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— On parle de moi ? Comme c’est charmant ! Eh bien, c’est parfait. Maintenant, tu sais à quoi je passe une partie de mes journées ou de mes soirées. Je n’aurai plus à t’éviter ou à te le dire, puisque tu l’a découvert toute seule. Vous permettez ?

Il traversa la pièce et ouvrit la porte d’un minibar encastré. S’y trouvait un lot de bouteilles et de verres. Il s’en servit un du même breuvage que la veille et l’avala cul sec, puis le remplit à nouveau et se dirigea vers les trois personnes assises qui étaient à l’affût du moindre de ses gestes. Il se laissa tomber sur le sofa à côté du majordome et allongea ses longues jambes, les pieds sur la table basse.

— Quoi ? J’ai soif !

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La communauté ichorienne était soudée. Elle pourvoyait aux besoins de tous ses membres, qu’ils soient immortels ou pas. Elle était si bien organisée que peu de choses étaient laissées au hasard. Les humains y naissant étaient pris en charge depuis leur premier cri jusqu’à leur mort. Personne n’était mis de côté. Il était donc normal qu’Angelyne soit ainsi logée et même payée. Ce n’était cependant pas sans contrepartie, chaque individu donnant de son temps pour le bien de tous. La société des vampires était loin d’être parfaite, mais elle tentait d’être équitable.

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— En quelque sorte… Je ne vous suggère pas de le tuer, vous seriez condamnée pour cela. Mais, parfois, exprimer ce que l’on a sur le cœur ou coller son poing dans la figure, ça soulage. Bon, revenons à nos moutons. J’ai besoin de quelques précisions. Je me doute de ce que cela va vous coûter, mais, pour le procès, il me faut certains détails, notamment tout ce dont vous vous souvenez avant et au moment de votre enlèvement.

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Des heures plus tard, Angelyne se réveilla dans une chambre où elle avait été transférée après son opération. Le chirurgien avait tenté de réparer du mieux qu’il pouvait les dégâts occasionnés par les viols successifs, malheureusement, la jeune fille ne pourrait plus enfanter. Tout ce que Thomas lui avait fait subir n’était pas sans conséquence.

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Chapitre 1

Angie n’avait pas encore vingt ans lorsqu’un matin, débarqua Thomas, un vampire âgé de plusieurs siècles et engendré par Gabriel à la fin du Moyen Âge. Julien et lui étaient donc frères d’ichor, mais, alors que le cadet débordait de vie, l’aîné était plus taciturne. Tout les différenciait : Julien était un charmant jeune homme ténébreux. Angelyne aimait se perdre dans le regard noir de son amant, enfouir ses doigts dans les longues boucles de jais, parcourir sa peau d’albâtre. Il avait toute l’apparence de ce à quoi on s’attend en parlant de « vampire » : beau, jeune et nimbé d’une aura de mystère, alors que Thomas était son total opposé. Transformé alors qu’il était déjà adulte et proche de la trentaine, le frère aîné possédait une épaisse chevelure courte blond cendré, ses prunelles bleu acier se posaient avec distance et froideur sur les gens, ses traits fermes et sévères lui conféraient un aspect austère.

Dès le premier jour, Thomas l’avait terrifiée. Le regard trop appuyé sur ses formes quand ils se rencontrèrent pour la première fois, la manière dont ses yeux l’avaient dénudée pendant qu’ils remontaient le long de ses jambes gainées de bas noirs et juchées sur de hauts talons, la façon dont ils s’étaient attardés sur les courbes de ses hanches et de sa poitrine enserrée dans un bustier de brocard, jusqu’à sa bouche légèrement pulpeuse. Elle aurait voulu retirer sa main quand, pour la saluer, il avait retourné son poignet pour y déposer un baiser sur les veines palpitantes. Percevant ses crocs sur sa peau fine, elle avait tressailli et s’était serrée contre Julien, irrité par l’attitude concupiscente de son aîné.

Puis, le vieux vampire avait saisi son jeune frère dans ses bras :

— Alors ! On ne salue pas son grand frère ?

Lorsqu’Angie rencontrait son regard, elle ne pouvait s’empêcher de frissonner et de ressentir un profond malaise. Quelque chose lui criait de fuir cet individu. Angelyne faisait dès lors tout pour l’éviter. Hélas, le manoir n’était pas suffisamment spacieux pour qu’elle ne le croise jamais quand elle était seule.

