Extraits

Dès qu’elle est apparue, elle a attiré la lumière, ou la lumière émane d’elle, je ne saurais même pas trancher sur ce point. Elle doit faire un mètre soixante-quinze, si on lui enlève ses talons aiguilles, blonde, des cheveux remontés haut sur la nuque et piqués de petits strass, des yeux de chat vert émeraude, des pommettes hautes, un nez fin, parfait, et une bouche à faire pâlir d’envie toutes les femmes ici ce soir.

AXEL

Une silhouette sort de l’ombre, large, impressionnante, et trois autres hommes surgissent autour de moi. Ça sent le traquenard, et à leur mine renfrognée et sombre, ils n’ont rien d’amical !

J’essaie d’analyser rapidement mes chances de m’en sortir, je me sens tel Bradley Cooper dans Limitless, le NZT en moins. Et c’est bien regrettable parce que vu la taille des molosses, j’ai beau être costaud et affûté, si j’en ai un ou deux, je ne ferai pas tomber les quatre, c’est certain !

Pour pimenter un peu cette petite réunion improvisée, chacun d’eux a choisi un accessoire sympathique : l’un s’amuse à secouer une énorme chaîne, un autre joue avec une matraque, sur la main du troisième je vois briller un poing américain, et celui qui me semble être le chef de bande agite la lame d’un couteau de chasse qui ferait pâlir le plus téméraire des commandos d’élite.

Si j’ai peur ?...

– Je me vengerai ! UN JOUR JE ME VENGERAI !

– C’est ça, petit, si tu le dis. En attendant ce jour, mon garçon, pense à manger un peu de soupe. Pour l’instant, tu es loin d’être à la hauteur, et quand je vois ton père, je me dis que si tu es son digne fils, je n’ai vraiment pas de quoi m’inquiéter. Allez, va chercher tes billes, ne viens pas jouer dans la cour des grands !

J’ai regardé cet homme poser sa main noueuse sur ma joue, la tapoter avec un profond mépris et une morgue que j’aurais souhaité lui faire ravaler jusqu’à ce qu’il s’étouffe si j’avais eu ne serait-ce que la moitié de sa carrure. Seulement voilà, je n’avais que 10 ans. Juste 10 ans. Même si ma haine envers lui avait soudain inondé mes veines, jusqu’à faire bouillir la moindre goutte de sang qui pouvait y circuler, j’étais trop jeune, trop frêle. Du caractère, ça, j’en avais déjà à revendre, du culot aussi, mais mes poings n’avaient rien d’impressionnant. De toute façon, j’apprendrai en grandissant qu’il existe bien d’autres armes encore, plus subtiles, plus sournoises... et tellement plus efficaces.

***

C’était il y a vingt-cinq ans. Aujourd’hui je suis fin prêt ! Je me présente : je m’appelle Axel Evans, j’ai 35 ans, je suis informaticien et j’ai créé une société avec l’aide de mon meilleur ami, et de surcroît associé, Clay Rogers. Nous développons des logiciels pour faciliter la vie des entreprises.