Extraits

Louise est un cadeau tombé du ciel. Le déballer demande quelques sacrifices. Mais le résultat, quel qu’il soit, en vaut bien la peine. J’en suis certain.

Mon désir le plus puissant se situe dans ces quelques mots. Nulle part d’autre ailleurs. Je rêve d’entrer en elle. De lui montrer qui je suis… vraiment. Au fond de moi, de mes tripes, de mon cœur. Sans perdre les pédales. En restant sobre face à ma folie dévastatrice. Mes mains l’effleureront sans serrer leur étreinte. Mes yeux l’admireront sans lui faire peur. Mon corps épousera le sien sans partir dans un trip incontrôlable. 

Je demeurerai maître de mes émotions, de mes pulsions. Je serai Elias, le vrai.

Réfléchis, mec. Réfléchis. Une fille que l'on vire de sa propre baraque, et qui, dans le meilleur des cas, s'exile chez son ex, de quoi aura-t-elle besoin en priorité ?

D'attentions.

Quelle définition l'homme avec un petit « h » donne-t-il à ce mot ?

De la baise.

Ce looser vit ses dernières heures. S'il n'allume pas une putain d'ampoule dans les cinq minutes à venir, je me pointe chez lui, les poings prêts à l'emploi. Il risque de prendre pour toute cette haine que je canalise depuis la venue de Jamie.

Il risque de crever de… trouille.

Ou pas si ce bruit inattendu est bien celui auquel je pense. J'ai espéré l'entendre depuis son départ que je crains de l'imaginer. Je tends l'oreille, sceptique.

Un trousseau est posé sur le meuble d'entrée. Le cliquetis de l'impact ne trompe pas. J'aimerais qu'elle monte, mais elle semble élire domicile au rez-de-chaussée. Je n'ai jamais appris à faire le premier pas. Du moins, plus depuis que la célébrité m'a poussé sous les feux des projecteurs. À partir de ce jour-là, on réfléchissait pour moi, on anticipait mes désirs, mes besoins, mes envies. Mon cerveau ne m'appartenait plus. Puis, en taule, cela a été une autre paire de manches.

Je me suis déconnecté.

D'humain, je suis passé à l'état d'animal. Pour ma propre survie, j'ai dû négocier, courber le dos, choisir mes « amis » en fonction de mes ennemis.

Elias est mort.

Celui que mes parents ont adoré et éduqué est mort.

Cet enfant que j'aimais bien est mort.

Un simple casting de figurant pendant l'adolescence, à la croisée des chemins, puis la roue s'est emballée. Les contrats se sont enchaînés, et moi, j'ai perdu pied. Jusqu'à commettre l'irréparable.

Puis…

… jusqu'à elle.

Louise.

Comment un bout de nana peut-il me mettre dans des états pareils ? Me forcer à recoller ces petits bouts de cœur, épars dans ma cage thoracique ?

L'escalier grince, ma poitrine se serre.

Quelques pas sur le palier, l'envie de m'excuser me gagne.

Ma poignée de porte qui bouge doucement, je ne rêve que d'une seule chose.

Oublier le passé, arrêter de craindre le futur. Profiter juste de l'instant présent.