Thomas ne lui cachait pas qu’elle lui plaisait. Que du contraire, même. À de nombreuses reprises, il avait eu recours à un langage lourd de sous-entendus à peine voilés. Julien n’appréciait pas, mais son frère le terrorisait, et le jeune homme n’osait défier son aîné pour le remettre à sa place.

Cela faisait des mois que ce petit jeu durait quand la jeune fille, malgré sa peur, repoussa violemment d’une gifle magistrale, les avances de l’immortel qui tentait de la coincer dans le chai. Le regard noir qu’il lui adressa alors la pétrifia, mais ce qu’il fit l'épouvanta. L’empoignant par les cheveux, Thomas amena son visage vers le sien. À quelques centimètres de sa bouche, il lui affirma, les dents serrées par la rage :

— Ne recommence jamais ! Ou tu payeras cher ton audace…

Il la bloqua contre le mur, la tête immobilisée par une poigne de fer, une jambe entre ses cuisses et son autre main la bâillonna tandis qu’il plongeait ses crocs dans son cou. Angie rugit de douleur et de révolte contre la main qui l’empêchait de crier. Elle tenta de se débattre, de le repousser, de le frapper, mais le vampire semblait un roc. Il ne bougea pas d’un pouce et but tout son soûl. Elle sentit son sexe dur au travers de l’étoffe de son pantalon alors qu’il se pressait sans aucune gêne contre elle de manière à ce qu’elle n’ignorât rien de l’urgence de son désir. Thomas retira ses canines de sa chair, lécha la petite plaie et fit couler quelques gouttes de son ichor afin qu’elle cicatrise. Il la maintint contre le mur pendant qu’il lui murmurait à l’oreille tout ce qu’il fantasmait de lui faire.

— Crois-moi, un jour, tu jouiras dans mes bras. Je te ferai rugir, Angie ! Tu seras à moi, rien qu’à moi ! Cette jolie bouche, je la prendrai, je la mordrai et m’en abreuverai jusqu’à l’ivresse. Je te marquerai, tu seras mienne à jamais.

Avant de la relâcher, l’Ichorien plongea son regard dans les yeux pleins de larmes de la jeune fille, prit possession de son esprit et l’endormit. Comme quelqu’un approchait, il la déposa entre deux immenses tonneaux avant de sortir en toute discrétion.

Lorsqu’elle raconta ce qui s’était produit à Julien, celui-ci devint livide. Il demanda des comptes à son frère dès qu’il le trouva. En effet, celui-ci avait fait croire à tout le monde qu’il s’absentait pour la journée. Il lui avait suffi d’attendre le moment propice pour piéger Angie tandis que tous le pensaient en promenade. Il nia tout en bloc.

— Ta copine se fait des films. Que veux-tu que je fasse d’une gamine de vingt ans ? Elle n’a pas la moindre marque, semble-t-il.

Il se retourna vers la jeune humaine et poursuivit, plein de mépris :

— Ma pauvre Angie, cesse de prendre tes désirs pour la réalité. Julien, je crois que tu devrais t’occuper un peu mieux de cette fille… À ta place, je serais vexé que ma petite amie rêve de baiser avec mon propre frère.

Thomas ricana ouvertement à ses propres propos. Non seulement il faisait passer la jeune fille pour une menteuse, mais en plus, il insinuait le doute dans l’esprit de son cadet.

****

Le frère de Julien avait toujours été un manipulateur. Des siècles auparavant, Thomas avait choisi l’immortalité. Ce riche marchand de fourrures s’était lié d’amitié avec Gabriel. Les nombreuses relations du pelletier avec la société bourgeoise et la noblesse lui avaient ouvert bien des portes. Il avait soigneusement dissimulé ses travers, et personne n’aurait imaginé que, sous les traits de cet homme instruit aux goûts raffinés, se cachait un sanguinaire tueur de jeunes gens. Il nourrissait déjà une profonde inclination pour la souffrance et s’y adonnait dès qu’il le pouvait au nez et à la barbe de tous. Ses multiples voyages lui permettaient bien des frasques. L’immortel avait toujours été ainsi. Déjà, enfant, il aimait martyriser les animaux ou les autres enfants, mais la fortune et les connaissances de son père l’avaient protégé des conséquences de ses actes.

