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Tu n'es pas parano, tu aimes juste être bien préparé. Et puis après tout, même si tu es parano, ça ne veut pas dire que tout le monde ne te veut pas vraiment du mal.
Afficher en entierCe qui te frappe en premier, c’est l’odeur.
L’endroit sent un peu comme un chien qu’on aurait laissé sous la pluie et qui revient se secouer les poils sur ta couette.
Tu ne devrais pas être aussi déçu, mais cela fait un mois que tu t’imagines un cadre exceptionnel. Après tout, dans les autres émissions, les candidats sont hébergés dans des endroits incroyables, non ? Des villas en bord de mer, des manoirs, parfois même des châteaux. Tu n’aurais pas craché sur un loft contemporain rénové avec goût, avec si possible une grande piscine et des parasols pour bronzer sous l’œil des caméras.
Bon.
À la place, tu te retrouves sous la pluie au beau milieu de la nuit, devant un complexe scolaire qui était peut-être joli à l’époque, mais qui ne ressemble plus qu’à une ruine aujourd’hui.
— Il paraît que tout a été dévasté par un incendie il y a plus d’une dizaine d’années, chuchote la candidate à côté de toi, une grande brune, la vingtaine passée.
— Ouais, je me souviens avoir entendu ça aux infos à l’époque, confirme un autre concurrent en triturant sa barbe parfaitement taillée. On raconte que c’est un élève qui a foutu le feu pendant que les autres étaient en cours. Pas mal de jeunes sont morts dans les flammes, d’autres dans la bousculade… Les pompiers ont passé des heures pour tout éteindre.
Tu ne peux réprimer un frisson. Avec la pluie qui trempe tes vêtements et le vent qui joue avec la capuche de ton sweat, tu espères que les autres croiront que c’est dû au froid. Vous allez être enfermés là-dedans ?
— Et personne n’a reconstruit le lycée ?
Afficher en entierChapitre 1
Ce qui te frappe en premier, c’est l’odeur.
L’endroit sent un peu comme un chien qu’on aurait laissé sous la pluie et qui revient se secouer les poils sur ta couette.
Tu ne devrais pas être aussi déçu, mais cela fait un mois que tu t’imagines un cadre exceptionnel. Après tout, dans les autres émissions, les candidats sont hébergés dans des endroits incroyables, non ? Des villas en bord de mer, des manoirs, parfois même des châteaux. Tu n’aurais pas craché sur un loft contemporain rénové avec goût, avec si possible une grande piscine et des parasols pour bronzer sous l’œil des caméras.
Bon.
À la place, tu te retrouves sous la pluie au beau milieu de la nuit, devant un complexe scolaire qui était peut-être joli à l’époque, mais qui ne ressemble plus qu’à une ruine aujourd’hui.
— Il paraît que tout a été dévasté par un incendie il y a plus d’une dizaine d’années, chuchote la candidate à côté de toi, une grande brune, la vingtaine passée.
— Ouais, je me souviens avoir entendu ça aux infos à l’époque, confirme un autre concurrent en triturant sa barbe parfaitement taillée. On raconte que c’est un élève qui a foutu le feu pendant que les autres étaient en cours. Pas mal de jeunes sont morts dans les flammes, d’autres dans la bousculade… Les pompiers ont passé des heures pour tout éteindre.
Tu ne peux réprimer un frisson. Avec la pluie qui trempe tes vêtements et le vent qui joue avec la capuche de ton sweat, tu espères que les autres croiront que c’est dû au froid. Vous allez être enfermés là-dedans ?
— Et personne n’a reconstruit le lycée ?
— Non, t’imagines, après tout ça, les parents ne voulaient plus mettre leurs enfants ici. Surtout que… (Il fait une pause, dévoile ses dents en un sourire inquiétant) personne n’a jamais chopé le mec qui a fait ça. Vous vous rendez compte ?
Tu regardes de nouveau l’école à travers les épais grillages installés par la production. Les mauvaises herbes ont envahi le terrain de foot, plusieurs fenêtres sont brisées et la façade du bâtiment principal s’est effondrée à moitié.
— Adieu, loft cosy, marmonnes-tu.
Ta voisine t’entend et éclate de rire.
— Ah, je ne suis pas la seule à qui ça fait un choc. En même temps, à quoi tu t’attendais ? C’est pas une chaîne classique ni des producteurs classiques. Tu te souviens de la décharge que t’as dû signer ? Ça t’a pas fait flipper ?
Tu te souviens très bien du formulaire, oui. Tu n’as pas lu entièrement les vingt pages en écriture serrée, mais tu as compris le prin01
Ce qui te frappe en premier, c’est l’odeur.
L’endroit sent un peu comme un chien qu’on aurait laissé sous la pluie et qui revient se secouer les poils sur ta couette.
