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En rencontrant le regard glacial du comte de Vaudreuil, Emma sursauta. Depuis combien de temps se tenait-il sur le pas de la porte ? Ses cheveux châtains bouclaient sur sa nuque et, sans sa perruque, son charme s’en trouvait encore accru.
Ma pauvre fille, se fustigea-t-elle, n’as-tu pas des préoccupations plus importantes que de t’extasier devant le physique de cet homme ?
Emma tenta encore de se redresser. Dans le mouvement, les draps glissèrent pour dévoiler au travers du tissu arachnéen de sa robe de nuit les pointes de ses seins. Tristan fixait sa poitrine tout en tentant de reprendre une contenance, mais elle s’était aperçue de son trouble. Elle rougit en découvrant l’indécence de sa tenue et remonta la courtepointe sous son menton.
Afficher en entier« — Emma, je ne vous demande pas de ressembler à Angélique. Restez telle que vous êtes.
Devait-elle assimiler cette déclaration à un compliment ? Elle tenta de scruter l’expression de Tristan, mais déjà il reprenait son travail. Calmée, elle prit appui sur la table en chêne afin de l’observer. La simplicité de sa tenue, une chemise en coton d’un ton beige et une culotte noire bouffante avantageaient sa silhouette. La passion brillait dans ses yeux. Hélas ! Pour ses expérience et non pour elle.
Emma l’imaginait vêtu d’un jean et d’un tee-shirt, ses longs cheveux châtains libres de toute attache. Afin de parfaire à son image d’homme moderne, elle se le représentait avec un tatouage sur le bras et un piercing à l’arcade sourcilière. Elle s’inventa leur vie à deux. Il rentrait du travail, lui, un grand chercheur admiré de tous ses collaborateurs et, elle, un tablier de cuisine noué autour de ses hanches, l’attendait. Elle le jurait, pour lui, elle apprendrait la recette du bœuf bourguignon et du meilleur des clafoutis. La réalité surgit de son esprit. Elle venait de tomber amoureuse d’un homme âgé de trois cents ans de plus qu’elle.
— Partiriez-vous avec moi ?
— Où cela ? s’étonna le comte.
— En 2010, à mon époque.
Surpris par cette proposition, il laissa choir un morceau de sodium qui au contact de l’eau s’embrasa dans l’éprouvette. Une légère explosion les projeta tous deux en arrière. »
Afficher en entier« D’un mouvement brusque, Tristan souleva le menton d’Emma et posa un doigt sur sa bouche.
— Emma, vous prononcez de graves accusations. Si vos suppositions se révèlent exactes, le roi n’hésitera pas à vous faire arrêter afin de sauvegarder la réputation de sa maîtresse. Je vous en prie, n’évoquez plus jamais ce sujet ! J’en mourrais s’il vous arrivait malheur à vous aussi !
Elle se sentit défaillir. Tenait-il à ce point à elle ? Son souffle s’accéléra lorsqu’elle plongea les yeux dans son regard brillant. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour lui offrir ses lèvres. La peur et le doute l’effleurèrent. Et s’il la repoussait ? Au contraire, les mains de Tristan encerclèrent sa taille et il se pencha vers cette bouche si tentante. »
Afficher en entierEmma s'étira et poussa un soupir de soulagement. Quel cauchemar ! Elle se souvenait de chaque moment comme si elle l'avait vécu : la visite de Versailles, la perte de ses élèves, le miroir, la chute et ce réveil brutal dans une époque lointaine. Au prix d'un effort surhumain, elle réussit à soulever ses paupières lourdes de sommeil. Elle jeta un regard affolé autour d'elle en constatant qu'elle ne se trouvait pas dans sa chambre. Elle semblait perdue dans cet immense lit à baldaquin aux tentures d'un bleu clair, aux draps blancs et aux courtepointes ocre. Elle tenta de se lever, mais ses jambes refusèrent de la porter.
- Vous voilà éveillée ! s'exclama une voix joviale et féminine qu'elle reconnut comme celle de Blanche de Vaudreuil.
Non ! Non ! Le cauchemar continue.
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