****

Quelques jours plus tard, Thomas eut à nouveau l’occasion de se retrouver seul avec la jeune fille. Il était entré dans la bibliothèque tandis qu’elle cherchait un livre de botanique. Les autres immortels étaient occupés à l’extérieur dans le vignoble, le chai ou en ville. Il se précipita sur elle, avant même qu’elle puisse esquisser un mouvement.

— Tu aurais mieux fait de te taire, petit ange.

Thomas l’avait immobilisée contre les lourdes étagères. Sa main libre remonta la courte jupe d’un écossais rouge, palpa la peau douce au-dessus des bas opaques autofixants, écarta la fine dentelle de son slip et introduisit un doigt en elle sans la moindre délicatesse.

— Mmm… Oh ! Que tu es étroite ! Que ce sera bon de te sentir autour de moi.

Angie se débattit comme un beau diable et parvint à se dégager. Elle s’enfuit sous le rire sarcastique de Thomas. Elle alla trouver Gabriel, mais celui-ci refusa d’envisager un seul instant que son fils aîné ait pu s’en prendre à elle.

— Thomas est la droiture même. Il n’est pas homme à faire ce genre de chose. La famille compte beaucoup pour lui. Angie, sois raisonnable. Si tu ne veux plus de Julien, tu devrais te montrer honnête et le lui avouer. Crois-tu que ta confusion quand ton regard croise celui de Thomas lors des repas nous a échappé ?

— Tu crois sérieusement que j’en pince pour Thomas ?

— Oui, je le pense… D’ailleurs, celui-ci m’en a parlé. Écoute, Angie ! Tu es comme ma fille, mais j’apprécierais que tu cesses de te mettre entre mes fils. Ça gêne Thomas… Tu lui plais, c’est un fait. Mais tu es la fiancée de son frère, et il respecte beaucoup trop Julien pour répondre à tes avances. Alors, par pitié, arrête de le harceler !

— Moi, le harceler ? Mais c’est le monde à l’envers ! Enfin, Gabriel, tu me connais depuis toujours… J’aime Julien. Tu penses vraiment que je lui ferais un coup pareil ?

— Écoute, je connais Thomas depuis plus de six cents ans… Il a toute ma confiance.

— Ah ! Je vois…

De dépit, Angie sortie de son bureau en claquant la porte. Elle avait tout raconté à ses parents. Sa mère la croyait, mais tous les ichoriens paraissaient soudainement aveugles. Le retour de Thomas, l’enfant chéri du clan, après des années d’absence, avait eu raison de leurs sentiments envers la jeune mortelle. En effet, Thomas quittait régulièrement le clan pour vagabonder par monts et par vaux, et ce, depuis le début de sa vie d’immortel. Nombreux semblaient ignorer les réelles motivations de ses voyages.

****

Angie frissonna. Elle émergea d’un profond sommeil, l’esprit embrouillé. Elle étendit ses membres engourdis. Sa tête était douloureuse et sa bouche pâteuse. Elle ouvrit les yeux, tenta de regarder autour d’elle, mais rien ne lui permit de se rendre compte où elle se situait tant il faisait noir. Elle fronça les sourcils, elle ne comprenait pas. Habituellement, les volets de sa chambre laissaient toujours filtrer une lueur, même légère, les nuits sans lune. Elle chercha à tâtons sa lampe de chevet qu’elle ne trouva pas. Elle n’était que douleur, ses tempes palpitaient, tandis qu’un pic-vert semblait vouloir entrer dans son crâne. Elle prit sa tête entre ses mains et tenta de réfléchir.

Du sang… Elle se rappela avoir eu du sang plein les mains. Julien, c’était le sang de Julien. Elle hurla à ce souvenir douloureux et éclata en sanglots. Elle se roula en boule en murmurant son nom, le corps secoué par les spasmes du désespoir. Julien était mort. Mais que s’était-il passé ? Elle se souvenait du visage de son amant encadré par de longues boucles noires, de ses prunelles sombres fermées pour l’éternité, lui qui n’aurait pas dû mourir. Plus jamais, elle ne sentirait ses mains fines sur sa peau, le goût de ses lèvres, le parfum de son corps musclé, ses canines effleurer son cou avant de la mordre et de partager le plaisir conjoint qui en découlait. À cet instant, elle aurait tant voulu le rejoindre et s’éteindre à son tour.

