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« Un ennemi est aussi utile qu’un Bouddha. » C’est bien cela. Car notre ennemi veille sur nous, il nous empêche de nous laisser aller. En signalant, en divulguant la moindre de nos défaillances, il nous conduit en ligne droite à notre salut, il met tout en œuvre pour que nous ne soyons pas indigne de l’idée qu’il s’est faite de nous. Aussi notre gratitude à son égard devrait-elle être sans bornes.
Afficher en entier"Nous ne courons pas vers la mort, nous fuyons la catastrophe de la naissance, nous nous démenons, rescapés qui essaient de l'oublier. La peur de la mort n'est que la projection dans l'avenir de d'une peur qui remonte à notre premier instant."
Afficher en entierLe malheur d’être incapable d’états neutres, autrement que par la réflexion et l’effort. Ce qu’un idiot obtient d’emblée, il faut qu’on se démène nuit et jour pour y atteindre, et seulement par à-coups !
Afficher en entierCelui qui redoute le ridicule n'ira jamais loin en bien ni en mal, il restera en deçà de ses talents, et alors même qu'il aurait du génie, il serait encore voué à la médiocrité.
Afficher en entier« Il a souffert, donc il a compris. » C’est tout ce qu’on peut dire d’une victime de la maladie, de l’injustice ou de n’importe quelle variété d’infortune. La souffrance n’améliore personne (sauf ceux qui étaient déjà bons), elle est oubliée comme sont oubliées toutes choses, elle n’entre pas dans le « patrimoine de l’humanité », ni ne se conserve d’aucune manière, mais se perd comme tout se perd. Encore une fois, elle ne sert qu’à ouvrir les yeux.
Afficher en entierC'est s'investir d'une supériorité bien abusive que de dire à quelqu'un ce qu'on pense de lui et de ce qu'il fait. La franchise n'est pas compatible avec un sentiment délicat, elle ne l'est même pas avec une exigence éthique
Afficher en entier"Il ne faut pas s'astreindre à une œuvre, il faut seulement dire quelque chose qui puisse se murmurer à l'oreille d'un ivrogne ou d'un mourant."
Afficher en entierSeules réussissent les philosophies et les religions qui nous flattent, que ce soit au nom du progrès ou de l'enfer. Damné ou non, l'homme éprouve un besoin absolu d'être au cœur de tout. C'est même uniquement pour cette raison qu'il est homme, qu'il est devenu homme. Et si un jour, il ne ressentait plus ce besoin, il lui faudrait s'effacer au profit d'un autre animal plus orgueilleux et plus fou.
Afficher en entierLa valeur intrinsèque d'un livre ne dépend pas de l'importance du sujet (sans quoi les théologiens l'emporteraient et de loin) mais de la manière d'aborder l'accidentel et l'insignifiant, de maîtriser l'infime. L'essentiel n'a jamais exigé le moindre talent.
Afficher en entier« Méditez seulement une heure sur l’inexistence du moi et vous vous sentirez un autre homme », disait un jour à un visiteur occidental un bonze de la secte japonaise Kousha. Sans avoir couru les couvents bouddhiques, combien de fois ne me suis-je pas arrêté sur l’irréalité du monde, donc du moi ? Je n’en suis pas devenu un autre homme, non, mais il m’en est resté effectivement ce sentiment que mon moi n’est réel d’aucune façon, et qu’en le perdant je n’ai rien perdu, sauf quelque chose, sauf tout.
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