Extraits

— Mais, avant ça, je vais devoir t’apprendre quelques règles.

Mercy se raidit, vexée.

— Je connais la différence entre une fourchette normale et une fourchette à poisson, je te remercie.

Cette insulte ne lui ressemblait pas. La mère de Logan était-elle donc une snobinarde ?

— Non, pas ce genre de règles, la rassura-t-il en riant. C’est plutôt que ma mère risque de te proposer de braquer une banque avec elle. Si ça arrive, refuse. C’est tout ce que je voulais te demander.

— Euh, ta mère braque des banques ?

— Oui, soupirèrent les trois hommes d’une même voix.

Mercy sourit. Elle avait bien envie d’essayer cette nouvelle activité.

— Pas question, assena Logan.

— Je dois bien admettre qu’avant de rencontrer Mercy je commençais à croire que les fées n’existaient que dans les légendes, comme les licornes. (Mercy haussa les sourcils et regarda la présidente.) Attends, ne me dis pas que…

— Si. J’en ai vu de mes propres yeux. Avec leur corne et tout.

Mais pas dans cette dimension, bien sûr.

— Je suis un soldat, pas toi. Je suis entraîné au combat, pas toi. (Il l’embrassa sur la bouche.) Je me bats, pas toi.

— Moi, Tarzan ; toi, Jane, maugréa-t-elle.

— Non.

— Non ? répéta-t-il en haussant les sourcils.

Elle se lécha les lèvres.

— Non. J’ai un choix à faire, Logan. Si je m’unis à toi et que je te donne mes pouvoirs, tu sauveras peut-être le monde. Je peux aussi m’unir à Niall et suivre sa voie. D’une manière ou d’une autre, ce sera à la fois une menace et un espoir pour l’univers. Mais j’en ai assez de me poser des questions. J’en ai assez d’attendre. C’est pour ce soir.

Le sourire indulgent qu’il lui adressa masquait mal la colère que ces mots faisaient naître en lui. Sa fureur était évidente dans l’éclat de ses yeux et dans la tension de ses muscles.

— Tu seras ma compagne, mais quand je le choisirai et selon mes conditions.

Cette réponse ne fit que fortifier la résolution de Mercy. Comprenait-elle vraiment Logan ? Elle n’allait pas tarder à le découvrir. Elle mobilisa autant de puissance de l’univers que possible et se jeta à l’eau.

— Très bien. Puisque tu le prends comme ça, ce sera Niall, donc.

L’air vibra et elle entama le processus de téléportation.

— Non !

— Faites l’amour, pas la guerre ? ironisa-t-il.

Elle rougit à ce sarcasme, qui lui rappelait la nuit passée avec Logan.

— Je t’empêcherai de le tuer, déclara-t-elle sans prendre le temps de réfléchir.

— Tu n’en es pas capable. Tu es forte, je l’admets, mais je suis meilleur que toi. Largement.

C’était vrai. De tous les Faes, Niall était le plus doué pour voyager entre les dimensions.

Niall soupira.

— Tu es tombée amoureuse du démon.

Elle le regarda dans les yeux. En effet, son cœur appartenait à Logan Kyllwood. Elle ne pouvait rien y faire. Son devoir était clair : elle devait faire en sorte que son peuple survive, et pour cela elle avait besoin de Logan.

— Oui.

Logan et elle étaient destinés l’un à l’autre. C’était aussi simple que cela.

— C’est fâcheux, répondit-il sans bouger d’un centimètre.

— Tu fais toujours des cauchemars sur les monstres aux cheveux blancs ?

— Les Cysts, corrigea-t-elle.

Elle avait fait des recherches sur sa tablette en utilisant le mot de passe de son père. « Janie Belle », le surnom qu’il donnait à sa mère. Peut-être ferait-il mieux d’en changer.

— Elle ne bouge pas d’ici, déclara Logan, qui semblait la personne la plus calme de la pièce.

— Je peux savoir pourquoi ? grogna le roi.

Logan leva la main et leur montra la marque qui ornait sa paume. Tous écarquillèrent les yeux.

— La vache, souffla Zane.

— Bon, elle ferait mieux de rester, en effet, constata Dage.

Elle allait le tuer. Cela n’avait plus rien de drôle.

— Très juste. Mais il n’y aura aucune mission, désolé. C’est impossible. Je passais justement te demander d’aller faire ta valise. On part pour Malte, pour notre union.

— Euh, je n’ai jamais accepté, Roi.

Il lui adressa un sourire plein d’arrogance.

— Se faire prier comme ça, c’est bon pour les humaines, Mercy. Tu vaux mieux que ça. (Il se leva et lissa son pantalon.) Quand nous serons ensemble, je tolérerai très mal ce genre d’inepties.

Sur ces mots peu rassurants, il sortit du bureau.