Peu à peu, ses idées s’éclaircirent. Elle se souvint de ces yeux bleus et froids qui la terrifiaient. Les souvenirs affluèrent les uns après les autres. Julien, la grand-mère de la jeune fille et elle-même demeuraient au manoir tandis que tous ses habitants s’étaient absentés pour quelques jours. Hélas, au dernier moment, Thomas avait changé son fusil d’épaule et décidé de rester pour une raison qu’elle ignorait. Les deux frères s’étaient battus à cause d’elle. L’aîné, une fois encore, avait tenté d’abuser d’elle. Elle posa la main sur sa gorge et effleura de ses doigts les aspérités laissées par la morsure. Les larmes coulèrent sur ses joues lorsqu’Angie se remémora les derniers événements. Elle se pensait fautive.

Thomas avait usé de ses capacités pour prendre le contrôle de son esprit. La jeune humaine se souvenait du contact des canines du vampire dans son cou, de ses mains sur ses hanches, du plaisir ressenti malgré elle et des cris de fureur de Julien. Son amant les avait surpris tandis que Thomas la tenait fermement contre lui et s’abreuvait. Le jeune homme l’avait giflée, pensant qu’elle était consentante, et s’était enfui pour aller chercher une arme dans le bureau de Gabriel. Angie, sortant de sa torpeur, l’avait suivi pour l’empêcher de commettre une folie. Cependant, le jeune immortel ne l’avait pas écoutée et s’en était pris à son frère. Les deux Ichoriens s’étaient battus devant la porte de sa chambre malgré ses cris désespérés. Julien s’était effondré dans ses bras, un poignard enfoncé dans la poitrine. Elle avait hurlé sa détresse, et puis, c’était le trou noir.

Angie ne se souvenait pas de ce qui s’était produit. Que s’était-il passé par la suite ? Las, son esprit l’entraînait à nouveau peu à peu vers le sommeil. Incapable de lutter, elle sombra dans les ténèbres de l’inconscience.

Angie fit un rêve étrange, complètement incompréhensible : elle tombait dans ce qui lui fit penser à un entonnoir sans fin. Une fois arrivée dans le goulot d’étranglement, elle eut la sensation de glisser le long de ses parois sans pouvoir s’accrocher à quoi que ce soit. Elle suffoquait, l’air lui manquait. Affolée, elle eut beau dresser ses mains devant elle, elle continua de chuter inlassablement… Ses poumons étaient en feu, un goût de sang monta dans sa bouche, ses tempes cognaient, sa poitrine eut un soubresaut, et Angie se réveilla en hurlant.

— Julien !

Quand elle fut complètement éveillée, Angie se rendit compte que les larmes inondaient ses joues. Elle regarda autour d’elle. Cette fois, le noir complet avait été remplacé par une pénombre grise ; la lumière du jour pénétrait faiblement par les interstices de volets roulants électriques. Elle découvrit qu’elle était allongée sur un grand lit à barreaux recouvert de draps bleu nuit. La chambre nue, d’un blanc immaculé, ne possédait pour tout autre mobilier qu’une petite console où était posée une bouteille d’eau. Ses vêtements lui avaient été ôtés, et elle ne portait plus que ses dessous et ses bas autofixants. Son premier réflexe fut de mettre sa main sur son entrejambe et de vérifier qu’aucune substance étrangère ne s’y trouvait. Au moins, personne n’avait abusé d’elle pendant son sommeil. Mais combien de temps était-elle restée assoupie ?

Elle ignorait donc où elle était, quel jour ou quelle heure il était. La jeune fille se leva et se dirigea vers la grande fenêtre, découvrit la commande des volets et les fit remonter. L’endroit où on l’avait emmenée lui était inconnu. Elle était visiblement dans une tour. La vue en contre-bas ne lui était pas familière. Angie ne reconnaissait pas la ville nimbée par les lueurs du petit jour. Rien ne lui rappelait Paris. Les bâtiments étaient trop hauts, trop nombreux…

Une multitude de sentiments l’assaillaient : le chagrin d’avoir perdu Julien dont elle était profondément amoureuse, la colère contre Thomas, et enfin la peur, l’angoisse de se retrouver dans un lieu étranger sans se souvenir de la manière dont elle y était arrivée.