Tu ne devrais pas être aussi déçu, mais cela fait un mois que tu t’imagines un cadre exceptionnel. Après tout, dans les autres émissions, les candidats sont hébergés dans des endroits incroyables, non ? Des villas en bord de mer, des manoirs, parfois même des châteaux. Tu n’aurais pas craché sur un loft contemporain rénové avec goût, avec si possible une grande piscine et des parasols pour bronzer sous l’œil des caméras.
Bon.
À la place, tu te retrouves sous la pluie au beau milieu de la nuit, devant un complexe scolaire qui était peut-être joli à l’époque, mais qui ne ressemble plus qu’à une ruine aujourd’hui.
— Il paraît que tout a été dévasté par un incendie il y a plus d’une dizaine d’années, chuchote la candidate à côté de toi, une grande brune, la vingtaine passée.
— Ouais, je me souviens avoir entendu ça aux infos à l’époque, confirme un autre concurrent en triturant sa barbe parfaitement taillée. On raconte que c’est un élève qui a foutu le feu pendant que les autres étaient en cours. Pas mal de jeunes sont morts dans les flammes, d’autres dans la bousculade… Les pompiers ont passé des heures pour tout éteindre.
Tu ne peux réprimer un frisson. Avec la pluie qui trempe tes vêtements et le vent qui joue avec la capuche de ton sweat, tu espères que les autres croiront que c’est dû au froid. Vous allez être enfermés là-dedans ?
— Et personne n’a reconstruit le lycée ?
— Non, t’imagines, après tout ça, les parents ne voulaient plus mettre leurs enfants ici. Surtout que… (Il fait une pause, dévoile ses dents en un sourire inquiétant) personne n’a jamais chopé le mec qui a fait ça. Vous vous rendez compte ?
Tu regardes de nouveau l’école à travers les épais grillages installés par la production. Les mauvaises herbes ont envahi le terrain de foot, plusieurs fenêtres sont brisées et la façade du bâtiment principal s’est effondrée à moitié.
— Adieu, loft cosy, marmonnes-tu.
Ta voisine t’entend et éclate de rire.
— Ah, je ne suis pas la seule à qui ça fait un choc. En même temps, à quoi tu t’attendais ? C’est pas une chaîne classique ni des producteurs classiques. Tu te souviens de la décharge que t’as dû signer ? Ça t’a pas fait flipper ?
Tu te souviens très bien du formulaire, oui. Tu n’as pas lu entièrement les vingt pages en écriture serrée, mais tu as compris le principal : si jamais il t’arrive quelque chose dans cette aventure, tu renonces à tous tes droits de poursuivre la prod’ en justice.
— Ils essaient juste de nous faire peur, souffles-tu en mettant les mains dans tes poches.
— Et ils y arrivent très bien, réplique ta voisine avec un sourire hésitant. Si j’avais pas autant besoin d’argent, j’aurais jamais accepté.
Eh oui, parce que c’est toujours une question d’argent, pas vrai ? Quand tu as vu cette annonce dans les tréfonds du dark web, ton cœur a fait un bond. Un escape game géant dans un « lieu à vous couper le souffle », six candidats et cent mille euros pour le gagnant ; qui ne signerait pas ?
Tu commences à regretter. Un peu. Vaguement.
Mais bon.
Cent mille euros, quoi.
Soudain, des murmures s’élèvent autour de toi. Les cameramen qui vous filmaient tournent les objectifs de leurs caméras vers la route cabossée qui mène à l’établissement. Elle non plus n’a pas été empruntée depuis longtemps.
Un van s’approche, peint aux couleurs de l’émission. Death Escape. Le nom te paraissait ridicule – il ne te fait plus trop sourire, maintenant.
Le véhicule s’arrête sous une pluie battante, et trois hommes vêtus de masques de smiley pleurant de rire en sortent, comme pour se moquer de vous. Ils ne veulent pas que les spectateurs les reconnaissent… Pourquoi pas ? Mais quand on est producteur, on cherche la renommée, non ?
Décidément, quelque chose ne te plaît pas du tout dans cette histoire. Mais bon.
Cent mille euros, quoi.
L’un des hommes s’approche de vous, et tu pourrais jurer qu’il sourit sous son masque.
— Bonjour, se présente-t-il. Vous pouvez m’appeler Nobody, je suis là pour voir avec vous une dernière fois les règles du jeu. Ensuite, vous pourrez rejoindre vos chambres. Enfin… plutôt le dortoir de l’internat.
Il fait un geste en direction des bâtiments à moitié démolis et ton rêve de manoir s’évanouit pour de bon.
— Rassurez-vous, nous avons entrepris quelques travaux de rénovation. Vous aurez le chauffage et l’eau courante. C’est pas génial ?
Les lourdes grilles de l’établissement s’ouvrent devant vous, et Nobody s’avance dans la cour, les mains dans les poches. Les autres candidats se regardent, puis lui emboîtent le pas en haussant les épaules.
Suis le mouvement et rends-toi en 02.
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