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Prologue (suite)
La peur s’empare de lui. Violente, viscérale. Elle le paralyse. Il reste d’abord scotché sur le pas de la porte, puis Christophe le pousse en avant. Des flammes jaillissent des déchirures dans les murs ; elles s’engouffrent dans le couloir. Partout, des dalles de plafond effondrées et des vitres brisées.
La chaleur explose. Christophe retire sa veste. Desserre sa cravate. Fait sauter deux boutons de sa chemise Armani. Hèle une femme qui passe en courant sous son nez, sans le voir. L’instant d’après, elle a disparu derrière un écran de fumée.
L’angoisse lui noue les tripes. Une cloison tombe près d’eux, les manque de peu. Il pousse un cri rauque, profond, primitif. Pour la première fois, il a une idée de la voix qu'il aura quand il sera un homme…s’il s’en sort évidemment.
Ils remontent le couloir, cramponnés l’un à l’autre. Stoppent leur course devant les ascenseurs. Un embouteillage humain encombre le passage – des hommes et des femmes accrochés à leurs portables – Un gong retentit, les portes s’ouvrent. Il y a un feulement d’air, puis une langue incandescente se déroule sur le palier. Derrière, la cage d’ascenseur n’est plus qu’un puits de feu.
- Les escaliers !
Un échange de regard avec Christophe : ses yeux sont rouges, ses cils saupoudrés d’une pellicule de suie. La poussière dans ses cheveux lui donne dix ans de plus, la terreur dans ses yeux vingt de moins. Un petit garçon effrayé dont les cheveux ont blanchi, sous le choc.
Afficher en entierPrologue
Une explosion.
Il la ressent plus qu’il ne l’entend. Le casque de son baladeur collé à ses oreilles a couvert le fracas. Le choc, pourtant, est effroyable : un coup de poing dans le bâtiment, juste au-dessus de sa tête.
Le sol vibre sous ses pieds. Les murs oscillent autour de lui.
Soudain, une boule de feu jaillit d’un conduit d’aération. Un souffle brûlant le frappe au visage. Dix minutes plus tôt, il ad- mirait encore la vue depuis les fenêtres, et le soleil lui chauffait agréablement la peau. Le jour était clair, limpide. Un riche ciel d’été, à perte de vue.
La chaleur est si forte que les papiers roussissent instanta- nément sur le bureau en chêne. Christophe se précipite sur lui.
Il crie, mais la musique est plus forte que sa voix. Une chanson d’Indochine, J’ai demandé à la lune. D’abord hébété, il finit par retirer son casque.
— … dépêche-toi, il faut pas rester là !
Il a dû se passer six secondes depuis l’explosion. Christophe arrache la porte de ses gonds, le pousse dans le couloir. De la fumée, partout. Des gens allant et venant en tous sens. Et du feu, liquide, qui s’écoule du plafond éventré comme de la lave en fusion.
La peur s’empare de lui. Violente, viscérale. Elle le paralyse.
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