La jeune humaine revint vers le lit, dévissa le bouchon de la bouteille d’eau minérale et but. Le liquide frais apaisa sa gorge irritée. Elle se dirigea vers la première porte, mais constata que celle-ci était verrouillée. Elle secoua la poignée, appela, mais personne ne répondit. La seconde donnait sur des toilettes et une petite salle de bain du même bleu que les draps. Elle retourna à la porte d’entrée et tenta à nouveau de l’ouvrir. Malgré ses cris et les coups répétés contre le battant, personne ne vint. De guerre lasse, elle regagna le lit, grimpa dessus, s’efforça de réfléchir et de rassembler ses pensées confuses.

La douleur de la mort de Julien rendait sa réflexion chaotique. À chaque fois qu’elle pensait à lui, Angie ne pouvait s’empêcher de sangloter. La jeune fille se força à mettre de côté le trop-plein d’émotions. Malgré tous ses efforts, elle ne parvenait qu’à ressasser les derniers événements : Thomas, ses mains froides sur sa peau, ses lèvres sur son cou quand il l’avait clouée contre la porte de sa chambre, la terreur qu’elle éprouvait à chaque fois en sa présence. Les cris de Julien entachaient le moindre de ses souvenirs. Le combat, Julien tombant sur le sol, la gorge tranchée, un poignard dans la poitrine, agonisant dans ses bras… La souffrance dans le regard sombre de son amant, ses lèvres tremblantes contre les siennes tandis qu’il lui murmurait une ultime fois qu’il l’aimait et qu’elle le suppliait de ne pas l’abandonner… Un chuchotement douloureux lui échappa :

— Julien…

Thomas, Thomas avait tué son amour. Mais pourquoi ? Était-ce lui qui l’avait enlevée ? Elle se rappela le regard glacial que le vampire avait posé sur elle, ce sourire carnassier, son esprit pénétrant le sien et son réveil dans cette chambre inconnue, seule et terrifiée.

Bien que plus aucune trace de sang n’apparaisse sur sa peau, Angie se sentait sale. Elle avait constamment la sensation des mains de Thomas, de sa bouche, de ses canines sur elle. Elle ne voulait plus les sentir. Il fallait qu’elle se lave, qu’elle se purifie. Elle se leva, alla aux w.c., prit une douche rapide, retourna sur le lit et serra désespérément son oreiller contre elle.

Craignant le pire, elle garda ses yeux rivés sur la porte. Combien de temps resta-t-elle prostrée dans cette position ? Elle l’ignorait. Mais, soudain, le bruit d’une porte que l’on ouvre la fit sursauter. Elle recula vers le montant du lit, agrippant l’oreiller si fort que les jointures de ses doigts blanchirent. Face à elle, se dressait Thomas, torse nu, ses épais cheveux blond cendré retombant dans son cou. Il la fixa sans aucune douceur, passa une langue rose et humide sur ses lèvres et lui adressa un sourire si affamé qu’Angie eut l’impression que tous les poils de son corps se hérissaient. Elle replia les jambes sous elle, ferma les yeux, priant qu’il ne l’approche pas. Mais quand elle sentit ses doigts frais sur son épaule, elle ouvrit les yeux et le regarda, épouvantée. Le visage du vampire n’était qu’à quelques centimètres du sien, le bleu de ses iris de glace l’observait. Et, soudain, une de ses mains se referma sur sa nuque, empoignant ses cheveux pour basculer sa tête vers l’arrière et l’amener vers la sienne. Dardant son regard sur le sien, il gronda :

— Tu seras à moi, rien qu’à moi.

Sans attendre de réponse, il plaqua ses lèvres sur les siennes et la força à les ouvrir. De sa main libre, il la saisit à la gorge. Dès qu’elle essayait de refermer sa bouche, soit il tirait sur ses longues boucles auburn, soit il resserrait sa prise sur son cou. Il l’embrassa sauvagement, sa langue explora celle de la jeune fille jusqu’en ses moindres recoins. Elle sentit les crocs du vampire dès qu’elle tenta de le mordre. Lui n’hésita pas l’ombre d’un instant. Il planta les dents dans les lèvres charnues, lécha les gouttes écarlates et gémit de plaisir au contact du précieux liquide. Il se frotta contre elle, et c’est horrifiée qu’elle sentit contre son ventre le sexe dur de Thomas au travers de son jean. Quand il la relâcha, il éclata de rire devant la mine effarée de la jeune fille. Le ricanement de la créature cessa brusquement et il lui dit doucement d’un ton où suintait la cruauté :

— Mmm… J’aime que tu me résistes ; cela n’en est plus que appétissant. J’aime la douleur, la terreur que je vois dans tes yeux. Tu feuleras dans mes bras quand je te prendrai. Je vais te faire mal avec délice. Mais, en attendant, tu vas t’habiller et manger.

