gars ! » m'écriai-je.

Ryan lâcha sa victime, et ils se redressèrent instantanément, presque au garde-à-vous, comme des soldats répondant à l'aboiement de leur sergent instructeur. Je ne m'habituerais jamais à la manière dont ils réagissaient à mes ordres. Brent s'inclina vers son camarade et chuchota d'une façon peu discrète :

« Je t'avais bien dit qu'elle était morte. »

Les narines de Ryan se dilatèrent.

« Ça alors ! »

Je m'esclaffai en voyant la tête de Brent. Il n'avait pas son pareil pour exprimer la suffisance. Je ne le connaissais que depuis quelques jours, mais il me faisait rire - et ces temps-ci, j'étais reconnaissante de tout ce qui pourrait m'arracher ne serait-ce qu'un sourire. Mon hilarité se changea en une quinte de toux. Ils se penchèrent sur moi comme s'ils redoutaient que je ne rende l'âme pour de bon.

Je les écartai d'un geste pour reprendre mon souffle.

« Bon, auriez-vous la gentillesse de me dire ce que vous faites dans ma chambre ?

- Génial ! s'exclama Brent. Elle a perdu la tête maintenant. »

Ryan le repoussa.

« Tu n'es pas dans ta chambre, Miss Grace. Quand on t'a raccompagnée hier soir, tu t'es endormie sur la balancelle. On est restés là pour te protéger. Tu te rappelles ? »

-Je t'aime, murmurai-je à mon frêre avant d'extraire la lance.

Je serrai le loup dans mes bras en comptant mes battements de coeur. Trente au total. Jusqu'à ce que le loup se volatilise pour que ce soit le corps de mon frêre que j'etreinge.

C'était un cadeau terrible - la grace barbare. SPOILER : Pour guérire Jude, il a fallut que je le tue. Je pouvais soigner certaines personnes, rendre la vie à d'autres, mais pour d'autres encore - comme Jude -, l'unique don possible était la mort.

Alors que je m'apprêtais à aller réchauffer le tout à la cuisine, je tombai sur Slade qui me bloquait le passage sur le seuil de la salle à manger. Je faillis lâcher l'assiette.

« Il faut que je te parle, dit-il, s’approchant plus près de moi qu'il ne l'avait jamais fait auparavant.

- A quel sujet ? » Je reculai, mais la table m'empêchait d'aller plus loin.

« Pourquoi as-tu fait ça ? » Il m'attrapa le bras sans ménagement, manquant de renverser l'assiette. Les tatouages qui lui couvraient les bras avaient des teintes criardes, comparés à mes bras blancs. « J'ai besoin que tu me dises pourquoi. Je n'y tiens plus.

- Je veux bien mais de quoi parles-tu exactement ? » Je me dégageai d'une secousse.

« Pourquoi m'as-tu sauvé des griffes de cet Akh, à la soirée transe ? Pourquoi tu ne l'as pas laissé me tuer ? »

Je posai l'assiette sur la table.

« Pour quelles raisons l'aurais-je laissé te tuer ? Je n'ai pas envie que tu meures. »

Nous avions perdu Marcos. Ça me paraissait déjà beaucoup.

Slade avala péniblement sa salive.

« Mais je le méritais ! Je méritais de mourir. » Une lueur de confusion passa dans son regard. « J'ai désobéi à l'ordre que tu m'avais donné. Je n'ai pas été capable de t'aider à sauver ton père. De me jeter dans ce feu. Tu aurais dû me punir d'avoir refuser d'y aller. C'est ce que Caleb aurait fait. A la place, tu m'as sauvé la vie. Pourquoi ? Qu'as-tu prévu pour moi ? Quel châtiment peut-on imaginer qui soit pire qu'être tué par un Akh ? Je ne supporte pas de ne pas savoir quand le couperet va tomber. Vas-y maintenant. Qu'on en finisse. Tue-moi ..

- Oh là, oh là, fis-je en posant une main sur sa poitrine. Personne ne va te tuer. Tu en seras même pas puni. Je n'ai rien avoir avec Caleb, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. Daniel non plus. Je comprends que tu n'aies pas pu t’engouffrer dans ce brasier. Tu avais peur. C'est normal. [...] Je comprends, je t'assure. » Le loup dans ma tête m'avait presque empêchée de sauver mon père. Je comprenais la honte et la souffrance que Slade avait dû ressentir, surtout s'il avait rêvé toute sa vie d'être un combattant du feu. « Il n'est pas question que je fasse ça. »

Slade me saisit la main.

« Merci, dit-il en pressant mes doigts. Merci.

- Euh. Y a pas de quoi. »

Que dire d'autre quand quelqu'un vous remercie de ne pas le tuer ? Ce n'est pas le genre de situation qu'on rencontre tous les jours - chez les gens normaux en tout cas.

« Pour une fille aussi minus, tu te poses comme un tas de pierre », m'avait-il dit un jour pour me taquiner, avec un chaleureux sourire qui faisait ressortir ses fossettes.

J'ouvrais mon portable dans l'intention d'envoyer une flopée de textos à Talbot - tout était bon pour attirer son attention - quand il sonna subitement.

C'était Talbot. Le soulagement me troubla tellement que je faillis ne pas répondre à temps.

« Talbot ? m'écriai-je. Dieu merci ..

- Wouah ! Vingt appels manqués ? Et tu oses prétendre que tu ne m'aimes pas ..

Le premier chapitre !

http://www.calameo.com/read/000848282d6f7abf122cd

-Allons-y, dit-il en tendant la main vers la poignée de la portière.

Je posais la main sur son bras.

-Merci.

-De quoi?, il battit des paupières derrière son masque.

-De ne pas avoir suggéré de rester dans la voiture pendant que tu allais régler le problème toi-même.

-On est des partenaires dans tout ça, Grace.

-Tant mieux.

" grace divine, maintenant que tout et fini, une fois les cours terminés, quand tu auras un moment de libre et que tu sera pas occupée a botter les fesses des méchants ni a guérrir des ames infortunées, dit il, envolivant les propos qu'il avait tenu la premiere fois qu'il m'avait demander ma main, accepteras tu de m'epouser?"

"Daniel ôta sa pierre de lune et la glissa autour du cou de mon frère.

«Tu en as plus besoin que moi.

Jude s'y cramponna comme si c'était la chose la plus précieuse au monde.

Je passai mes mains dans ses cheveux en le serrant contre moi, le berçant doucement jusqu'à ce qu'il noue ses bras autour de mon cou.Il posa une main sur la cicatrice que sa morsure avait laissée quand il m'avait transmis la malédiction Urbat.

«Je suis désolé, chuchota-t-il. Je m'en veux tellement, tellement."