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" Le monde nous a tout donné et nous avons tout détruit..."
Afficher en entier« Il est temps pour moi de partir, peu importe les risques que je prendrai, San Francisco ma retenu trop longtemps. Je ne menterrerai pas vivant. Cest à lextérieur, dans ce Nouveau Monde anarchique, que je décide de tenter ma chance. »
Afficher en entierJe me redresse sur la banquette en essuyant une goutte de sueur qui dégouline sur ma tempe. La nuit a été fraîche, mais le soleil s’est remis à taper dès le lever du jour. Le préfabriqué ressemble désormais à un four. J’ouvre la fenêtre au-dessus de ma tête pour rafraîchir la pièce. Une brise s’infiltre aussitôt. J’en profite un instant, quand un crissement de pneus attire mon attention à l’extérieur.
Une voiture déboule sur la piste qui mène à l’endroit où je me trouve. Elle termine sa course à une dizaine de mètres seulement du préfabriqué. Je courbe le dos pour me cacher sous la fenêtre et continue d’observer ce qui se passe dehors.
Le conducteur sort le premier. C’est un homme d’une cinquantaine d’années, au crâne dégarni et portant une chemise à carreaux. Il est suivi d’une femme, presque aussi grande que lui. Je me redresse légèrement pour distinguer ceux qui se trouvent à l’arrière du véhicule. Deux enfants dorment sur la banquette. Ils ne doivent pas dépasser les dix ou onze ans.
Qu’est-ce que cette famille est venue foutre dans ce trou ?
Le couple parle un moment près de leur voiture, une carte routière étalée sur le capot. Ils ont l’air totalement paumés. Je crois qu’ils cherchent un moyen de rejoindre une ville pour faire le plein. La femme commence à se plaindre des mauvais choix de son mari et leur conversation dégénère rapidement. Ça me rappelle les voyages en voiture que je faisais avec mes parents.
Soudain, une deuxième voiture suit le chemin emprunté par la première et se gare juste à côté d’elle. Cette fois, deux types en sortent. Ils portent une barbe de taulard et des lunettes de soleil noir. Rien à voir avec la gentille petite famille américaine qui les regarde d’un air effrayé. D’ailleurs, il y a de quoi. Les nouveaux venus semblent les connaître et ne pas les avoir à la bonne.
L’un des deux types s’approche du père pour lui gueuler dessus. Je m’abaisse pour ne pas être repéré. Depuis la banquette, je regarde la porte dans l’attente de voir Thomas la franchir. Mais il ne vient pas.
Tout à coup, le ton monte. Je tente un regard par-dessus le rebord de la fenêtre aux deux mecs qui s’embrouillent avec le couple. Ça se bouscule, jusqu’à ce que l’un des barbus dégaine son arme et abatte le père de sang-froid. Le coup de feu résonne en un écho qui se répercute autour de nous.
Mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine. Des flashs me parasitent. Je reste là, choqué et incapable de bouger. Le cri de la femme me réanime. Elle s’accroupit près de son mari en hurlant de désespoir. Le tireur pointe son arme sur elle et l’abat à son tour d’une balle en pleine tête. Je me réfugie à nouveau sous la fenêtre. D’autres images, des souvenirs, se mêlent au présent et me bousculent.
Il faut que ça s’arrête !
— Qu’est-ce qu’on fait des gosses ?
— Tu les flingues, on ne s’embarrasse pas !
— Non ! je m’écrie avant de plaquer mes mains sur ma bouche.
Des pleurs s’échappent de la voiture. Mais ils sont rapidement étouffés par deux coups de feu, aussi cruels et implacables que les précédents. Et le silence revient à nouveau.
Afficher en entier— Pourquoi tu veux m’aider ? Parce qu’un jour tu as connu mon père ?
— Parce que tu n’as pas l’air d’être un cinglé, Cain, ni un sale type. Et tu n’as pas tort, il y a de ça aussi, j’appréciais beaucoup ton père et je pense pouvoir également apprécier son fils.
Un sourire bienveillant étire ses lèvres. Il a l’air sincère et qu’il ne soit pas cinglé lui non plus lui donne une valeur inestimable dans le monde d’aujourd’hui. Alors peut-être que je suis influencé par son lien avec mon père, que le passé a une incidence sur mon présent et mon avenir, mais ce sera toujours le cas. Des bombes ne suffisent pas à nous faire oublier qui nous sommes et d’où nous venons. D’une certaine manière, mon père a un jour eut confiance en cet homme, alors je vais prendre ça comme son dernier conseil et croire en lui moi aussi.
— D’accord, j’en suis.
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