— Jamais ! Je ne serai jamais à toi ! Tu m’entends ! Jamais ! Jamais ! vociféra-t-elle.

À ces mots, il la saisit par le bras et l’entraîna à sa suite jusqu’à la salle de bain où reposaient des vêtements pliés. Angie tenta de se débattre. Elle tira sur son bras, invectiva le vampire, mais rien n’y fit. Il l’entraîna vers la petite pièce et elle n’eut d’autre choix que de se dévêtir sous ses yeux gourmands pour changer ses dessous. Elle lui tourna le dos pour éviter son regard suivre le moindre de ses gestes. Il était là, dans son dos, elle le sentait. Elle ravala ses larmes et mordit ses lèvres endolories pour ne pas crier. Elle n’osait imaginer quel sort il lui réservait.

Une fois habillée et peignée, Thomas l’emmena jusqu’à une salle de séjour où leur repas les attendait. Elle avait l’estomac si noué qu’elle put à peine manger. Elle gardait les yeux baissés pour ne pas lire dans ceux du vampire ce qu’elle redoutait d’y découvrir. C’est d’une main tremblante qu’elle avala le peu qu’elle put et ne prit pas le temps d’observer les lieux.

Quant à Thomas, il se moquait bien de ce qu’elle pouvait éprouver. Il l’avait convoitée dès le premier regard et se servait, tout simplement. Peu lui importait qu’il ait dû tuer son frère, ce jeune vampire qu’il connaissait à peine, tant cela faisait longtemps qu’il avait quitté le nid douillet du clan de Gabriel. Il se régalait d’avance de tout ce qu’il prévoyait de faire à la jeune fille aux immenses yeux noisette, à la peau légèrement dorée et aux courbes si féminines. Il souhaitait la soumettre, l’entendre le supplier… Pour Angie, il nourrissait de grands projets. Il la voulait pour lui seul. Elle deviendrait sa chose, sa maîtresse, son esclave. Quand il l’aurait brisée, il ferait d’elle une immortelle douce et docile anticipant avec servilité le moindre de ses caprices.

Le repas terminé, le vampire lui fit signe de se lever et lui ordonna de le rejoindre. Angie ne dit mot et resta sur sa chaise, bien décidée à ignorer sa sommation. Malgré sa peur, elle lui répliqua que les membres du clan vengeraient la mort de Julien et viendraient la délivrer. Il l’écouta en silence et, quand elle eut fini ses doléances, il émit un petit rire sadique. Décidément, elle l’amusait. Comme il allait pouvoir jouer avec elle. Et c’est d’un ton qui aurait pu être doux si une pointe de sarcasme ne s’y était pas glissée qu’il lui lança :

— Oh, Angie, tu es si distrayante. Mais personne ne sait que j’ai tué ton petit vampire. Tu oublies que la demeure était déserte, ce jour-là. Personne ne sait où tu es. Gabriel ignore tout de cet appartement… Et ce cher patriarche est un couard. Jamais il ne te portera secours. Si tu penses revêtir une quelconque importance à ses yeux maintenant que cet avorton de Julien est mort, je suis au regret de t’annoncer que tu n’en as plus aucune. S’il avait souhaité faire de toi l’une des nôtres, il y a longtemps que tu aurais bu son ichor. Mais moi, je t’apporterai tout ce que tu désires et as toujours voulu, je l’ai vu dans tes prunelles le jour de notre rencontre.

— Non, gémit-elle.

Il se rapprocha d’elle et, plongeant son regard dans celui de l’humaine, il murmura contre ses lèvres :

— Oh que si…

Il la saisit par le bras, la traîna vers la chambre où elle avait dormi et la jeta sur le lit avant de s’éclipser quelques minutes en prenant bien soin de fermer la porte derrière lui. Il revint les bras chargés de lanières de cuir. Quand Angie le vit, elle sut qu’elle n’allait pas du tout aimer ce qui allait se passer. Elle tenta d’échapper à Thomas, mais, bien plus rapide qu’elle, il n’eut aucun mal à l’attraper. Sa résistance l’amusait. Plus elle s’opposait à lui, plus elle l’excitait.

Lorsqu’il put enfin l’empoigner, il la retourna contre lui et l’embrassa avec une telle sauvagerie que son sang coula à nouveau. Il lécha le fluide écarlate avec délice et la repoussa pour lui arracher sa robe. Elle luttait de toutes ses forces, en vain. Angie se retrouva contre son gré nue, étendue sur le lit, les poignets solidement attachés aux barreaux du lit. Plus elle tirait et plus les liens se resserraient. Elle niait l’évidence avec l’énergie du désespoir, mais, lorsque Thomas commença à se dévêtir et à plier soigneusement ses vêtements avant de les poser sur le sol, il était clair que son corps ne lui appartiendrait plus longtemps. Quand elle reporta son attention sur l’entrejambe de son bourreau, il devint flagrant qu’elle allait souffrir. Angelyne avala difficilement sa salive devant la taille du pénis du vampire. En d’autres circonstances, il aurait pu faire un très agréable amant. Son corps athlétique, son beau visage étaient autant d’invitations au plaisir, cependant, son regard et ses manières démentaient tout le reste. Il grimpa sur le lit et évita les coups de pieds de sa victime. Il aurait pu les attacher également, mais il voulait qu’elle puisse bouger un minimum. Il comptait bien qu’elle se défende. Thomas saisit ses cuisses et les maintint sur le matelas, le temps de se placer entre elles. Il plaqua son torse contre celui d’Angie. Elle se tortillait comme une diablesse, mais rien n’y fit. L’immortel escomptait bel et bien la faire sienne, qu’elle le désire ou non. Peu lui importait.

— Tu sens si bon, murmura Thomas tandis qu’il humait le parfum de ses cheveux.

Il pesait de tout son poids sur elle, implacable. Elle était à sa merci. Ses crocs effleurèrent la veine de son cou, crissèrent sur sa peau. Les larmes perlèrent sur ses cils.

— Non…

Julien aimait déposer des myriades de baisers le long de sa jugulaire, enfouir son visage dans sa chevelure, et ce monstre poussait le vice à agir à l’identique de son cadet. À son corps défendant, elle frémissait sous ses caresses, c’était incontrôlable. Les gestes de Thomas se firent soudain plus durs, beaucoup moins sensuels. Les ongles du vampire laissèrent des traînées rougeâtres sur le corps de la jeune fille, ses dents des marques pendant qu’elle hurlait de rage. Puis, il redevint doux avant d’enfoncer brutalement ses crocs dans sa chair. Elle s’arc-bouta, gémit et les larmes roulèrent sur ses joues sous la souffrance qu’il lui imposait. Les morsures de son amant avaient été si douces… Avec Julien, elle partageait tout, sauf l’ichor de son défunt fiancé.

L’apparition de sang fit grimper l’excitation de Thomas d’un cran. Le feu parcourant ses veines amplifia son envie, sa verge se tendit davantage, et c’est gorgé de désir qu’il la pénétra d’un violent coup de reins. Angie hurla de douleur. Le membre du vampire l’écartela, étroitement serré par la caverne douce de sa proie. Les va-et-vient brutaux la déchirèrent. La jeune femme se mordit les lèvres jusqu’au sang face à la souffrance que l’immortel lui infligeait. Il poussa loin, toujours plus loin. Chaque mouvement du bassin de son violeur la cloua sur le lit. Au début, elle tenta de se rebeller, mais, à chaque fois qu’elle remuait, il s’enfonçait en elle davantage. Thomas n’était pas pressé. Il savait pertinemment que son sexe surdimensionné pouvait faire souffrir, mais il voulait avant tout faire durer son plaisir et il prit tout son temps. Même s’il était loin de se montrer doux, il ne s’acharna pas sur elle. Au contraire, il se réjouit de faire coulisser lentement son phallus tout le long du vagin d’Angie pour la reprendre de plus belle. À chaque fois, elle gémit de douleur pour son plus grand bonheur. Si l’épreuve se révéla une torture pour l’humaine, pour l’Ichorien, ce fut un délice sans nom. Quand, enfin, il jouit en elle, le corps tendu, les canines proéminentes, il gronda de bien-être, pendant qu’Angelyne éclatait en longs sanglots déchirants.

Satisfait, Thomas se retira et s’essuya sur les draps, un petit sourire suffisant au coin des lèvres. Il prit soin de refermer la plaie qu’avaient laissée ses crocs, observa la jeune humaine et fit couler un peu de son ichor sur son sexe meurtri. Il aurait pu l’abandonner ainsi, mais s’il voulait la posséder de nouveau, il savait qu’il devait se préoccuper de la fragile créature. S’il cédait complètement à ses penchants, elle mourrait rapidement, et ce n’était pas son but. Il voulait la posséder, certes, mais surtout la faire sienne pour une longue période et, à cette fin, il lui fallait préserver sa bonne santé.

Le calvaire d’Angie ne faisait que commencer.

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Prologue

Angelyne regardait le paysage défiler, le front appuyé sur la vitre du TGV l’emmenant vers sa nouvelle vie. Elle laissait derrière elle ses souvenirs, les pires comme les meilleurs, surtout les plus sombres. Du moins l’espérait-elle. La jeune fille appréhendait de se retrouver au sein d’un des clans les plus imposants, parmi des étrangers, seule sans sa famille. Plus le terme de son voyage se rapprochait, plus elle se sentait nerveuse.

Après tout ce qu’elle avait traversé, la jeune fille angoissait à l’idée de se trouver dans ce lieu inconnu, perdue au milieu d’un grand nombre d’immortels dont elle savait que la plupart n’étaient même pas d’origine humaine. Elle retenait ses larmes ; une boule à l’estomac l’oppressait. Ses doigts amaigris se crispaient sur le bas de son pull. C’était à peine si elle osait se tourner vers la personne assise à ses côtés.

Angie, comme la plupart des gens la nommaient, avait grandi dans un clan d’une quinzaine de vampires, bien que sa famille fût humaine. Ceux-ci vivaient au sein de ce groupe d’individus hors du commun depuis des temps immémoriaux. La petite communauté occupait un manoir en pleine région champenoise. Cette bâtisse de la fin du XIXe offrait un nid douillet. Entourée d’un parc arboré, on y accédait par un long sentier perdu au milieu des vignes.

La jeune fille, alors âgée de vingt ans, y passa toute son enfance, choyée par ses parents et par tous les membres du clan où les nouveau-nés étaient plutôt l’exception. Son meilleur ami était l’un d’eux. Presque du même âge, les deux enfants avaient évolué ensemble, commis les mêmes bêtises, partagé les mêmes joies. Où l’on apercevait l’un, l’autre n’était jamais loin.

Gabriel, le chef du groupe, un Vampire-Né, avait adopté Julien deux ans avant la naissance de l’humaine. Les parents du bébé le lui confièrent sur leur lit de mort après un malheureux accident de voiture. Gabriel avait une dette de sang envers le père du petit Julien qui lui avait sauvé la vie des années plus tôt. Au nom de celle-ci, il prit le petit garçon sous son aile. La mère lui fit promettre de sauver son fils atteint d’une leucémie. Le vampire n’eut d’autre choix pour honorer sa parole que d’abreuver Julien de son ichor. C’est ainsi qu’il devint un immortel dès son arrivée à maturité.

Très tôt, la petite fille avait compris la différence entre les immortels et les rares humains vivant parmi eux. Angie s’était rendu compte que sa vie n’était pas ordinaire. Elle n’avait rien en commun avec le quotidien des gens du dehors, les homo sapiens comme les nommaient les Ichoriens.

Le commun des mortels n’avait aucune connaissance des vampires, si ce n’était à travers les contes et légendes. Et ces derniers comptaient bien continuer à garder leur existence secrète le temps qu’il faudrait.

Elle échangea un vague sourire avec la femme qui lui faisait face et préféra ignorer son chaperon, une Ichorienne assise à ses côtés. Ainsi, elle partait vers d’autres cieux… Le voyage lui avait fait traverser une bonne partie de la France, depuis Paris jusque dans le sud de la France où l’attendait sa future existence.

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